vendredi 8 mars 2024

[Trevanian] Nuit torride en ville

 




Coup de coeur💓

 

Titre : Nuit torride en ville
            (Hot Night In The City)

Auteur : TREVANIAN

Traduction : Fabienne GONDRAND

Parution : 2000 en anglais (Etats-Unis)
                   2024 en français (Gallmeister)

Pages : 448

 

 

 

 

 

 

Présentation de l'éditeur :  

Un festival d’action, d’humour et d’émotion, toujours servi par le point de vue ironique et acéré de Trevanian sur la condition humaine, à travers une succession de personnages inoubliables : un jeune psychopathe qui charme sa victime crédule, deux solides femmes basques qui se disputent un pommier, un vieux forain qui fait l’éducation de son apprenti, la légende d’un Amérindien cherchant à unifier son peuple, un écrivain célèbre qui apprend une vérité dérangeante sur lui-même… Des grandes villes d’Amérique à Paris, de la Terre Sainte à l’Angleterre mythique ou au Pays basque, ce livre est un festin épicé, copieux et finalement délicieux.

Trevanian, l’auteur de Shibumi, La Sanction et L’Été de Katya, possède un talent unique, encensé par des millions de fans dans le monde.

 

 

Le mot de l'éditeur sur l'auteur : 

Écrivain inclassable, échappant à toute catégorisation, Trevanian (1931 - 2005) est autant une légende qu’un mystère. Un auteur sur lequel les rumeurs les plus incroyables ont circulé et qui a attisé la plus folle curiosité du monde littéraire. Un écrivain sans visage dont les livres se sont vendus à plus de cinq millions d’exemplaires et ont été traduits en près de quinze langues sans qu’il ait jamais fait de promotion.

 

 

Avis :

Mystérieusement caché derrière des pseudonymes qui alimentèrent les rumeurs les plus folles, l’auteur américain (1931 – 2005) qui vécut longtemps incognito dans les Pyrénées basques françaises serait peut-être retombé dans l’oubli, malgré ses millions d’exemplaires vendus partout dans le monde par la seule force de son aura légendaire, si la maison Gallmeister n’avait entrepris la réédition progressive de son œuvre, inclassable et protéiforme. Après, dernièrement, le doux-amer roman L’été de Katya, c’est au tour d’un recueil de nouvelles, paru en anglais en 2000, de nous faire partager  le regard incisif et ironique de l’écrivain sur la nature humaine.

Une histoire encadre l’ouvrage, en lui donnant son titre et en l’ouvrant, mais aussi, d’une manière plus originale, en lui servant de clôture avec cette fois un autre dénouement qui en change totalement les perspectives. Illustration de l’idée que « les gens gentils [peuvent] être pires que les méchants, parce qu’il est impossible de lutter contre les gens gentils », la narration se joue à brouiller notre perception du danger quand une pauvre fille malade de solitude rencontre un mauvais garçon tout ce qu’il y a de plus empathique et désarmant. La surprise sera par deux fois au rendez-vous, montrant fort ironiquement qu’il ne faut jamais se fier aux apparences, que l’on soit personnage ou lecteur.

Entre les deux manches de cette partie de colin-maillard opposant traîtreusement ange et démon, l’on sautera des combines d’un vieux forain aux supercheries d’un écrivain dans l’Amérique des années 1930, d’une légende amérindienne que n'aurait pas reniée Jean de La Fontaine et d’un truculent ensorcellement dans une forêt anglaise au temps du roi Arthur aux étonnements contempteurs d’un Ponce Pilate aux prises avec les irrationnelles fièvres messianiques de la Judée, ou encore d’une curieuse scène de drague dans un café de Dallas à un vaudeville mené à fond de train – ou plutôt de calèche – dans les rues de Paris. Le tout ponctué, pour le grand plaisir de nos zygomatiques, de scènes basques résolument satiriques et hilarantes, dénonçant les attaches régionales de l’auteur.

Entre tendresse et acidité, l’ironie s’en donne à coeur joie dans ces pages des plus variées qui pointent toutes quelque travers de la nature humaine, en une série de portraits et de situations si réalistes jusque dans leur fantaisie que l’on en frissonne autant que l’on en rit. Chacune de ces nouvelles est un petit bijou de maîtrise littéraire, à déguster de surprise en surprise. Coup de coeur. (5/5)

 

 

Citations :

Elle se tenait dos à la fenêtre, et un halo étincelant détourait ses cheveux, la laissant sans visage, tandis que la lumière était si vive sur son visage à lui qu’elle brûlait la moindre expression ; elle portait un masque d’ombre ; il portait un masque de lumière.


Comme je partais, elle pressa un nickel dans le creux de ma main. Je protestai que je n’avais rien fait pour le gagner, mais elle replia mes doigts autour, et je partis en songeant à quel point les gens gentils pouvaient être pires que les méchants, parce qu’il est impossible de lutter contre les gens gentils.


L’année prochaine, j’aurais dix ans, et j’avais le sentiment que le passage à un âge à deux chiffres était significatif… la fin de l’enfance, parce qu’une fois qu’on passait à deux chiffres, c’était pour le restant de ses jours. Et autre chose : toute ma vie jusqu’ici avait été en mille neuf cent trente et quelque et mille neuf cent trente avait une sonorité solide et agréable, alors que l’année à venir basculerait vers mille neuf cent quarante. Et ce “quarante” avait un aspect bizarre quand on l’écrivait et faisait une drôle de sensation dans la bouche quand on le prononçait. Tout changeait. J’étais en train de grandir alors que je n’avais pas fini d’être un enfant ! 


Avez-vous remarqué à quel point les aversions et peurs lient les hommes bien plus étroitement que les intérêts et les affections communes ? Quelque chose à voir avec la nature humaine, ce terme fourre-tout qui désigne la bassesse de nos appétits et la pauvreté de nos esprits.


Les adeptes de l’ironie méditeront le fait que la femme de Pilate fut en fin de compte élevée au rang de sainte mineure de l’Église orthodoxe (en raison de son rêve prophétique ?) et que Pilate lui-même est un saint de l’Église copte.


Un vieil adage basque dit : Comme la jeunesse s’estompe, l’on vieillit. Et c’est ce qu’il advint aux deux femmes. Tout d’abord avec discrétion, puis avec une précipitation effrayante, ce qui ressemblait jusqu’alors à une pile inépuisable de lendemains devint un vague petit enchevêtrement d’hiers.

 

 

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