lundi 4 mars 2024

[Montmartin, Yves] Hispaniola 1 - Calixte

 





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Titre : Hispaniola 1 - Calixte

Auteur : Yves MONTMARTIN

Parution :  2024 (Auto-édition)

Pages : 227

 

 

 

 

 

 

 

Présentation de l'éditeur :  

Calixte est un jeune haïtien plein d'espoir en son avenir et en celui de son pays. Alors, il fera tout ce qui est en son pouvoir pour sortir de la cité Simone, le plus grand bidonville de Port-au-Prince, où sa famille tente de survivre. Mais quel est le prix de la liberté en Haïti dans les années 80 ?
L'auteur nous entraine aux côtés de Calixte pour découvrir ce pays aux mille couleurs, aux mots chantants, aux coutumes ancestrales, mais aussi où règnent pauvreté, gangs et dictature impitoyable. Un récit qui allie subtilement roman et faits historiques.

 

 

Un mot sur l'auteur : 

Yves Montmartin est né à Saint-Etienne en 1953. Hispaniola est son onzième ouvrage.

 

 

Avis :

Pour son septième ouvrage en sept ans, l’ancien directeur de la Poste de Saint-Etienne devenu auteur nous transporte en Haïti, avec le premier volet d’un diptyque entre roman et documentaire.

Depuis que le grand-père a dû se résigner à quitter son maigre champ pour tenter sa chance en ville, la famille Fontaine vit encore plus misérablement au coeur de la Cité Simone, le plus grand bidonville poussé à proximité de Port-au-Prince, sur son immense décharge sauvage. Pendant que Toussaint, leur père, trime sur le port pour quelques gourdes quotidiennes – soit quelques grosses moitiés de centimes d’euros – et lorsqu’ils n’accompagnent pas leur mère Olivette dans les corvées d’eau ou, pour moins de gourdes encore, dans quelque emploi à l’emblématique Marché en fer de la capitale, Calixte et sa petite sœur Daniya fréquentent à tour de rôle l’école primaire du Père Céleste, la seule classe ouverte et fonctionnant par roulement.

Calixte est intelligent et motivé. Mais, même avec l’aide du Père Céleste et le parrainage d’un couple français – occasion de reconnaître l’auteur sur l’une des photographies qui agrémentent le livre –, réussira-t-il à échapper à la précarité du bidonville, aux gangs qui rendent le pays aussi dangereux qu’une zone de guerre et à la violence des Tontons Macoutes ? Egrenant joies et tragédies, le parcours romancé du garçon est l’occasion d’une immersion haute en couleur, rythmée par le phrasé créole, dans la vie quotidienne haïtienne des années 1970 et 1980, le tout abondamment complété de notes souvent frappantes retraçant le contexte historique et culturel du pays.

Si ce parti-pris narratif pourra laisser le regret purement littéraire d’une documentation un peu trop scolairement visible et pas assez intégrée au roman – écueil déjà rencontré sous une autre forme dans un livre précédent de l’auteur –, l’on est autant emporté par la plume fluide et concise du versant romanesque que par l’intérêt tout journalistique du reportage qui l’accompagne. Il faut dire que les observations saisissantes ne manquent pas au tableau, à la fois dramatique et pittoresque quand il s’agit respectivement de la situation du pays et de ses particularités culturelles. Et puisque le récit s’achève pour certains personnages mais commence pour d’autres, l’on frémit d’avance de leurs futures épreuves, puisque le second tome verra sans nul doute le terrible tremblement de terre de 2010.

Entre roman et reportage, ce livre court et agréable mêle utilement information et agrément pour un panorama sensible et réaliste du Haïti des Duvalier. (3,5/5)

 

 

Citations :

François Duvalier a exercé une implacable dictature, corruption, répression, exécutions, plus de 2000, rien que pour l’année 1967. Papa Doc a détourné des millions d’aides internationales, en quatorze ans de règne sanglant, il a fait fonction de calamité naturelle plongeant Haïti au dernier rang de la pauvreté en Amérique latine. En 1971, il n’y avait que 80 Km de routes goudronnées, 3000 téléphones, un budget dérisoire sur lequel le président prélevait 10% pour ses frais personnels. 86 % de la population étaient illettrés.

 

 

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