J'ai aimé
Titre : Scenarios urbains
(Trucuri urbane)
Auteur : Laura Francisca PAVEL
Traduction : Gabrielle Danoux
Parution : en roumain en 2022,
en français en 2024 (Nombre 7)
Pages : 92
Présentation de l'éditeur :
Ici l’état de la matière et l’état de l’émotion se superposent.
« Le recueil de poèmes de Laura Francisca Pavel est frais, cosmopolite, un livre-concept, qui joue très finement sur le fil tendu entre l’authenticité du biographe et l’acte d’un curateur que nous pratiquons chacun dans l’autoconstruction/entretien du soi. En particulier, cet ultime jeu d’“esthétisation” de la vie — également problématisé dans les essais de son livre Personnages de théorie, êtres de fiction (2021) — me semble l’idée de force du recueil, qu’elle irise de manière souterraine. Le style, le langage, l’expressivité y sont excellents. » (Alex Goldiș)
« Le recueil de poèmes de Laura Francisca Pavel est frais, cosmopolite, un livre-concept, qui joue très finement sur le fil tendu entre l’authenticité du biographe et l’acte d’un curateur que nous pratiquons chacun dans l’autoconstruction/entretien du soi. En particulier, cet ultime jeu d’“esthétisation” de la vie — également problématisé dans les essais de son livre Personnages de théorie, êtres de fiction (2021) — me semble l’idée de force du recueil, qu’elle irise de manière souterraine. Le style, le langage, l’expressivité y sont excellents. » (Alex Goldiș)
Un mot sur l'auteur :
Née en 1968, Laura Francisca Pavel est l'auteur de plusieurs recueils de poésie récompensés par plusieurs prix en Roumanie, ainsi que de volumes de théorie et de critique littéraire et théâtrale également traduits à l'étranger. Elle est professeur à la Faculté de Théâtre et de Cinéma de l’Université Babeş-Bolyai.
Avis :
Poursuivant sa mission de traduction et de promotion francophone de l’oeuvre poétique roumaine, Gabrielle Danoux nous propose une nouvelle rencontre, cette fois avec Laura Francisca Pavel, auteur d’ouvrages de théorie et de critique littéraire et théâtrale en même temps que de recueils de poésie plusieurs fois primés.En parties successives se faisant l’écho d’étapes et d’influences majeures dans sa vie, l’auteur parvenue à l’âge de la maturité semble recueillir ici l’écume de ses jours, passant ses expériences artistiques mais aussi quotidiennes au crible de sa sensibilité pour une esthétisation poétique où priment sentiments, énergie et rythme. Ce sont d’abord des éclats de mémoire primordiale, ceux de l’enfance et de la jeunesse, qui de leurs pointillés impressionnistes laissent percevoir les origines fondatrices, au coeur de la Roumanie de Ceausescu. Puis, l’esprit rebelle épris de création artistique s’émancipe, s’installe à Amsterdam dans un univers effervescent et cosmopolite. Auparavant, il y aura eu des études littéraires dans une université américaine. Ce pan de vie est celui de rencontres décisives. En émergent une poignée de figures qui ont marqué l’apprentissage de l’auteur, la romancière Djuna Barnes, la philosophe Martha Nussbaum, le théoricien et critique littéraire Stephen Greenblatt, l’artiste Bas Jan Ader disparu en mer au cours de l’une de ses performances centrées sur les effets de la gravité, et un certain Bruno, anonyme compagnon de débats et de réflexion. La suite est plus énigmatique. On y retrouve des impressions artistiques et des ressentis affectifs, l’ensemble suggérant les arrêtes vives d’une personnalité excoriée par la vie, entre sentiment d’absurde vacuité et tranchant parfois cruel d’un esprit libre et passionné.
Elliptiques, formant des reliefs épars que l’on explore à tâtons comme du braille pour trouver l’idée d’ensemble à travers les détails, ces poèmes d’un premier abord hermétique et déroutant s’apprécient dans le lâcher prise et la prise de recul. Alors commencent à s’esquisser quelques images et impressions, tandis que s’affirme peu à peu le goût un peu amer et astringent d’une lucidité rêche et sans illusions. L’on n’ose imaginer le casse-tête que fut sans aucun doute la traduction… (3/5)
Citation :
Quand advient le grand événement
Tu sais bien que ce n’est pas toi qu’il cherche
Non, pas la première personne
Non, pas l’exaltation sur des échasses
Non, pas le destin, non
Il cherche ton acceptation
Et l’absence
de la troisième personne, celle qui sonne faux
et la disponibilité jusqu’à la nausée
Si le grand événement vient
Reste en rang, ne lève pas les yeux,
Ne laisse rien t’échapper
Rassemble, serre le poing
Souffle en vue de l’évaporation
Eteins,
descends.
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