lundi 10 octobre 2022

[McDaniel, Tiffany] L'été où tout a fondu

 



 Coup de coeur 💓💓

 

Titre : L'été où tout a fondu
            (The Summer That Melted
            Everything)

Auteur : Tiffany McDANIEL

Traduction : François HAPPE

Parution : en anglais (Etats-Unis) en 2016
                  en français (Gallmeister) en 2022

Pages : 480

 

 


 

 

Présentation de l'éditeur :  

Été 1984 à Breathed, Ohio. Hanté par la lutte entre le bien et le mal, le procureur Autopsy Bliss publie une annonce dans le journal local : il invite le diable à venir lui rendre visite. Le lendemain, son fils Fielding découvre un jeune garçon à la peau noire et aux yeux d’un vert intense planté devant le tribunal, qui se présente comme le diable en personne. Cet enfant à l’âme meurtrie, heureux d’être enfin le bienvenu quelque part, serait-il vraiment l’incarnation du mal ? Dubitatifs, les adultes le croient en fugue d’une des fermes voisines, et le shérif lance son enquête. Se produisent alors d'étranges événements qui affectent tous les habitants de Breathed, tandis qu’une vague de chaleur infernale frappe la petite ville.

Porté par une écriture incandescente, L’été où tout a fondu raconte la quête d’une innocence perdue et vient confirmer le talent exceptionnel d’une romancière à l’imaginaire flamboyant.

 

Le mot de l'éditeur sur l'auteur : 

Tiffany McDaniel vit dans l’Ohio, où elle est née. Son écriture se nourrit des paysages de collines ondulantes et de forêts luxuriantes de la terre qu’elle connaît. Elle est également poète et plasticienne.
En 2002, elle a dix-sept ans et la découverte de secrets de famille déclenche son envie d’écrire. En 2003, elle achève une première version de Betty, qu’elle envoie à des agents littéraires. Mais c’est seulement en 2017 que le prestigieux éditeur américain Knopf, maison littéraire du groupe Penguin, s’intéresse au roman. Les droits de publication à l’étranger sont cédés dans plusieurs pays, dont la France et l’Angleterre. Betty paraît en 2020. Le livre est un immense succès et remporte de nombreux prix littéraires : Prix du Roman Fnac 2020, Prix America du meilleur roman étranger 2020, Roman étranger préféré des libraires du Palmarès Livres Hebdo 2020, Prix des libraires du Québec 2021, Prix Libr’à Nous 2021 du meilleur roman étranger, Prix 2022 du club des irrésistibles des bibliothèques de Montréal.

L'été où tout a fondu, écrit quelques années après Betty, trouvera un éditeur en moins d’un mois : il s’agit donc du premier roman publié de Tiffany McDaniel, même si c’est le 5e ou 6e dans l’ordre d’écriture.
Tiffany McDaniel a obtenu le titre de Chevalier de l'Ordre des Arts et des Lettres en juillet 2021.

 

Avis : 

Ebranlé dans sa vision manichéenne du monde depuis qu’il a contribué à une terrible erreur judiciaire, le procureur Autopsy Bliss espère s’éclaircir les idées sur les notions du Bien et du Mal en s’y confrontant personnellement. Alors qu’il vient de publier une annonce invitant le diable à venir le rencontrer, se présente un jeune garçon noir aux yeux verts qui prétend incarner le Mal. Pensant plutôt avoir affaire à un banal fugueur, Bliss l’accueille comme un fils en attendant les résultats de l’enquête lancée par le shérif : une hospitalité que ses voisins ne voient pas tous d’un bon œil, surtout lorsque, concomitamment, leur petite ville de l’Ohio se retrouve affectée, à la fois par une vague de chaleur exceptionnelle, et par une série de faits étranges, propres à échauffer davantage encore les esprits...

C’est le fils cadet de Bliss, Fielding, aujourd’hui un vieil homme marginal et insociable, qui raconte tristement cette année 1984, qui, comme celle de George Orwell, devait aliéner les habitants de Breathed jusqu’à leur faire perdre tout bon sens et les placer, marionnettes manipulées par les ficelles de la peur, sous l’emprise d’un Mal d’autant plus pernicieux qu’il se cachait, sans cornes ni pieds fourchus, sous les apparences de la morale. Cet été-là, celui de ses treize ans, scinde à jamais la vie de Fielding entre un avant plein d’insouciance et un après brisé par la violence des hommes. Alors que peu à peu le drame se noue, menant l’univers familial des Bliss à la désintégration, le garçon prend brutalement la mesure de l’intolérance, du racisme et de l’homophobie, qui, sous couvert d’une foi bigote et de principes étroits, empoisonnent une certaine Amérique attachée à ses convictions bien-pensantes.

Premier roman publié de l’auteur, L’été où tout a fondu a pourtant été écrit plusieurs années après Betty, le livre multi-récompensé qui a fait connaître Tiffany McDaniel. Les deux récits se déroulent dans son Ohio natal, au coeur de la « Bible Belt », ce quart sud-est américain caractérisé par la prédominance d’un protestantisme rigoriste et fondamentaliste. Tandis que Betty y dénonce les conséquences du racisme et du sexisme sur l’existence d’une jeune métisse, cette fois l’auteur en met en évidence les racines profondes. Ici le diable se cache au plus secret des convictions religieuses, sous les traits d’un prédicateur vengeur, Elohim – Dieu dans l’Ancien Testament –, qui, au nom d’une morale chrétienne archi-conservatrice et arriérée, fournit aux peurs de ses concitoyens l’éternel bouc émissaire de la différence.
 
Ce récit initiatique, éblouissant de clairvoyance et d’empathie, qui nous parle avec tant de poésie de tolérance, d’indulgence et de compassion au fil d’une tragédie construite sur un très ancien héritage ancré au plus profond de la culture américaine, révèle, bien plus encore que Betty, une grande voix de la littérature états-unienne. Très grand coup de coeur. (5/5) 

Merci à lecteurs.com et aux éditions Gallmeister pour cette superbe découverte.
 

 

Citations : 

(...) c’était une femme des plus étranges dans sa religiosité, une femme qui utilisait la Bible comme un stéthoscope avec lequel elle écoutait battre le pouls du diable dans le monde qui l’entourait.


C’était ainsi que je le voyais. Une vision d’horreur. Je me trompais. J’avais commis une erreur en imaginant des cornes dès que j’avais entendu le mot diable. Savez-vous qu’il y a, dans le Wisconsin, un lac superbe qui s’appelle le Diable ? Dans le Wyoming, une magnifique intrusion rocheuse porte le même nom. De même, il existe une sorte de mante religieuse absolument prodigieuse connue sous le nom de Fleur du Diable. Il y a aussi une fleur, du genre crocosmia, qu’on appelle communément Lucifer.  
Pourquoi, entendant le mot diable, n’avais-je pensé à rien d’autre qu’à un monstre hideux ? Pourquoi n’avais-je pas vu un lac ? Une fleur poussant au bord de ce lac ? Une mante religieuse en haut d’un rocher ?  
Quelle erreur stupide que de s’attendre uniquement à la Bête immonde, parce que parfois, oui, parfois, c’est au tour de la fleur de porter ce nom.


Quand vous n’avez personne de qui vous soucier, ni personne qui se soucie de vous, essayer d’améliorer vos conditions de vie est une perte de temps.


Quand j’y pense aujourd’hui, ce qui s’impose à mon esprit, c’est tout ce qui faisait qu’il n’était pas le diable à cet instant. Le diable aurait brisé le cou d’un chien, il ne l’aurait pas niché au creux du sien. Le diable aurait eu une bouche comme un coffret plein de couteaux, pas une bouche capable de tenir des marshmallows entre ses dents sans les déformer. Je pense à tous les diables que j’ai connus au cours de ma longue existence. Je sais maintenant que les innocents ont une vie plutôt brève et que les méchants perdurent.


— Tu sais d’où vient le mot enfer ? (Il a croisé les mains sur ses genoux.) Après ma chute, j’ai pas arrêté de me répéter, Dieu va me pardonner, Il ne me laissera pas enfermé là. Dieu va me pardonner, Il ne me laissera pas enfermé là. Après des siècles passés à répéter ça, j’ai commencé à raccourcir ce refrain. Il ne me laissera pas enfermé. Et peu à peu, ça a fini par donner, pas enfermé. Pas enfermé.  
“Quelque part en route, j’ai perdu le pas et la dernière syllabe, et c’est devenu enfer. Mais, cachée dans ce seul mot, il y a encore toute la phrase, Dieu va me pardonner, Il ne me laissera pas enfermé là. Dieu va me pardonner, Il ne me laissera pas enfermé là. C’est ça, qui est derrière ma porte, vous comprenez ? Un monde sans pardon, et donc sans espoir.


J’avais vu des photographies de Fedelia prises longtemps avant l’infidélité de Scranton. Toute cette beauté et toute cette vie. Quel dommage qu’elle ne se soit pas vaccinée contre la maladie qu’était Scranton. À cause de lui et de la colère à laquelle elle s’accrochait, ses traits s’étaient affaissés jusqu’à l’os, créant des cavités et des ombres. Lui donnant un visage plus fin que son corps où le poids s’était accumulé dans l’abdomen, les hanches et les cuisses. Elle mangeait le réconfort qu’elle ne pouvait trouver ailleurs. Le capitonnage s’empilait sur elle comme une protection contre les rugosités de la vie. Et dans la mesure où elle portait des vêtements trop grands pour elle, elle paraissait encore plus grosse. Cette femme vêtue de sacs informes se maquillait outrageusement, comme pour se déguiser, parce qu’elle refusait de sortir dans le monde le visage à découvert, de peur d’être vue. De peur de se voir elle-même.


Il a montré le revolver.  
— Qu’est-ce que tu veux faire avec ça ? Sal ?  
— Elle est mourante, alors c’est pas comme si on la tuait. C’est ce qu’il faut faire.  
— Non, ai-je crié en me jetant sur le corps agité de soubresauts. Ça va aller. Il faut juste qu’elle vomisse. Ouais, c’est ça, faut qu’elle vomisse le poison.  
Je ne savais pas trop comment faire vomir un chien, alors j’ai commencé à lui pincer la gorge. J’avais la main couverte de salive gluante. Plus bas, je lui ai massé le ventre, la suppliant de vomir.  
— Je t’en prie, Granny. Allez, vomis. S’il te plaît.  
Tout ce qu’elle a fait, c’est lever les yeux vers moi, les mêmes yeux qu’elle avait quand elle mendiait des restes, à table. À cet instant, elle mendiait autre chose.  
— Pourquoi la forcer à souffrir alors que tu peux y mettre fin ?  
Il m’a tendu le revolver.  
— Je ne peux pas la tuer, Sal. C’est Granny. C’est comme une vraie grand-mère.  
— Tu ne vas pas la tuer. La mort est déjà en elle. Tu ne vas pas déclencher quelque chose qui n’a pas encore commencé. Si tu attends que Dieu s’en occupe, Il ne le fera pas. Lui, Il ne fait pas ce genre de truc. En la laissant souffrir, tu prends le risque d’être Dieu.  
“Les gens demandent souvent, pourquoi Dieu permet-Il que la souffrance existe ? Pourquoi permet-Il qu’un enfant soit battu ? Qu’une femme pleure ? Qu’un holocauste soit commis ? Qu’un brave chien meure dans de telles souffrances ? La vérité est toute simple : Il veut voir par Lui-même ce que nous allons faire. Il a planté la chandelle, Il a posté le diable à la mèche et maintenant, Il veut voir si nous l’éteignons en soufflant dessus ou bien si nous la laissons brûler jusqu’au bout. Dieu est le plus grand spectateur de la souffrance qui puisse exister.  
“Tu vas attendre, Fielding ? Tu vas attendre pour voir par toi-même ce qui se passe ? Si tu es assez fort pour contempler la souffrance sans mettre fin à la douleur, alors tu n’as pas ta place parmi les hommes, Fielding. Tu entames une carrière de spectateur. Tu es un dieu en formation.


J’aurais voulu qu’il soit avec une fille. Grand avec une fille ne m’aurait pas fait peur. Nous avions été élevés, non pas religieusement, mais dans la connaissance de la Bible. Je savais que la Bible dit tu ne coucheras pas avec un homme si tu en es un toi-même. Je n’avais pas la sagesse suffisante pour savoir que Dieu est plus grand que la Bible. À treize ans, il me restait encore à comprendre cela, non seulement pour le bien de Grand, mais aussi pour mon propre bien.


Je n’étais pas prêt à perdre l’image rêvée que je me faisais de mon frère, parce que, comme le disait son nom, il était grand. Il était ce que j’avais connu de plus grand. Et pourtant, je ne le connaissais pas du tout. J’avais toujours cru qu’il était le mâle américain type, et là, je découvrais qu’il m’était complètement étranger. C’est à ce moment-là que j’ai compris qu’il nous disait sans cesse qu’il était gay, chaque fois qu’il parlait russe. Pas à cause de la langue russe elle-même. Cela aurait pu être n’importe quelle langue, parce que être gay, c’est être ce qui est étranger. Il avait l’impression qu’être gay était quelque chose qui ne parlait pas anglais, et il ne comprenait pas cette langue étrangère. Personne de sa connaissance ne parlait cette langue couramment. Il essayait de la parler, de l’apprendre, de la comprendre, mais être gay, c’était avoir le sentiment de ne pas être chez soi, où tous les garçons enlaçaient des filles, les embrassaient et faisaient l’amour avec elles parce qu’ils en avaient envie.


Vieillir n’a pas été un cadeau. Mes membres et mes articulations, si souples et flexibles autrefois, sont désormais aussi raides que des épaisseurs de carton agrafées ensemble. Avant, j’étais grand, comme tout le monde dans la famille, mais l’arthrose est un démon qui vous courbe en deux, et par là même, vous raccourcit. Le plus terrible, toutefois, c’est la douleur qui vous pénètre et qui colle comme une pâte liquide empoisonnée que l’on verserait sous la peau, où elle s’accumule en formant des ganglions et des nodules qui vous élancent comme le battement de cœur du tonnerre.
Ce sont mes mains qui me font le plus souffrir. Vous voulez savoir de quelle douleur il s’agit ? Suspendez un morceau de bois et donnez des coups de poings dedans du matin au soir. Voyez les tuméfactions sur vos phalanges, comme des pelotes de fil de fer bien serrées. La douleur est la plus intime de nos rencontres. Elle vit à l’intérieur de nous et touche tout ce qui fait ce que nous sommes. Elle s’attaque à vos os, elle règne sur vos muscles, elle capte toutes vos forces et vous ne les revoyez plus jamais. Le grand talent de la douleur réside dans la façon qu’elle a de vous toucher. C’est aussi en cela que consiste sa grande cruauté.


Tout amour conduit au cannibalisme. Je le sais à présent. Tôt ou tard, notre cœur finit, sinon par dévorer l’objet de notre affection, tout au moins par nous dévorer nous-mêmes. Les dents sont le miracle du cœur. Qu’une bouche puisse surgir de cet organe sans gorge et avoir faim de la chair de quelqu’un d’autre, du cœur de quelqu’un d’autre, n’est rien de moins qu’un miracle.  
Tomber amoureux est la plus belle aventure de notre espèce, et lorsque l’amour, commençant à bourgeonner, s’enroule délicieusement autour de notre âme, nous cédons aux crocs du cœur et prions – oui, nous prions – devant l’infini pour que tout amour puisse avoir sa chance, sa propre part de miracle. Pourtant, les miracles semblent ne pas être de mise lorsque les amants sont jeunes, comme s’il y avait, dans leur jeunesse même, une prophétie presque inéluctable.  
Peut-être le malheur des jeunes gens amoureux n’est-il dû qu’à certains fragments de Roméo et Juliette que nous a laissés Shakespeare, à moins que ce ne soit en fait une volonté du destin que jeunesse et amour se consument au contact l’un de l’autre. Que chante le chœur grec, déjà ? Quelque chose comme « Les jeunes amants sont prétextes à tragédie. »


C’était un garçon qu’il y avait chez nous. Simplement, il n’était pas encore prêt à le dire. Et peut-être qu’il avait peur. Je veux dire, c’était le diable qui avait été invité, au début. Alors, peut-être qu’il craignait qu’être le diable ne soit la seule façon pour lui de rester.
Être le diable faisait de lui une cible, mais cela lui donnait aussi un pouvoir qu’il n’avait pas en tant que simple garçon. Les gens le regardaient, ils écoutaient ce qu’il disait. Être le diable faisait de lui quelqu’un d’important. Le rendait visible. Et n’y a-t-il pas là quelque chose de particulièrement tragique ? Qu’un garçon doive être le diable pour prendre de l’importance ?


La folie. Un violon qui nous accompagne partout lorsqu’elle est dans notre tête, un chaos absurde lorsqu’elle est à l’extérieur de nous. En fin de compte, n’est-ce pas cela, la folie ? La clarté pour celui qui voit à travers elle, l’aberration pour le monde qui en est témoin.


“C’est de 1984 qu’il est question. L’année où, selon George Orwell, on parviendrait à nous convaincre que deux et deux font cinq. Dans son roman, il a démontré que l’esprit humain peut être contrôlé. Dans la réalité, ces gens ont démontré exactement la même chose.  
“Ce que ces malheureux recherchaient désespérément, c’était une lumière. Mais le problème avec la lumière, c’est qu’elle a toujours la même apparence quand on est dans le noir, et on est incapable de dire si l’énergie qui la fait briller est bonne ou mauvaise, parce que cette lumière vous aveugle et vous empêche de voir sa source. Tout ce que vous savez, c’est qu’elle vous sauve des ténèbres. C’est tout ce que savaient les adeptes d’Elohim. Ils étaient plongés dans les ténèbres de leur douleur personnelle, et voilà qu’apparaît cet Elohim, qui brille d’une lumière si vive.  
“Ils ont tendu la main vers cette lumière, et pendant qu’elle détournait leur attention, pendant qu’elle leur procurait un faux réconfort, la sinistre puissance qui l’alimentait accomplissait son œuvre, et avant que l’un ou l’autre d’entre eux ait pu s’en apercevoir, cette lumière ne s’employait plus à les sauver, elle s’employait à les changer. À les contrôler. Cette lumière qui les contrôlait, c’était Grayson Elohim.


Pourquoi as-tu fait ça, Papa ? Pourquoi as-tu invité le diable ?   
Il m’a regardé comme s’il avait oublié qui j’étais. Et de ce fait, je n’ai pas su non plus si c’était bien moi. S’il restait suffisamment de moi pour faire un fils. S’il restait suffisamment de lui pour faire un père. Ou si nous n’étions plus que deux flammes qui n’avaient plus suffisamment d’amour pour être autre chose que de simples souvenirs de la brûlure.


“C’est ça que je voulais faire. Je voulais tester la validité de certaines choses que l’on affirme. Je voulais faire la connaissance du diable et grâce à cette rencontre, je pourrais savoir avec certitude si je l’avais déjà eu en face de moi au tribunal, parmi ces hommes et ces femmes que j’avais fait envoyer en prison. Et si c’était le cas, alors j’aurais fait un peu de bien dans ce monde, finalement. J’aurais eu raison, et peut-être qu’avec toutes les fois où j’aurais eu raison, j’aurais pu compenser cette injustice que j’ai commise en envoyant un homme innocent en prison, et par là même, à la mort.  
“J’avais totalement foi en ce que je faisais. J’étais tellement sûr de ce qui était mal et de ce qui était bien. Mais Sal est arrivé, et la panthère ne mangeait que de la salade, et le diable…, eh bien, il s’est avéré que c’était le seul ange parmi nous. Et je suis perdu. À présent, je suis perdu, Fielding. Qu’est-ce qui est bien et qu’est-ce qui est mal ? (D’un geste las, il a levé les bras au ciel.) Je ne sais pas. Je ne sais plus. J’ai perdu toute ma foi.


(…) défendre le diable, ça veut dire défendre ce qu’il peut y avoir de bien dans le mal.

 

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