dimanche 19 mai 2019

[Lunde, Maja] Bleue





J'ai moyennement aimé

 

Titre : Bleue (Blå)

Auteur : Maja LUNDE

Traductrice : Marina HEIDE

Parution : 2017 en norvégien (Aschebourg & Co)
                2019 en français (Presses de la Cité)

Pages : 360






 

 

 

Présentation de l'éditeur :   

Norvège, 2017. Depuis son plus jeune âge, Signe a fait passer l’écologie avant tout. Ainsi a-t-elle préféré renoncer à Magnus, dont elle ne partageait pas les idées. Aujourd’hui, elle vit sur un bateau amarré dans un fjord, au plus près de l’eau.  Et c’est pour sauver l’eau qu’elle décide à soixante-sept ans d’entreprendre un dernier périple en mer, lorsqu’elle apprend qu’une opération commerciale, autorisée jadis par Magnus, menace son glacier natal. L’heure est venue pour Signe d’affronter son grand amour perdu. Pour cela, elle doit prendre la direction du sud de la France…

France, 2041. La guerre de l’eau bat son plein. Avec Lou, sa fille aînée, David a fui les Pyrénées ravagées par la sécheresse pour retrouver sa femme et leur bébé, dont il a été séparé. Mais les réfugiés climatiques sont bloqués à la frontière, et les ressources commencent à manquer. Un jour, à des kilomètres de la côte, David et Lou trouvent un voilier au beau milieu d’un champ desséché : le bateau de Signe…


Une intrigue sophistiquée et palpitante, au service d’une fable dystopique plus nécessaire que jamais.
 

 

 

Le mot de l'éditeur sur l'auteur :

Née en 1975 à Oslo, Maja Lunde a écrit des scénarios et des livres pour la jeunesse avant de se lancer dans la rédaction d’Une histoire des abeilles, son premier roman pour adultes, best-seller traduit en plus de trente langues, et succès de la rentrée littéraire française 2017. Bleue est son deuxième roman à paraître aux Presses de la Cité.

 

 

Avis :

Merci à Babelio et aux Presses de la Cité pour m'avoir fait découvrir ce livre dans le cadre de la Masse Critique Privilégiée.

La Norvégienne Signe vit sur son bateau. Militante écologique aujourd’hui septuagénaire, elle a consacré toute sa vie à lutter, sans grand succès, pour la défense de la planète. Lorsque le glacier qui surplombe son village natal, déjà bien rétréci par le réchauffement climatique, est condamné à une disparition accélérée en raison de son exploitation industrielle, elle choisit aussitôt la confrontation avec l’entrepreneur responsable, établi dans le sud de la France, et qui n’est autre que son amour de jeunesse.

Près de vingt-cinq ans plus tard, en 2041, les prévisions les plus alarmistes sont devenues réalité : les déserts ont gagné du terrain, les populations des pays du sud meurent de soif et tentent de migrer en masse vers les « pays de l’eau », qui ont fermé leurs frontières. Ainsi, David et sa petite fille Lou, chassés d’Argelès par des incendies meurtriers, sans nouvelles du restant de leur famille, ont trouvé provisoirement asile dans un camp de réfugiés, où tout ne tarde pas à manquer. A faible distance du camp, le père et la fille tombent par hasard sur le bateau de Signe, échoué à l’intérieur des terres après l’assèchement du Canal du Midi.

Cette fable dystopique met en scène un sujet d’actualité : l’indifférence des uns, l’impuissance des autres, face aux bouleversements climatiques liés à l’activité humaine. Elle nous confronte directement aux conséquences dramatiques de notre absence de réaction, mettant en scène le manque d’eau croissant dans certaines régions, les déplacements subséquents de populations, et les conflits internationaux en résultant.

L’histoire relatée ne manque pas d’un certain réalisme. Il faut saluer les efforts de documentation de l’auteur grâce auxquels le récit ne verse jamais dans le ridicule ni l’approximation, qu’il s’agisse d’évoquer la pratique de la voile et l’expérience de la mer, ou encore une usine de désalinisation. L’intrigue est elle-même bien ficelée, et même si les grands contours de l’issue se dessinent assez facilement avant la fin, certains détails du dénouement ont néanmoins réussi à me surprendre.

Pourtant, ces qualités n’ont pas suffit a m’épargner l’ennui, progressivement mais inexorablement apparu au fil de l’alternance des deux récits entrecroisés : la faute au manque d’épaisseur des personnages, à la platitude de leurs dialogues, et à l’absence de style de l’écriture, qui empêchent le roman de réellement décoller et de sortir du lot. Manque également à mon sens davantage de présence de la nature elle-même, sur un thème qui appelait quelques jolis passages contemplatifs.

Au final, Bleue est un roman sans prétention et empreint de bonnes intentions, pour un gentil moment de détente qui ne laissera pas de souvenir impérissable. (2/5)

 

 

Le coin des curieux :

Bleue m'a fait découvrir qu’il existe des moules perlières d’eau douce. Enfin, peut-être plus pour très longtemps, car cette espèce protégée est en voie d’extinction...

Elle s’appelle Margaritifera margaritifera, ou mulette perlière. Elle habite les rivières claires d’Europe, de Russie, du Canada et de l’Est des Etats-Unis, et fait preuve d’une longévité exceptionnelle puisqu’elle peut vivre jusqu’à 150 ans. Durant son cycle de développement, la larve de la moule perlière doit, pendant plusieurs mois, parasiter les branchies d’un saumon ou d’une truite – aucune autre espèce de poisson ne lui convient -, qui la nourrit et la transporte. Hôte et parasite entretiennent alors des interactions favorables réciproques.

La moule d’eau douce a été exploitée jusqu’au milieu du 20e siècle pour la production de perles utilisées en joaillerie, avant d’être supplantée par l’huître perlière tropicale, à la production plus grosse et plus régulière. Seulement une moule sur mille produirait une perle, souvent de forme irrégulière…

Lors du baptême de son fils, Marie de Médicis aurait porté une robe brodée de 32 000 perles de Margaritifera margaritifera, au prix donc du sacrifice de 32 millions de ces mollusques.

Au 19e siècle, la moule perlière abondait encore, par exemple en Bretagne : à Pont-Aven, la rivière était « pavée » de mulettes, les paysans en bêchaient le fond à la saison avec des pelles. Chacun pouvait en ramasser jusqu’à 10 000 par an, dont la chair et les coquilles étaient simplement abandonnées sur les berges, pour le grand bonheur des loutres et des oiseaux. A Rosporden, cette même activité était l’occasion de « joyeuses parties », qui voyaient les jeunes filles s’improviser pêcheuses et, mi-dévêtues, entrer dans l’eau pour ramasser les moules, les ouvrir aussitôt, et les rejeter ensuite.

Se nourrissant par filtration de particules en suspension dans l’eau des cours d’eau, la moule perlière est très sensible à la pollution aquatique. De nos jours, la pollution des rivières d’une part, la régression du saumon atlantique sauvage d’autre part, mettent en danger la Margaritifera margaritifera, en voie d’extinction imminente. Elle fait l’objet d’un programme de conservation, qui a notamment vu l’inauguration de la première station d’élevage dans le Finistère.

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