J'ai aimé
Titre : Trésor caché
Auteur : Pascal QUIGNARD
Parution : 2025 (Albin Michel)
Pages : 304
Présentation de l'éditeur :
Une femme perd son chat. En l’enterrant dans son jardin, elle met au jour un trésor. Elle voyage. Elle rencontre un homme en Italie. En l’espace d’un an, sa vie est entièrement transformée.
« J'avais sept ans. J'ai toujours pressenti qu’une douleur lumineuse me toucherait un jour. Je savais que cette douleur inexplicable proviendrait de cette heure où tout, quand j'étais petite, s’était perdu. Il y avait une sorte de neige à la fin de mon enfance qui tombait en silence. Tout devait sortir du fond du monde comme le soleil sort de la nuit. »
« J'avais sept ans. J'ai toujours pressenti qu’une douleur lumineuse me toucherait un jour. Je savais que cette douleur inexplicable proviendrait de cette heure où tout, quand j'étais petite, s’était perdu. Il y avait une sorte de neige à la fin de mon enfance qui tombait en silence. Tout devait sortir du fond du monde comme le soleil sort de la nuit. »
Le mot de l'éditeur sur l'auteur :
Pascal Quignard est né en 1948 à Verneuil-sur-Avre (France). Il vit à Paris. Il est romancier (Carus,
Le Salon du Wurtemberg, Tous les matins du monde, Terrasse à Rome,
Villa Amalia, Les Solidarités mystérieuses, Les Larmes, Dans ce jardin
qu'on aimait, L’Amour la mer). Il a composé deux ensembles où la fiction est mêlée à la réflexion (Petits traités, 1981-1990, tomes I à VIII ; Dernier royaume, 2002-2023, tomes I à XII).
Avis :
Cela commence comme un conte, se poursuit en une balade méditative et s’achève en une réflexion philosophique sur ce qui fait le prix de nos vies éphémères, entre brefs éclats de beauté et fugitives bribes de bonheur.
Alors qu’elle enterre son chat dans son jardin au bord de l’eau, une femme met au jour un trésor, pièces d’or et bijoux, qui, peu à peu monnayé, lui ouvre l’accès au vaste monde. Quittant comme Ulysse ses pénates, elle voyage, vit un dernier amour à Naples, et déjà se referment les quelques semaines de parenthèse éblouie, entre beautés volcaniques des îles tyrrhéniennes et sauvagerie de l’océan atlantique. En l’espace d’une saison, après le chat c’est le tour de l’amant, du père et de l’ex-mari dont il lui reste une fille : une série de deuils qui, au seuil de la vieillesse et du repli sur soi, dans un espace de plus en plus restreint à la maison et au jardin, font écho à l’abandon premier, celui de la mère, inexpliqué, à ses sept ans.
Tantôt « je », tantôt « elle », parfois « nous », diversité des pronoms et unicité des prénoms, Louise pour elle, Luigi, Ludwig ou Louis pour lui, sont autant de balises signalant l’universalité des personnages et du récit, en vérité ni plus ni moins que le reflet fabuleux et cyclique de la vie, symbolisée par l’omniprésence de l’eau sous toutes ses formes. Malgré le temps qui passe et la vie qui s’efface, ce ne sont ici ni tristesse, ni mélancolie qui l’emportent, mais l’émerveillement d’un chant célébrant la beauté et la fragilité du monde jusque dans ses moindres détails. Poétique et contemplative, la narration s’attache aux plus frêles instants de beauté et de plénitude pour enrichir un vécu où jusqu’à la douleur s’illumine comme un trésor de guerre.
Mieux vaut pour apprécier cette lecture aimer musarder autour de l’instant présent en se laissant porter par le patient plaisir de la contemplation. A défaut, c’est l’ennui qui, d’un tableau à l’autre de notre dame nature, en vient à poindre le nez malgré les ciselures d’une l’écriture somptueuse et les subtilités d’un texte tout en nuances, un rien énigmatique. Un ouvrage de qualité, à découvrir sans hâte, dans un savant clair-obscur entre jouissance de la vie et mélancolie de la perte. (3,5/5)
Alors qu’elle enterre son chat dans son jardin au bord de l’eau, une femme met au jour un trésor, pièces d’or et bijoux, qui, peu à peu monnayé, lui ouvre l’accès au vaste monde. Quittant comme Ulysse ses pénates, elle voyage, vit un dernier amour à Naples, et déjà se referment les quelques semaines de parenthèse éblouie, entre beautés volcaniques des îles tyrrhéniennes et sauvagerie de l’océan atlantique. En l’espace d’une saison, après le chat c’est le tour de l’amant, du père et de l’ex-mari dont il lui reste une fille : une série de deuils qui, au seuil de la vieillesse et du repli sur soi, dans un espace de plus en plus restreint à la maison et au jardin, font écho à l’abandon premier, celui de la mère, inexpliqué, à ses sept ans.
Tantôt « je », tantôt « elle », parfois « nous », diversité des pronoms et unicité des prénoms, Louise pour elle, Luigi, Ludwig ou Louis pour lui, sont autant de balises signalant l’universalité des personnages et du récit, en vérité ni plus ni moins que le reflet fabuleux et cyclique de la vie, symbolisée par l’omniprésence de l’eau sous toutes ses formes. Malgré le temps qui passe et la vie qui s’efface, ce ne sont ici ni tristesse, ni mélancolie qui l’emportent, mais l’émerveillement d’un chant célébrant la beauté et la fragilité du monde jusque dans ses moindres détails. Poétique et contemplative, la narration s’attache aux plus frêles instants de beauté et de plénitude pour enrichir un vécu où jusqu’à la douleur s’illumine comme un trésor de guerre.
Mieux vaut pour apprécier cette lecture aimer musarder autour de l’instant présent en se laissant porter par le patient plaisir de la contemplation. A défaut, c’est l’ennui qui, d’un tableau à l’autre de notre dame nature, en vient à poindre le nez malgré les ciselures d’une l’écriture somptueuse et les subtilités d’un texte tout en nuances, un rien énigmatique. Un ouvrage de qualité, à découvrir sans hâte, dans un savant clair-obscur entre jouissance de la vie et mélancolie de la perte. (3,5/5)
Citations :
Il n’y a pas que les fleuves qui passent. Tout devient fleuve dès l’instant où on en a de nouveau touché la poussée sans objet et sans but. Trempé sa main dans la poussée sans fin. Les hommes, les chats, les oiseaux, les volières, les musées, les bibliothèques, dès l’instant où on les ressent comme des rivières le long des rives, dès l’instant où on prend conscience d’une étrange détresse des saisons et des âges, ce sont toutes et tous des épaves qui s’en vont. Des bois flottés, des feuilles. De temps à autre des ballons, des bouteilles, des canards qui défilent sous les yeux. J’en ai écouté le murmure, plutôt que la signification. J’en ai vu le départ, la beauté particulière, le mouvement, l’adieu. Il y a toujours tellement plus d’adieux que de desseins ou d’intérêts dans les événements qu’on vit ou dans les situations où l’on se trouve. Quand je réside quelque part, c’est à la fin de la matinée que j’emprunte les ruelles en direction des quais, des berges, des auberges. À Metz comme à Bruges il n’y a que cela : des quais, des canaux, des ponts de pierre, des ponts levants, des bassins. Des bassins dans les parcs. Des cascades. Des fontaines jaillissantes. Des flaques qui se sont faites au milieu des chemins de gravier, des petites fondrières qui se sont creusées ou retenues dans les sentiers de sable. Tout ce qui est rive m’enchante. Tout ce qui est reflet me trouble.
Il y a parfois des amours bloqués dans le silence comme des voyageurs peuvent être bloqués par la neige. Ils n’atteignent pas dimanche. Parfois il faut abandonner la voiture à même la congère. Parfois il faut rebrousser chemin sur la route en lacets, sur la route de montagne qui se révèle trop raide, trop vertigineuse, trop pénible. Parfois il faut rechercher la station d’avant, il faut savoir aller à reculons, où on était heureux.
Même une enfance horrible est un paradis perdu.
Le chagrin illumine étrangement le monde. Le deuil y porte son ombre mais cette ombre, souvent, en souligne, en accuse, en augmente la beauté en même temps que la détresse. L’une et l’autre appartiennent au plus insaisissable de l’âme. C’est ainsi que la mélancolie embellit le présent.
À la vérité la mémoire est loin d’être douce. Plus elle semble suave, moins elle a de tendresse. Elle tient à la disposition des vivants de si choquantes et curieuses archives. Chacun le plus souvent les tait. Elles sont si précises, si indicibles et si inopinées. Elles se tassent dans l’ombre. Celui qui a disparu se mêle à la vie de celle qui les ranime. On s’efforce de les tasser dans l’oubli.
Il évoquait si peu son passé mais il se murmurait à lui-même quand il marchait, quand il pouvait marcher, quand il aimait marcher : Comme l’âme peine à effacer ce qu’elle n’a pas aimé ! Et comme elle aime le pire puisqu’elle ne trouve jamais rien au fond d’elle-même qui le désagrège ! Comme elle l’entoure de soins, cette horreur. Plus le passé est humiliant, plus elle le choie.
Plus la mémoire de son père s’effondre, plus elle cherche à se souvenir de tout. Elle met un point d’honneur à retenir les moindres détails, les noms de ceux qui passent, les anecdotes les plus saugrenues dont on lui fait part. Elle ne tient pas de journal mais elle fait des listes. Des listes de courses. Des listes de ce qu’elle aime. Des listes des voyages qu’elle projetterait volontiers de faire. Des listes des fleurs qu’elle voudrait acheter afin de les planter dans le jardin de Sens. Des listes des choses inoubliables.
À l’intérieur des bâtisses – que ce fût la maison, que ce fût le hangar – l’océan faisait un extraordinaire vacarme. Les vagues hautes, impérieuses, s’acharnaient sur les roches qui servaient de fondations, éclataient sur les vitres, résonnaient contre les murs nouvellement enduits et restés nus. Une brume grise d’hiver, dégouttante, montait le long des poteaux dans le champ qui précédait les bâtiments. Toute la clôture fumait curieusement. Chaque piquet tout droit, dans l’air, lançait sa petite haleine particulière. Le champ de devant et le champ voisin étaient entourés de ces étroites poussées de fumées silencieuses de novembre, de décembre. C’était comme des cierges qu’on allume dans les églises pour faire des vœux. Un dieu inconnu, encoléré, irascible, violent, était attendu, était supplié, était fêté par les poteaux du champ et la bouche des beaux chevaux du centre d’équitation qui soufflaient dans le vent froid, dans la prairie située à l’ouest.
La douleur ne se plaît pas à assaillir aux moments où on pourrait l’affronter, où on pourrait lutter à armes égales, où on pourrait s’adresser à elle, la surmonter peut-être. La douleur est plutôt une bête féroce et parfaitement calme qui revient quand la proie ou l’enfant ou la victime n’est plus prête à se défendre d’elle, quand elle peut sauter sur elle, quand elle peut la saisir à la gorge, enfoncer jusqu’au fond de la gorge ses crocs, renverser d’un coup tout le corps, la faire tomber, la laisser pour morte.
Une sensation plus intense vient sourdre de n’importe quelle souffrance dès lors qu’elle a été extrême. Sentir, même dans cette souffrance, est le trésor. Sentir plus fort, de plus en plus fort, à cause de cette souffrance, est le trésor. Cette compagnie que la douleur fait à la sensation nourrit même une joie qui se fait fabuleuse. Il y a un seau plein de merveilles qui se hisse du fond de l’ombre du monde. Quelque chose de tellement énigmatique flotte dans l’espace. Chaque aube, au terme de chaque sommeil renouvelée, autour de chaque obscurité renouvelée, se fait toujours plus pure. Toujours plus insondable.
Il est nécessaire de temps à autre – au moins une fois dans sa vie – d’entrer dans sa maison à la façon dont on ouvre un réfrigérateur au retour d’un week-end prolongé ou à la suite de courtes vacances. On ne sait plus ce qu’on y a laissé. Il s’agit de rentrer chez soi comme si on n’y était jamais venu. Pénétrer dans le lieu qu’on a bâti, qu’on a cloisonné, qu’on a peint, qu’on a aménagé, qu’on a meublé, comme un voleur qui le découvrirait dans la nuit, à la lueur de sa lampe torche, dans le plus complet silence, n’était le susurrement de ses pas.
Alors, dans la stupeur, ou bien dans la consternation – alors qu’on voit ce que l’on voit et qu’on renifle ce que l’on sent dans la fraîcheur pourrie du réfrigérateur grand ouvert –, il est possible qu’on s’assoie sur le carrelage avec découragement. On ramasse tout. On jette tout. On nettoie avec un peu d’eau et de vinaigre. On reprend souffle, on aère. On reprend force. On reprend courage. On a tourné une vieille clé qui a paru étrangement inhabituelle dans la serrure. Aussitôt il faut tout allumer, partout, autant que faire se peut. On encrante ses lunettes sur l’arête de son nez. On visite sa vie pièce par pièce. Il faut suréclairer toutes les chambres, même les cabinets de toilette, même le dressing, la buanderie, l’office, les salles de bain, tout. Ensuite juger froidement chaque détail, chaque meuble, chaque fauteuil, chaque secrétaire, les tapis, les gravures, les toiles. Il faut examiner chaque instrument de musique comme une côtelette de veau froide. Il faut examiner chaque commode comme un pot de yaourt périmé. Il faut examiner les châles, les couvertures, les dessus-de-lit, les tentures comme des tranches de jambon sous vide devenues aussi grises que peut l’être la petite fourrure d’une souris qui fuse sur le plancher poussiéreux du grenier – ou bien qui détale et qui file dans l’herbe du jardin – ou bien qui se dérobe dans le recoin du cellier pourchassée par Petit Ruisseau, Petit Bach, Petit Bec, Brooklett, Rillette, Petit Bekkr… On dépose précieusement au fond du sac-poubelle les boîtes périmées, les pots de confiture recouverts d’étranges lèpres, boursouflures, croûtes, décorations. Alors on peut donner – donner à ceux qui passent, donner à ceux qui visitent, donner morceau par morceau, pendule par vase, cruche par secrétaire, lampadaire par lustre, vaisselle, vitrine, ma collection de minéraux, ma collection de serrures anciennes. Flacons, bouteilles renflées et clissées, carafes, lunettes de soleil, jumelles de théâtre, éventail. Quoi de plus beau qu’une éponge et un seau, un peu de lessive, l’odeur prononcée et pour ainsi dire déjà propre de l’eau de Javel, pour nettoyer les parois des murs, les planches des bibliothèques, humides, brillantes tout à coup ? Quelle merveille qu’une bibliothèque vide. Les souvenirs ne sont que des détresses. Tellement de trahisons sont venues les mordre ou les pourrir. Ce ne sont plus les amants qui se perdaient dans leurs reflets au fond de l’eau de la fontaine comme au début de leur amour. Désormais c’est le roi qu’ils redoutent, qui les surplombe, qui occupe tout l’espace dans la ramure de l’arbre où il était à les guetter, à surveiller, à condamner, à punir. Le roi n’observe que l’épée entre eux, point les yeux qui se ferment, point l’âme de chacun plongée dans le regard de l’autre. Car les objets ne portent pas bonheur : ce sont d’affreux fétiches aux halos dangereux, aux influences toxiques, aux puissances douloureuses et jalouses. Tous les cadeaux qui ont perverti d’une manière ou d’une autre les affections, toutes les aumônes qui ont détourné l’adresse des tendresses sont faits pour être recueillis par les antiquaires, ramassés par les brocanteurs, amoncelés par les archéologues de la même façon que tous les détritus des fêtes et des banquets sont destinés à être renversés et broyés à l’arrière des camions des boueux qui sillonnent les rues dans un grand vacarme dénonciateur et vengeur avant même que la nuit s’efface.
Alors, dans la stupeur, ou bien dans la consternation – alors qu’on voit ce que l’on voit et qu’on renifle ce que l’on sent dans la fraîcheur pourrie du réfrigérateur grand ouvert –, il est possible qu’on s’assoie sur le carrelage avec découragement. On ramasse tout. On jette tout. On nettoie avec un peu d’eau et de vinaigre. On reprend souffle, on aère. On reprend force. On reprend courage. On a tourné une vieille clé qui a paru étrangement inhabituelle dans la serrure. Aussitôt il faut tout allumer, partout, autant que faire se peut. On encrante ses lunettes sur l’arête de son nez. On visite sa vie pièce par pièce. Il faut suréclairer toutes les chambres, même les cabinets de toilette, même le dressing, la buanderie, l’office, les salles de bain, tout. Ensuite juger froidement chaque détail, chaque meuble, chaque fauteuil, chaque secrétaire, les tapis, les gravures, les toiles. Il faut examiner chaque instrument de musique comme une côtelette de veau froide. Il faut examiner chaque commode comme un pot de yaourt périmé. Il faut examiner les châles, les couvertures, les dessus-de-lit, les tentures comme des tranches de jambon sous vide devenues aussi grises que peut l’être la petite fourrure d’une souris qui fuse sur le plancher poussiéreux du grenier – ou bien qui détale et qui file dans l’herbe du jardin – ou bien qui se dérobe dans le recoin du cellier pourchassée par Petit Ruisseau, Petit Bach, Petit Bec, Brooklett, Rillette, Petit Bekkr… On dépose précieusement au fond du sac-poubelle les boîtes périmées, les pots de confiture recouverts d’étranges lèpres, boursouflures, croûtes, décorations. Alors on peut donner – donner à ceux qui passent, donner à ceux qui visitent, donner morceau par morceau, pendule par vase, cruche par secrétaire, lampadaire par lustre, vaisselle, vitrine, ma collection de minéraux, ma collection de serrures anciennes. Flacons, bouteilles renflées et clissées, carafes, lunettes de soleil, jumelles de théâtre, éventail. Quoi de plus beau qu’une éponge et un seau, un peu de lessive, l’odeur prononcée et pour ainsi dire déjà propre de l’eau de Javel, pour nettoyer les parois des murs, les planches des bibliothèques, humides, brillantes tout à coup ? Quelle merveille qu’une bibliothèque vide. Les souvenirs ne sont que des détresses. Tellement de trahisons sont venues les mordre ou les pourrir. Ce ne sont plus les amants qui se perdaient dans leurs reflets au fond de l’eau de la fontaine comme au début de leur amour. Désormais c’est le roi qu’ils redoutent, qui les surplombe, qui occupe tout l’espace dans la ramure de l’arbre où il était à les guetter, à surveiller, à condamner, à punir. Le roi n’observe que l’épée entre eux, point les yeux qui se ferment, point l’âme de chacun plongée dans le regard de l’autre. Car les objets ne portent pas bonheur : ce sont d’affreux fétiches aux halos dangereux, aux influences toxiques, aux puissances douloureuses et jalouses. Tous les cadeaux qui ont perverti d’une manière ou d’une autre les affections, toutes les aumônes qui ont détourné l’adresse des tendresses sont faits pour être recueillis par les antiquaires, ramassés par les brocanteurs, amoncelés par les archéologues de la même façon que tous les détritus des fêtes et des banquets sont destinés à être renversés et broyés à l’arrière des camions des boueux qui sillonnent les rues dans un grand vacarme dénonciateur et vengeur avant même que la nuit s’efface.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire