J'ai beaucoup aimé
Titre : Un tesson d'éternité
Auteur : Valérie TONG CUONG
Parution : 2021 (JC Lattès)
Pages : 272
Présentation de l'éditeur :
Anna Gauthier mène une existence à l’abri des tourments entre sa pharmacie, sa villa surplombant la mer et sa famille soudée.
Dans un climat social inflammable, un incident survient et son fils Léo, lycéen sans histoire, se retrouve aux prises avec la justice. Anna assiste impuissante à l’écroulement de son monde, bâti brique après brique, après avoir mesuré chacun de ses actes pour en garder le contrôle.
Qu’advient-il lorsqu’un grain de sable vient enrayer la machine et fait voler en éclats les apparences le temps d’un été ?
À travers un portrait de femme foudroyant d’intensité et d’émotion, Un tesson d’éternité remonte le fil de la vie d’Anna et interroge en un souffle la part emmurée d’une enfance sacrifiée qui ne devait jamais rejaillir.
Dans un climat social inflammable, un incident survient et son fils Léo, lycéen sans histoire, se retrouve aux prises avec la justice. Anna assiste impuissante à l’écroulement de son monde, bâti brique après brique, après avoir mesuré chacun de ses actes pour en garder le contrôle.
Qu’advient-il lorsqu’un grain de sable vient enrayer la machine et fait voler en éclats les apparences le temps d’un été ?
À travers un portrait de femme foudroyant d’intensité et d’émotion, Un tesson d’éternité remonte le fil de la vie d’Anna et interroge en un souffle la part emmurée d’une enfance sacrifiée qui ne devait jamais rejaillir.
Le mot de l'éditeur sur l'auteur :
Valérie Tong Cuong est l’auteure de douze romans, parmi lesquels L’Atelier des miracles, prix Nice Baie des Anges, Par amour, couronné par de nombreux prix dont le prix des lecteurs du Livre de Poche, et Les guerres intérieures, paru en 2019. Son œuvre est traduite dans dix-neuf langues.Avis :
Anna Gauthier mène une existence bourgeoise, en tout point conforme aux convenances de sa petite ville de province. Un incident dans une manifestation envoie néanmoins son fils Léo, lycéen jusqu’ici sans histoire, derrière les barreaux. Pour Anna, brusquement dessillée par la froideur hostile qui s’empare alors de ses relations, c’est l’édifice patiemment construit de sa réussite qui se lézarde, la renvoyant aux blessures d’une enfance qu’elle pensait pourtant depuis longtemps enterrée.
Anna n’a survécu aux maltraitances subies en silence dans son jeune âge qu’en leur tournant le dos, déterminée à modeler sa vie selon son image du bonheur. Et elle semble y être parvenue, en tout cas elle en est convaincue : entre sa pharmacie, son mari en vue et son fils promis à un bel avenir, rien ne vient déparer le parfait accomplissement de son existence, intégrée à la coterie des notables du coin. Jamais elle n’imaginerait qu’elle a pris le bonheur pour ses apparences, qu’elle a construit sa réussite comme un bouclier contre le mal, et qu’il ne suffit pas de contrôler sa vie pour la mettre à l’abri.
L’incident de parcours de son fils est une pierre qui vient briser l’idéal auquel elle s’accroche. Confrontée à la machine judiciaire, à la rumeur réprobatrice et aux trahisons des soi-disant amis, Anna perd le contrôle des événements, accumule les désillusions, et, dans sa panique et son impuissance, voit l’accroc à la perfection à laquelle elle s’évertuait, prendre les ravageuses proportions d’un cataclysme. Alors que les acquis patiemment accumulés en rempart contre la souffrance tombent un à un, la voilà à nouveau démunie face à ses blessures anciennes, resurgies intactes après des décennies de silence et de déni. Le choc est si puissant, le désespoir si intense, qu’ils l’entraînent bientôt au-delà de toute raison, dans une explosion de violence incontrôlable.
Le réalisme du récit compte pour beaucoup dans l’effroi ressenti face à tant de souffrances vécues silencieusement. Les ravages de la violence sur la construction psychologique d’un être et les conséquences de traumatismes répétés et ignorés produisent ici une bien funeste bombe à retardement. Chez Anna elle-même, tombée dans la pathologie mentale. Mais aussi chez son fils, par l’un de ces si troublants et inconscients mécanismes de transmission. (4/5)
Anna n’a survécu aux maltraitances subies en silence dans son jeune âge qu’en leur tournant le dos, déterminée à modeler sa vie selon son image du bonheur. Et elle semble y être parvenue, en tout cas elle en est convaincue : entre sa pharmacie, son mari en vue et son fils promis à un bel avenir, rien ne vient déparer le parfait accomplissement de son existence, intégrée à la coterie des notables du coin. Jamais elle n’imaginerait qu’elle a pris le bonheur pour ses apparences, qu’elle a construit sa réussite comme un bouclier contre le mal, et qu’il ne suffit pas de contrôler sa vie pour la mettre à l’abri.
L’incident de parcours de son fils est une pierre qui vient briser l’idéal auquel elle s’accroche. Confrontée à la machine judiciaire, à la rumeur réprobatrice et aux trahisons des soi-disant amis, Anna perd le contrôle des événements, accumule les désillusions, et, dans sa panique et son impuissance, voit l’accroc à la perfection à laquelle elle s’évertuait, prendre les ravageuses proportions d’un cataclysme. Alors que les acquis patiemment accumulés en rempart contre la souffrance tombent un à un, la voilà à nouveau démunie face à ses blessures anciennes, resurgies intactes après des décennies de silence et de déni. Le choc est si puissant, le désespoir si intense, qu’ils l’entraînent bientôt au-delà de toute raison, dans une explosion de violence incontrôlable.
Le réalisme du récit compte pour beaucoup dans l’effroi ressenti face à tant de souffrances vécues silencieusement. Les ravages de la violence sur la construction psychologique d’un être et les conséquences de traumatismes répétés et ignorés produisent ici une bien funeste bombe à retardement. Chez Anna elle-même, tombée dans la pathologie mentale. Mais aussi chez son fils, par l’un de ces si troublants et inconscients mécanismes de transmission. (4/5)
Citation :
Elle a si souvent vu ce regard désemparé. Ce moment précis où les proches, les familles prennent conscience du point de bascule, ce moment où ils commencent à glisser, avalés par un monde inconnu. Cette seconde où ils comprennent qu’eux aussi entrent en détention, d’une certaine manière. Qu’ils ne pourront plus choisir mais devront obéir. Qu’ils n’auront plus la moindre marge de manœuvre mais dépendront d’une organisation obscure, du bon vouloir d’inconnus – quelle qu’ait pu être leur position sociale jusqu’ici. Qu’ils ne pourront rien épargner à ceux qu’ils aiment, ni violence ni souffrance – ou si peu. Qu’ils ne pourront plus les toucher ni les entendre – ou si peu.
Cela, l’avocate ne s’y est jamais habituée. Elle hésite à poser sa main sur le bras d’Anna, elle aimerait la tirer par la manche, la sortir de cet état de sidération, l’écarter de cette vague qui l’emporte, de ce déferlement auquel une mère ou un père n’est jamais préparé et qui noiera bientôt toutes leurs certitudes.
Cela, l’avocate ne s’y est jamais habituée. Elle hésite à poser sa main sur le bras d’Anna, elle aimerait la tirer par la manche, la sortir de cet état de sidération, l’écarter de cette vague qui l’emporte, de ce déferlement auquel une mère ou un père n’est jamais préparé et qui noiera bientôt toutes leurs certitudes.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire