J'ai aimé
Titre : Un long, si long après-midi
(The Long, Long Afternoon)
Auteur : Inga VESPER
Traduction : Thomas LECLERE
Parution : 2021 en anglais,
2022 en français (La Martinière)
Pages : 416
Présentation de l'éditeur :
«Hier, j’ai embrassé mon mari pour la dernière fois. Il ne le sait pas, bien sûr. Pas encore.»
Dans
sa cuisine baignée de soleil californien, Joyce rêve à sa fenêtre. Elle
est blanche, elle est riche. Son horizon de femme au foyer, pourtant,
s’arrête aux haies bien taillées de son jardin. Ruby, elle, travaille
comme femme de ménage chez Joyce et rêve de changer de vie. Mais en
1959, la société américaine n’a rien à offrir à une jeune fille noire et
pauvre. Quand Joyce disparaît, le vernis des faux-semblants du rêve
américain se craquelle. La lutte pour l’égalité des femmes et des
afro-américains n’en est qu’à ses débuts, mais ces deux héroïnes
bouleversantes font déjà entendre leur cri. Celui d’un espoir brûlant de
liberté.
Le mot de l'éditeur sur l'auteur :
Inga Vesper vit en Ecosse. Elle a longtemps travaillé comme aide-soignante, avant de se tourner vers le journalisme-reportage (en Syrie et en Tanzanie notamment). Un long, si long après-midi est son premier roman.Avis :
Des maisons cossues semées en banlieue sur leurs jolis carrés de pelouse, de grosses voitures pour les relier à de vastes surfaces commerciales, des appareils électroménagers et la mode vestimentaire comme clés du bonheur des maîtresses de maison : l’American way of life présente à Sunnylakes toutes les facettes qui font l’envie du monde en cette fin des années cinquante. Du rêve américain à la réalité, il y a pourtant beaucoup à dire. Racisme et sexisme battent alors leur plein, ouvrant un long chemin pour la lutte des minorités pour leurs droits. Pendant que les Noirs, comme Ruby, se heurtent à une ségrégation et à des préjugés implacables, les femmes vivent sous la tutelle de leurs maris, dans une dépendance, entretenue par les stéréotypes sexués, qui commence par la négation de leurs droits génésiques.
Alors quand Joyce, qui étouffe dans un mariage sclérosant et une maternité non choisie, laisse échapper des réactions non conformes à l’image de réussite si chère à son mari et à sa belle-mère, quand tout le voisinage scrute à la loupe la moindre fausse note qui deviendrait aussitôt scandale, quand finalement les apparences ne suffisent plus à masquer les lézardes de l’intimité, toutes les conditions sont réunies pour qu’un drame éclate et prenne des proportions d’autant plus calamiteuses que seule prévaut la volonté de l’étouffer. Et comme il est impensable pour cette bonne société de se voir confronter à ses propres failles, quel meilleur bouc émissaire que la petite bonne, dont la peau noire attire d’avance, et bien commodément, toutes les vindictes.
Rédigé d’une plume, sans grande aspérité peut-être, mais fluide et efficace, ce premier roman réussit à vous immerger dans son atmosphère poisseuse, au fil d’une lecture captivante aux multiples rebondissements et surprises. Au-delà de l’enquête policière certes parfois un rien caricaturale, c’est l’envers du rêve américain, au travers de la condition féminine et du racisme de 1959, qui vient ajouter l’intérêt à l’agrément du récit. (3,5/5).
Citations :
Je me range à son avis, bien sûr. Je ne lui fait pas remarquer qu’il dit aussi que les Noirs n’ont aucun talent pour faire pousser les choses, ce qui explique qu’ils n’aient pas de jardinières et que leurs bébés meurent souvent.
Je ne devrais pas peindre. Franck n’aime pas ça, bien que Genevieve Crane dise que j’ai un talent incroyable. C’est un mauvais exemple pour les enfants, une mère qui se fait plaisir, quand il y a des repas à prévoir, des tapis à aspirer et des bouquets de fleurs à arranger.
Et il se demande comment il se sentirait s’il vivait à Sunnylakes et qu’il devait faire face à une journée parfaite de plus, enfermé dans sa cuisine parfaite, attendant que ses enfants parfaits soient couchés afin que son mari parfait puisse lui en faire un autre. La nuit dernière, il a arraché une publicité Miltown dans un magazine de Fran et l’a punaisée sur un mur. Une maîtresse de maison innocente à la fin d’une journée productive, recevant gracieusement un baiser sur la joue de l’homme de la maison alors qu’elle fait briller un dernier couvert. « Depuis que j’utilise Miltown, nos disputes sont devenues des baisers. »
Vous ne comprenez pas. Elle était folle. Je vous ai dit qu’elle ne voulait plus de moi, qu’elle ne m’aimait plus. Elle me traitait d’idiot et de crétin, elle disait que j’avais gâché sa vie...des trucs qu’une femme normale ne dirait jamais à son mari. J’ai dû en parler aux médecins. Ils l’ont mise sous traitement. Un traitement fort.
J'ai vraiment beaucoup aimé ce roman. Ta chronique est super !
RépondreSupprimerMerci Caroline.
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