vendredi 26 mars 2021

[Ruiz Zafon, Carlos] Marina

 


 

J'ai beaucoup aimé

 

Titre : Marina

Auteur : Carlos RUIZ ZAFON

Traducteur : François MASPERO

Edition : 1999 (en espagnol),
               
2011 (Robert Laffont)

Pages : 303

 

 

 


 

 

 

Présentation de l'éditeur :  

« Mon texte préféré parmi tous ceux que j'ai écrit. » Carlos Ruiz Zafón

Oscar Drai, quinze ans, a disparu pendant une semaine du pensionnat où il est interne. Où est-il allé et que lui est-il arrivé ? Quand l'histoire commence, Oscar vagabonde à travers Barcelone. Attiré par une mystérieuse maison apparemment abandonnée, il pénètre à l'intérieur. Se croyant seul, il commence ses investigations. Alors qu'il est en train d'examiner une curieuse montre à gousset laissée sur une table, il se rend compte que quelqu'un l'observe. Terrorisé, il s'enfuit. En rentrant au pensionnat, il s'aperçoit qu'il a gardé la montre. Tenaillé par les remords, il retourne quelques jours plus tard dans la grande maison. Il y fait alors la connaissance de Marina, fille du propriétaire. Elle a son âge, de l'audace et une intelligence très vive. Elle entraîne son nouveau compagnon dans l'élucidation d'un mystère qui la tourmente : au cour du plus vieux cimetière de Barcelone, une vieille femme voilée visite une tombe anonyme sur laquelle figure le dessin d'un papillon noir. Qui est-elle, et qui dort sous la pierre tombale ? En menant leur enquête, les deux adolescents franchissent les limites d'une propriété privée délaissée. Dans la serre qui la jouxte, des pantins en partie amputés de leurs membres pendent dans les airs. Soudain, ils descendent lentement et semblent s'animer. Une odeur pestilentielle envahit la serre. Sur le fronton, un papillon noir identique à celui de la tombe paraît contempler l'épouvantable scène.

Parcourant les plus effrayants endroits de Barcelone, s'égarant dans les entrailles de souterrains où vivent des créatures de cauchemar, s'enfonçant dans les coulisses d'un inquiétant théâtre désaffecté, Oscar et Marina réveillent les protagonistes d'une tragédie vieille de plusieurs décennies. La vengeance est en route, mue par une armée de fantômes, guidée par un savant de génie et une amoureuse désespérée. Entraînés dans la folie homicide de ces ombres tout droit sorties du passé, Oscar et Marina frôlent la mort. Pourtant, celle-ci les attaquera là où ils ne l'attendaient pas...
 

 

Le mot de l'éditeur sur l'auteur : 

Présente-t-on encore Carlos Ruiz Zafón, l'auteur de L'Ombre du vent (Grasset, 2004 ; Livre de poche, 2010) et du Jeu de l'ange (Robert Laffont, 2009), vendus à plusieurs millions d'exemplaires à travers le monde. Né à Barcelone en 1964, il a renouvelé le genre des grands romans populaires du début du XXe siècle.
 

 

Avis :

Lors de ses nombreuses escapades au-dehors de son pensionnat de Barcelone, Oscar, quinze ans, fait la connaissance de Marina, une adolescente qui habite le quartier avec son père âgé. Les déambulations des deux jeunes gens les mènent jusqu’à un cimetière oublié, où une femme vient pourtant se recueillir sur une tombe anonyme, uniquement orné d’un papillon noir. Des sous-sols de la ville à un vieux théâtre désaffecté, la curiosité des deux amis les entraîne dès lors dans une succession de terrifiantes découvertes, liées à un mystérieux drame survenu il y a plusieurs décennies.

Certes ce livre classé jeunesse cumule les invraisemblances. Pas seulement parce qu’il verse dans le fantastique, mais surtout parce qu’il traite les deux adolescents en adultes, libres et autonomes, et que tout le monde leur confie les plus noirs secrets avec une improbable facilité. Il serait pourtant dommage de laisser cette critique oblitérer les autres qualités du roman et de ne le réserver qu’à un jeune public ravi de sa promotion chez les grands. Ce serait se priver d’un excellent moment de mystère et d’aventure, remarquablement écrit, serti dans une Barcelone ensorcelante, gothique et baroque, qui fait tout le charme et la singularité du récit.

C’est pendant le premier tiers de l’histoire que l’ambiance s’avère la plus envoûtante, alors que le lecteur se retrouve à vagabonder aux côtés d’Oscar et de Marina dans de vieux quartiers d’une Barcelone surannée et bucolique. Les grandes et anciennes demeures plus ou moins abandonnées, qui y cachent mélancoliquement les lambeaux de leur exubérante splendeur passée sous l’enchevêtrement d’une végétation envahissante et le poids d’un oubli silencieux, enveloppent bientôt le promeneur de leurs ombres et de leurs mystères, suscitant chez lui un mélange de curiosité et d’angoisse. Les vieilles silhouettes qu’on y croise laissent subodorer le secret de vies enfuies et c’est bien un étrange passé qui va bientôt remonter à la surface.

L’enquête prend alors son essor dans des développements rapidement fantastiques, de veine gothique, qui transforment la menace jusqu’alors diffuse en péripéties qui, pour être rocambolesques, n’en tiennent pas moins le lecteur sous l’emprise de leur rythme et de leur suspense. Moins réceptive à cette partie, j’ai néanmoins pris plaisir à ces rebondissements plein d’imagination, encore une fois mis en valeur par les perspectives offertes sur la ville de Barcelone, sur ses quartiers contrastés et sur son architecture exubérante.

De l’angoisse à l’effroi et du rire aux larmes, ce prenant conte fantastique empreint de nostalgie est l’occasion de réunir tous les publics, jeunes et moins jeunes, par la magie d’une excellente plume, amoureuse d’une Barcelone secrète et multiple, que l’on aura ensuite envie de (re)découvrir pour de bon. (4/5)

 

Citations :

On ne peut rien comprendre à la vie tant qu’on n’a rien compris à la mort.

En fin de compte, quel est le sens d’une science capable d’envoyer un homme sur la lune, mais incapable de mettre un morceau de pain sur la table de chaque être humain ?

En temps normal, dit-il, tu es dans les nuages, mais aujourd’hui tu es carrément sorti de la couche atmosphérique. Tu es malade ?

 Il disait que la lumière est une danseuse capricieuse et consciente de sa grâce. Dans ses mains, elle se transformait en lignes merveilleuses qui illuminaient la toile et ouvraient les portes de l’âme.
— Peindre, c’est écrire avec la lumière, affirmait Salvat.

Sur mille personnes qui acquièrent un tableau ou une œuvre d’art, une seule possède une vague idée de ce qu’elle achète, lui expliquait Salvat en souriant. Les autres n’achètent pas l’œuvre, ils achètent l’artiste, ce qu’ils ont entendu dire de lui et, presque toujours, ce qu’ils imaginent à son sujet Ce commerce n’est pas différent de celui des remèdes de guérisseurs ou des filtres d’amour, Germán. La seule différence est le prix.

J’avais toujours pensé que les vieilles gares de chemin de fer étaient l’un des rares lieux magiques qui restaient encore dans le monde. Là, les fantômes de souvenirs et d’adieux se mêlaient aux départs de centaines de voyages pour des destinations lointaines et sans retour. « Si, un jour, je me perds, il faudra me chercher dans une gare », pensai-je.

Parfois, les choses les plus réelles ne se passent qu’en imagination, Óscar. Nous ne nous souvenons que de ce qui n’est jamais arrivé.

La jeunesse est une maîtresse capricieuse. Nous sommes incapables de la comprendre et de l’apprécier jusqu’au jour où elle part avec un autre pour ne jamais revenir…

Un bon ami m’a dit un jour que les problèmes sont comme les cafards. (…) Dès qu’on les fait sortir à la lumière, ils prennent peur et s’en vont...


 

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