J'ai beaucoup aimé
Titre : Histoire du fils
Auteur : Marie-Hélène LAFON
Parution : 2020
Editeur : Buchet/Chastel
Pages : 176
Présentation de l'éditeur :
Le fils, c'est André. La mère, c'est Gabrielle. Le père est inconnu.
André est élevé par Hélène, la sœur de Gabrielle, et son mari. Il
grandit au milieu de ses cousines. Chaque été, il retrouve Gabrielle qui
vient passer ses vacances en famille.
Entre Figeac, dans le Lot, Chanterelle ou Aurillac, dans le Cantal, et Paris, Histoire du fils sonde
le cœur d’une famille, ses bonheurs ordinaires et ses vertiges les plus
profonds, ceux qui creusent des galeries dans les vies, sous les
silences.
Avec ce nouveau roman, Marie-Hélène Lafon confirme la place si
particulière qu’elle occupe aujourd’hui dans le paysage littéraire
français.
Le mot de l'éditeur sur l'auteur :
Marie-Hélène Lafon est professeur de lettres classiques à Paris. Tous ses romans sont publiés chez Buchet/Chastel.
Avis :
Né à Paris en 1924, de père inconnu, André est confié par sa mère Gabrielle à sa famille du Cantal. Il est élevé par sa tante Hélène et le mari de cette dernière, au milieu de ses cousines, dans un foyer aimant que sa mère ne rejoint que le temps des vacances. Le mystère de sa naissance n’en creuse pas moins discrètement son trou noir dans la tête et le coeur d’André…
Comme autant de photographies aux teintes sépia, douze journées, évoquées dans le désordre, suffisent à Marie-Hélène Lafon pour dérouler un siècle. S'y inscrit l’histoire d’un homme, qui, dans l’affection d‘un foyer attaché à combler le vide d’un « père fantôme » et d’une « mère lointaine et intermittente », s’est construit à l’ombre d’un secret de famille, omniprésent mais toujours occulté dans une sorte de pudeur bienveillante. Une profonde mélancolie imprègne ce texte tourné vers le passé, celui de la reconstitution de toute une existence à partir de quelques bribes, dont l’évocation en pointillés permet peu à peu au lecteur d’en saisir le dessin d’ensemble, et surtout, d’y entrapercevoir les profondeurs cachées derrière les décennies de non-dits. Car peu est formulé mais tout se devine et se ressent, dans une narration qui, en relatant la surface visible des évènements avec la plus grande économie d’effets, parvient à faire prendre au lecteur toute la mesure des silences et des pudeurs, des blancs et des demi-teintes qui ont pavé la vie de trois générations.
Rien de spectaculaire dans ce récit de l’ordinaire, mais la restitution profonde et sensible, dans une langue limpide et précise, de la trajectoire de vies enfuies, bâties autour des drames du quotidien, dans un sillon de joies, de tendresse mais aussi de souffrances parfois invisibles, et dont la seule trace perdure dans quelques photographies, des dates dans un cimetière et l’émotion des vivants. (4/5)
Comme autant de photographies aux teintes sépia, douze journées, évoquées dans le désordre, suffisent à Marie-Hélène Lafon pour dérouler un siècle. S'y inscrit l’histoire d’un homme, qui, dans l’affection d‘un foyer attaché à combler le vide d’un « père fantôme » et d’une « mère lointaine et intermittente », s’est construit à l’ombre d’un secret de famille, omniprésent mais toujours occulté dans une sorte de pudeur bienveillante. Une profonde mélancolie imprègne ce texte tourné vers le passé, celui de la reconstitution de toute une existence à partir de quelques bribes, dont l’évocation en pointillés permet peu à peu au lecteur d’en saisir le dessin d’ensemble, et surtout, d’y entrapercevoir les profondeurs cachées derrière les décennies de non-dits. Car peu est formulé mais tout se devine et se ressent, dans une narration qui, en relatant la surface visible des évènements avec la plus grande économie d’effets, parvient à faire prendre au lecteur toute la mesure des silences et des pudeurs, des blancs et des demi-teintes qui ont pavé la vie de trois générations.
Rien de spectaculaire dans ce récit de l’ordinaire, mais la restitution profonde et sensible, dans une langue limpide et précise, de la trajectoire de vies enfuies, bâties autour des drames du quotidien, dans un sillon de joies, de tendresse mais aussi de souffrances parfois invisibles, et dont la seule trace perdure dans quelques photographies, des dates dans un cimetière et l’émotion des vivants. (4/5)
Citations :
Il avait aussi appris ça, avec elle ; que les fastes affaires des corps et cette confiance muette qu’elles supposent n’empêchent pas d’être seuls.
À père inconnu, fils inconnu. Ce père et lui auraient en commun un adjectif de trois syllabes dont la première est un préfixe de sens négatif et les deux suivantes un participe passé.
Gabrielle se méfie du passé, elle s’en défend ; à son âge, cinquante-huit, bientôt cinquante-neuf ans, une femme a tout à craindre de son passé, les regrets, les remords, la nostalgie, le goût de fer froid des occasions manquées et la marée montante des illusions perdues.
Toutes les familles abritent dans leurs replis les plus intimes ces petits morts qui étaient le lot des temps, une sorte de tribut de chair fraîche et tendre payé aux dieux Lares des descendances pléthoriques.
André, posé au bord du lit, dans la chambre nue, s’était soudain senti très las, comme accablé d’un poids de silence et de secret qui était son lot de fils ; père inconnu et mère à double fond.
À père inconnu, fils inconnu. Ce père et lui auraient en commun un adjectif de trois syllabes dont la première est un préfixe de sens négatif et les deux suivantes un participe passé.
Gabrielle se méfie du passé, elle s’en défend ; à son âge, cinquante-huit, bientôt cinquante-neuf ans, une femme a tout à craindre de son passé, les regrets, les remords, la nostalgie, le goût de fer froid des occasions manquées et la marée montante des illusions perdues.
Toutes les familles abritent dans leurs replis les plus intimes ces petits morts qui étaient le lot des temps, une sorte de tribut de chair fraîche et tendre payé aux dieux Lares des descendances pléthoriques.
André, posé au bord du lit, dans la chambre nue, s’était soudain senti très las, comme accablé d’un poids de silence et de secret qui était son lot de fils ; père inconnu et mère à double fond.
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