Coup de coeur 💓
Titre : Mille petits riens (Small Great Things)
Auteur : Jodi PICOULT
Traductrice : Marie CHABIN
Parution : 2016 en américain (Ballantine Books)
2018 en français (Actes Sud)
Pages : 592
Présentation de l'éditeur :
Ruth est sage-femme depuis plus de vingt ans. C’est une employée
modèle. Une collègue appréciée et respectée de tous. La mère dévouée
d’un adolescent qu’elle élève seule. En prenant son service par une
belle journée d’octobre 2015, Ruth est loin de se douter que sa vie est
sur le point de basculer.
Pour Turk et Brittany, un jeune couple de suprémacistes blancs, ce devait être le plus beau moment de leur vie : celui de la venue au monde de leur premier enfant. Le petit garçon qui vient de naître se porte bien. Pourtant, dans quelques jours, ses parents repartiront de la Maternité sans lui.
Kennedy a renoncé à faire fortune pour défendre les plus démunis en devenant avocate de la défense publique. Le jour où elle rencontre une sage-femme noire accusée d’avoir tué le bébé d’un couple raciste, elle se dit qu’elle tient peut-être là sa première grande affaire. Mais la couleur de peau de sa cliente, une certaine Ruth Jefferson, ne la condamne-t-elle pas d’avance ?
Avec ce nouveau roman captivant et émouvant, Jodi Picoult aborde de front le grand mal américain et nous montre – à travers les petits riens du quotidien, les pas vers l’autre – comment il peut être combattu.
Pour Turk et Brittany, un jeune couple de suprémacistes blancs, ce devait être le plus beau moment de leur vie : celui de la venue au monde de leur premier enfant. Le petit garçon qui vient de naître se porte bien. Pourtant, dans quelques jours, ses parents repartiront de la Maternité sans lui.
Kennedy a renoncé à faire fortune pour défendre les plus démunis en devenant avocate de la défense publique. Le jour où elle rencontre une sage-femme noire accusée d’avoir tué le bébé d’un couple raciste, elle se dit qu’elle tient peut-être là sa première grande affaire. Mais la couleur de peau de sa cliente, une certaine Ruth Jefferson, ne la condamne-t-elle pas d’avance ?
Avec ce nouveau roman captivant et émouvant, Jodi Picoult aborde de front le grand mal américain et nous montre – à travers les petits riens du quotidien, les pas vers l’autre – comment il peut être combattu.
Le mot de l'éditeur sur l'auteur :
Jodi Picoult est née en 1966 à Long Island, dans l'État de New York.
Après avoir étudié la littérature à Princeton et les sciences de
l'éducation à Harvard, elle se consacre à l'écriture à partir des années
1990. Son oeuvre, traduite en trente-sept langues, compte vingt-cinq
romans, vendus à plus de vingt-trois millions d'exemplaires à travers le
monde. Ont paru chez Actes Sud : La Tristesse des éléphants (2017) et Mille petits riens (2018).
Avis :
Un nourrisson de quelques jours, jusqu'ici en bonne santé apparente, décède brutalement à la maternité de l'hôpital de New York où Ruth est infirmière obstétrique depuis vingt ans. Les parents sont de violents suprémacistes blancs, Ruth a la peau noire. Cela suffit pour que la malheureuse se retrouve aussitôt accusée de meurtre par le couple aveuglé par la douleur et la haine, licenciée avec interdiction d'exercer sa profession, et bientôt au centre d'un procès retentissant, où la défense est assurée par Kennedy, avocate commise d'office, ravie de tenir enfin la grande affaire de sa carrière. Pour l'avocate et pour la justice américaine, le tribunal doit statuer sur les raisons médicales du décès et une éventuelle responsabilité humaine, pas sur l'injustice, due au racisme le plus flagrant, qui a désigné d'office Ruth comme bouc émissaire.
Le thème central du roman est le racisme aux Etats-Unis et l'hypocrisie qui l'entoure : le racisme extrême et sans fard, aisément reconnaissable et condamnable, des suprémacistes blancs, skinheads néo-nazis et autres mouvances descendant en ligne droite du KKK, mais aussi celui, plus subtil et plus pernicieux, qui se cache au plus profond des perceptions et des préjugés, biaise les comportements parfois les mieux intentionnés, nourrissant un racisme institutionnel qui continue à structurer l'ordre social malgré les lois qui proclament l'égalité.
En alternant les points de vue, quitte à revivre les mêmes scènes sous plusieurs angles, blanc ou noir, Jodi Picoult réussit à faire entrer les lecteurs blancs, le temps du livre, dans la peau d'une femme noire, leur faisant vivre de l'intérieur les grandes injustices, mais aussi les mille détails du quotidien qui, insidieusement, stigmatisent en permanence l'existence des noirs américains.
Souvent dure et choquante, destinée à sensibiliser et à faire réfléchir, cette lecture s'avère addictive, portée par un vrai suspense, des personnages crédibles soigneusement campés à partir d'une documentation solide, et l'écriture fluide de Jodi Picoult. Si le dénouement est sans doute bien trop théâtral pour être totalement réaliste, il porte l'espoir que la prise de conscience et la mobilisation de chacun, par l'addition de mille petits riens, puissent finir par faire bouger les lignes. Coup de coeur. (5/5)
Le thème central du roman est le racisme aux Etats-Unis et l'hypocrisie qui l'entoure : le racisme extrême et sans fard, aisément reconnaissable et condamnable, des suprémacistes blancs, skinheads néo-nazis et autres mouvances descendant en ligne droite du KKK, mais aussi celui, plus subtil et plus pernicieux, qui se cache au plus profond des perceptions et des préjugés, biaise les comportements parfois les mieux intentionnés, nourrissant un racisme institutionnel qui continue à structurer l'ordre social malgré les lois qui proclament l'égalité.
En alternant les points de vue, quitte à revivre les mêmes scènes sous plusieurs angles, blanc ou noir, Jodi Picoult réussit à faire entrer les lecteurs blancs, le temps du livre, dans la peau d'une femme noire, leur faisant vivre de l'intérieur les grandes injustices, mais aussi les mille détails du quotidien qui, insidieusement, stigmatisent en permanence l'existence des noirs américains.
Souvent dure et choquante, destinée à sensibiliser et à faire réfléchir, cette lecture s'avère addictive, portée par un vrai suspense, des personnages crédibles soigneusement campés à partir d'une documentation solide, et l'écriture fluide de Jodi Picoult. Si le dénouement est sans doute bien trop théâtral pour être totalement réaliste, il porte l'espoir que la prise de conscience et la mobilisation de chacun, par l'addition de mille petits riens, puissent finir par faire bouger les lignes. Coup de coeur. (5/5)
Citations :
Elle faisait allusion à l’une de ses citations préférées de Martin Luther King : “Si je ne peux pas faire de grandes choses, je peux faire des petites choses de manière grandiose.” “If I cannot do great things, I can do small things in a great way”.
— Vous croyez qu’un jour le racisme n’existera plus ?
— Non, parce que les Blancs seraient obligés d’accepter le principe d’égalité. Qui déciderait de son plein gré de démanteler un système spécialement conçu pour lui ?
On fait tous ça, vous savez. On cherche tous des distractions pour éviter de remarquer le temps qui passe. On s’absorbe dans le travail. On se concentre sur nos pieds de tomate qu’il faut préserver du mildiou. On remplit nos réservoirs d’essence, on recharge nos cartes de transport et on fait les courses au supermarché, de sorte que les semaines se suivent et se ressemblent toutes, en apparence. Et puis, un jour, vous vous retournez et votre bébé est un homme. Un jour, vous vous regardez dans la glace et vous voyez des cheveux gris. Un jour, vous vous rendez compte qu’il vous reste moins de temps à vivre que ce que vous avez déjà vécu. Et là, vous pensez : Comment est-ce arrivé si vite ? Hier encore, je buvais légalement mon premier verre d’alcool ; hier, je changeais ses couches ; hier, j’étais jeune.
Quand cette révélation vous frappe de plein fouet, vous commencez à calculer. Combien de temps me reste-t-il ? Combien de choses pourrai-je caser dans un si petit espace ?
Certains d’entre nous se laissent guider par cette prise de conscience, je suppose. On part visiter le Tibet, on prend des cours de sculpture, on saute en parachute. On s’efforce de faire comme si ce n’était pas déjà terminé.
Et puis d’autres se contentent de remplir leurs réservoirs, de recharger leurs cartes de transport et de faire leurs courses au supermarché parce que, si on garde les yeux rivés sur le chemin qui se déroule à nos pieds, on n’est pas obsédé par le moment où il plongera à pic du haut de la falaise.
Certains d’entre nous n’apprennent jamais.
Et certains apprennent plus tôt que les autres.
Si les mois passés m’ont appris quelque chose, c’est que l’amitié est un écran de fumée. Les personnes que vous croyiez solides s’avèrent fragiles comme un miroir et changeantes comme la lumière. Et puis vous baissez les yeux et vous trouvez les autres que vous considériez comme un dû, ces personnes qui vous servent de fondations. Il y a un an, j’aurais dit que nous étions proches, Corinne et moi, mais c’était en fait une proximité spatiale plus qu’un lien réel. Nous étions des connaissances par défaut : on s’offrait des cadeaux de Noël et on allait manger des tapas le jeudi soir, pas tant parce que nous partagions les mêmes centres d’intérêt mais parce qu’on bossait tellement dur et tellement longtemps qu’il nous semblait plus simple de poursuivre nos conversations codées en dehors du cadre du travail plutôt que de s’ouvrir aux autres et leur apprendre notre langage.
C’est dingue à quel point les événements et la vérité peuvent être remodelés, comme une boule de cire qu’on aurait laissée trop longtemps au soleil. Les faits n’existent pas. Il n’y a que la manière dont on les perçoit à un moment donné. La manière dont on les rapporte. La manière dont notre cerveau les assimile. On ne peut dissocier le narrateur de l’histoire.
— Vous croyez qu’un jour le racisme n’existera plus ?
— Non, parce que les Blancs seraient obligés d’accepter le principe d’égalité. Qui déciderait de son plein gré de démanteler un système spécialement conçu pour lui ?
On fait tous ça, vous savez. On cherche tous des distractions pour éviter de remarquer le temps qui passe. On s’absorbe dans le travail. On se concentre sur nos pieds de tomate qu’il faut préserver du mildiou. On remplit nos réservoirs d’essence, on recharge nos cartes de transport et on fait les courses au supermarché, de sorte que les semaines se suivent et se ressemblent toutes, en apparence. Et puis, un jour, vous vous retournez et votre bébé est un homme. Un jour, vous vous regardez dans la glace et vous voyez des cheveux gris. Un jour, vous vous rendez compte qu’il vous reste moins de temps à vivre que ce que vous avez déjà vécu. Et là, vous pensez : Comment est-ce arrivé si vite ? Hier encore, je buvais légalement mon premier verre d’alcool ; hier, je changeais ses couches ; hier, j’étais jeune.
Quand cette révélation vous frappe de plein fouet, vous commencez à calculer. Combien de temps me reste-t-il ? Combien de choses pourrai-je caser dans un si petit espace ?
Certains d’entre nous se laissent guider par cette prise de conscience, je suppose. On part visiter le Tibet, on prend des cours de sculpture, on saute en parachute. On s’efforce de faire comme si ce n’était pas déjà terminé.
Et puis d’autres se contentent de remplir leurs réservoirs, de recharger leurs cartes de transport et de faire leurs courses au supermarché parce que, si on garde les yeux rivés sur le chemin qui se déroule à nos pieds, on n’est pas obsédé par le moment où il plongera à pic du haut de la falaise.
Certains d’entre nous n’apprennent jamais.
Et certains apprennent plus tôt que les autres.
Si les mois passés m’ont appris quelque chose, c’est que l’amitié est un écran de fumée. Les personnes que vous croyiez solides s’avèrent fragiles comme un miroir et changeantes comme la lumière. Et puis vous baissez les yeux et vous trouvez les autres que vous considériez comme un dû, ces personnes qui vous servent de fondations. Il y a un an, j’aurais dit que nous étions proches, Corinne et moi, mais c’était en fait une proximité spatiale plus qu’un lien réel. Nous étions des connaissances par défaut : on s’offrait des cadeaux de Noël et on allait manger des tapas le jeudi soir, pas tant parce que nous partagions les mêmes centres d’intérêt mais parce qu’on bossait tellement dur et tellement longtemps qu’il nous semblait plus simple de poursuivre nos conversations codées en dehors du cadre du travail plutôt que de s’ouvrir aux autres et leur apprendre notre langage.
C’est dingue à quel point les événements et la vérité peuvent être remodelés, comme une boule de cire qu’on aurait laissée trop longtemps au soleil. Les faits n’existent pas. Il n’y a que la manière dont on les perçoit à un moment donné. La manière dont on les rapporte. La manière dont notre cerveau les assimile. On ne peut dissocier le narrateur de l’histoire.
Vous aimerez aussi :
Challenge 2019/2020 |
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire