vendredi 11 octobre 2019

Interview de Sandrine Leturcq, auteur de La lampe au chapeau - 9 octobre 2019

  

Bonjour Sandrine Leturcq. Vous avez récemment publié La lampe au chapeau aux Editions Carnets de Sel.
Pouvez-vous vous présenter et décrire votre parcours ?  
Quand et comment êtes-vous venue à l’écriture ?

Bonjour Cannetille. Je suis venue à l’écriture avec la lecture. A l’école primaire je lisais mes propres contes et nouvelles aux plus jeunes, au collège, j’écrivais des nouvelles fantastiques. Au lycée arriva le choix de mon orientation professionnelle... impossible de décider de devenir écrivain, d’ailleurs était-ce vraiment un métier ? Pouvait-on en vivre ? Non. J’ai alors pris exemple sur Borges en choisissant la voie de professeure documentaliste en passant le CAPES documentation en 1995 : bibliothécaire, oui, mais dans un lycée, de façon à donner le goût de lire non pas à des lecteurs déjà convertis mais à toute une génération scolarisée avant l’âge adulte. 
Et finalement, dès mon entrée dans le métier, je suis entrée au comité de rédaction de la revue professionnelle des professeurs documentalistes, InterCDI, j’ai rédigé plusieurs dizaines d’articles, et un essai sur l'écrivain Jacques Sternberg, chez l’Harmattan. J’ai également une formation semi-professionnelle de scénariste en long-métrage et bande dessinée. La Lampe au chapeau est mon premier roman publié. 


Qu’est-ce qui vous a donné envie d’écrire La lampe au chapeau ?
 
J’ai grandi à Bruay-en-Artois, le long de cette grande avenue Augustin Flament, au cœur de ces corons au bout desquels s’élevaient un chevalet et un terril, auxquels on ne pouvait pas accéder parce qu’ils étaient gardés par un portail toujours fermé. C’était un lieu chargé de mystère dont mes grands-parents ne parlaient quasiment jamais, si ce n’est pour dire que c’était un véritable bagne et dont ils n’ont gardé quasiment aucun objet – souvenir. Et puis il y avait aussi tout ce passé énigmatique qui entourait mon grand-père qui, rentré de la guerre, avait trouvé porte close en arrivant chez sa mère. Partant de cette anecdote, j’ai imaginé un premier chapitre. Et le reste s’est déroulé peu à peu, avec l’arrivée d’un second protagoniste. 


Ce roman se déroule dans un cadre que vous connaissez bien : Bruay-en-Artois. Vous êtes-vous inspirée de personnages ou d'anecdotes réels ?


Il y a un peu de mes aïeux dans quatre personnages du roman, même s’ils s’en détachent et ont pris vie différemment, notamment mon grand-père paternel dans le personnage de Jean, de ma grand-mère dans celui de Violette, de mon grand-père maternel dans le personnage de Baptiste, de ma grand-tante dans celui de Victoire. Mais c’est juste quelques touches, quelques traits de caractère pour leur donner corps puis pour les regarder se développer suivant la trajectoire que je leur ai donné, suivant leur propre histoire : ce sont des personnages fictifs.


Votre livre restitue également les grandes transformations historiques de la France pendant les Trente Glorieuses. Quelles ont été vos sources ?

Au fur et à mesure de l’avancée de l’histoire, je me suis laissée porter par les personnages, par les époques, et de fil en aiguille je suis passée de l’immédiat après-guerre – de 1945 – à 1973, au premier choc pétrolier, et petit à petit, il a fallu que je me documente un peu plus sur chacune de ces époques puisque les personnages sont vraiment marqués par l’Histoire. Les ouvrages de Charles Toursel m’ont été précieux pour retrouver le Bruay-en-Artois de l’époque, non seulement sur la mine mais aussi sur cette époque des Trente Glorieuses sur ce bout de territoire, pour ces corons. Il y a eu bien évidement ceux de Benjamin Stora pour tout ce qui concerne la guerre d’Algérie, et puis le Canard Enchaîné qui m’a littéralement ouvert ses portes et ses archives, en l’occurrence Gilles Drapeau. J’ai cité précisément mes sources à la fin de mon roman, ce qui n’est pas courant pour une fiction. Une façon de rappeler que l’on n’écrit pas à partir de rien, qu’on nourrit son écriture par ses lectures.


Vous avez fondé votre maison d’édition Carnets de Sel. Quelle est votre ligne éditoriale ? Pourquoi ce nom ?

Carnets de Sel est une maison d'édition généraliste publiant des ouvrages documentaires ou de fiction incitant à la réflexion, à la construction de soi, à la découverte culturelle et artistique. Nous ouvrons notre catalogue en 2019 avec un roman socio-historique, un essai ethnologique et un album jeunesse. C’est une maison d’édition qui a la volonté de ne pas être dans un mouvement directif et descendant vis-à-vis de ses auteurs, mais qui privilégie la concertation avec les auteurs dans ses choix éditoriaux, de l’acceptation du manuscrit jusqu’à la diffusion du livre. Elle favorise un travail d'équipe enrichissant pour chaque partie.

Nous avons cherché durant un an un nom pour cette maison d’édition, quand nous avons créé l’association. Et un seul s’est imposé : Carnets de Sel, c’est le nom du blog littéraire que je tenais depuis septembre 2005, et qui, depuis la naissance de la maison d’édition, hiberne...


Avez-vous d’autres passions en dehors des livres ?

En dehors de la lecture et de l’écriture, je me passionne pour l’histoire des arts – la danse contemporaine, l’architecture, l’Art nouveau et le cinéma notamment – et je suis toujours en quête de découvertes grâce aux voyages et à la fréquentation de lieux culturels et de festivals.


Travaillez-vous en ce moment à un nouvel ouvrage ?

J’ai écrit deux autres romans avant celui-ci, deux scénarios de bande dessinée, un long-métrage, une web-série, des court-métrages, des albums jeunesse,... mais tout ceci reste pour l’instant dans mes tiroirs. J’entame un quatrième roman. 


Merci Sandrine Leturcq d’avoir répondu à mes questions.
(Interview de Cannetille le 9 octobre 2019) 

La lampe au chapeau est disponible sur le site des Editions Carnets de Sel.
Retrouvez ici ma chronique de La lampe au chapeau.




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