vendredi 31 mai 2019

[Lequiller, François] Les dunes du Cotentin (Tome 1) : L'appel du large





J'ai aimé

Titre : Les dunes du Cotentin
          Tome 1 : L'appel du large

Auteur : François LEQUILLER

Illustrations : Elisabeth LEQUILLER

Année de parution : 2018

Editeur : Eurocibles

Pages : 496








 

Présentation de l'éditeur :   

Nous sommes en 1895 dans une famille pauvre du bord de mer. Une maman accouche dans des conditions dramatiques. Au même moment, dans un contraste saisissant, l’épouse d’un riche armateur marseillais met au monde sa fille dans la clinique la plus moderne de Marseille. 

Dès le début du premier tome de cette trilogie, on est emporté dans les aventures d’Augustin Marie, fils de l’estran, à la volonté farouche, que « l’appel du large » va conduire à croiser la route de Juliette, jeune femme qui veut se libérer du carcan de sa famille bourgeoise. Cette épopée familiale et historique nous immerge dans la dure vie des paysans d’un village du Cotentin, depuis les conflits de l’affaire Dreyfus, de l’anticléricalisme et de la montée du communisme, en passant, sous les lustres brillants de la « Belle Époque », par les rencontres sulfureuses avec les peintres de Montparnasse, jusqu’à, inévitablement, la confrontation terrible aux affres de la Grande Guerre, dont on commémore aujourd’hui le centenaire. 

Au-delà du héros que ses racines ramènent toujours à ses dunes et à sa terre natale, ce premier volet, qui se lit comme un tout, met en scène l’extraordinaire diversité des destinées de ses proches, frères, soeurs, parents et d’un être malfaisant que l’on retrouvera tous dans le volume suivant qui couvrira la période 1919 – 1945 et que l’auteur nous promet pour la fin 2018.



Le mot de l'éditeur sur l'auteur :

François Lequiller est un statisticien-économiste, qui, après avoir fait une carrière dans l’administration économique française, a été en poste dans plusieurs organisations internationales et, à ce titre, a roulé sa bosse en Afrique, en Europe et aux États-Unis. Il est marié et a deux enfants. Depuis dix-huit ans, le destin l’a conduit à acheter une « longère » dans un petit hameau du Cotentin, entre Coutances et Granville. 

Il a raconté dans la trilogie Le Pont de la Roque les aventures d'Isabelle Colas, son héroïne inspectrice de police. Ce premier volume des Dunes du Cotentin (1895-1918) ouvre la saga d'une famille issue de cette belle région, la famille Marie, qui conduira le lecteur, s'il le veut bien, jusqu'à la fin du 20e siècle.

Retrouvez ici mon interview de François Lequiller.




Avis :

L’appel du large est le premier tome d’une trilogie consacrée au parcours, tout au long du 20e siècle, d’une famille originaire du Cotentin. Ce premier volet, qui peut se lire indépendamment de la suite, couvre la période 1895-1918. L’histoire s’ouvre sur l‘enfance d’Augustin Marie, au sein d’une famille pauvre des alentours de Coutances, qui vivote péniblement des activités de chaumier du père et de pêcheuse à pied de la mère. Remarqué pour ses capacités et pour son intelligence, Augustin doit malgré tout sacrifier sa scolarité pour subvenir aux besoins des siens. Monté à Paris, il parvient à faire son chemin, qui croise celui de Juliette, fille d’un riche armateur marseillais. C’est alors qu’éclate la Grande Guerre, qui vient transformer en profondeur la société française.

Le destin d’Augustin est l’occasion de faire revivre la France de la Belle Epoque, profondément rurale et encore très hiérarchisée : un fort contraste sépare la rude vie paysanne et ouvrière du pouvoir et de la fortune de la grande bourgeoisie d’affaires, que la multiplication des spéculations internationales permet d’enrichir rapidement. Les différentes facettes de la société de cette période apparaissent tour à tour dans une évocation intéressante, qui transporte le lecteur du bord de mer manchois à l’effervescence parisienne, en passant par le port de Marseille et les tranchées de Champagne.

J’ai particulièrement aimé la première partie de cette histoire, qui nous emmène à la découverte du Cotentin de jadis, dans une évocation vivide aux mille détails authentiques qui doit sans doute beaucoup à l’attachement de l’auteur à cette région. Aussi ai-je regretté que cette touche locale disparaisse ensuite du reste du roman, moins pittoresque et plus convenu. Les péripéties que l’on voit assez facilement venir intéressent surtout pour le contexte historique qu’elles mettent agréablement en relief.

L’écriture est fluide, habile à restituer les atmosphères, tandis que les dialogues sonnent juste. Si l’ensemble est doté de grandes qualités d’évocation visuelle, le déroulement patient et minutieux du récit m’a toutefois semblé trop tenir l’émotion à distance, lissant du coup les personnages principaux.

L’appel du large est au final un agréable roman historique, qui plaira à tout lecteur intéressé par le Cotentin, mais aussi par la Belle Epoque et la Grande Guerre en France. A noter les jolies illustrations d’Elisabeth Lequiller, épouse de l’auteur et artiste-peintre. (3/5)

Merci à François Lequiller pour sa confiance.




Citation :

Depuis qu'elle avait revu Augustin au cours de la cérémonie de la communion, Espérance avait envie de lui parler. Ils avaient défilé presque côte à côte. Il était si mignon avec sa toute petite bougie. Son père lui avait délicatement expliqué que la taille de la bougie était proportionnelle aux revenus de la famille. Les gens de rien se contentaient de petites bougies. A défaut de comprendre les mots compliqués "d'inégalité sociale", celle-ci s'était donc matérialisée devant les yeux d'Espérance d'une manière très originale. Et elle avait presque honte de son quasi-candélabre.

Le coin des curieux :

Parmi les nombreuses espèces de coquillages des côtes du Cotentin, il en est une qui se rencontre exclusivement sur le littoral granvillais et dans les îles Chausey : le fia, ou mactre en français, qu'Augustin pêche dans L'appel du large.

Parfois confondu à tort avec le clam, le fia s’en distingue par une coquille beaucoup plus fine et très fragile qui en rend impossible la pêche industrielle à la drague. Comme tous les coquillages fouisseurs, le fia se nourrit et respire en filtrant l’eau grâce à ses deux siphons, ces organes tubulaires qu’il place à a surface du sable et dont la trace signale sa présence lorsque la mer se retire. 

Il faut l’extraire à l’aide d’une bêche, en douceur pour ne pas briser sa coquille, et finir le travail à la main en veillant à ne pas se couper sur les bords très coupants du coquillage. Sa taille peut atteindre dix à douze centimètres de long. En cuisine, il faut vider les fias : on ne conserve que la langue orangée et les muscles qui ferment la coquille, en éliminant la baguette gélatineuse de son tube digestif. On les consomme cuits ou crus, coupés fins. Impossibles à trouver en poissonnerie, il faut les pêcher soi-même pour pouvoir les déguster : on les dit délicieux.

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