dimanche 31 mai 2020

[Lequiller, François] Amaïké






J'ai aimé

 

Titre : Amaïké

Auteur : François LEQUILLER

Editeur : Eurocibles

Année de parution : 2020

Pages : 470

 

 

 

 

 

 

 

Présentation de l'éditeur :   

Nous sommes en 1872. Deux mondes séparés par l’immense océan Atlantique vont se dessiner peu à peu sous vos yeux. D’un côté, le monde étonnant, animiste, brutal et tragique des Indiens « mapuches » de la pampa argentine, au pied de la Cordillère des Andes. De l’autre, le monde aux traditions séculaires des paysans et des hobereaux de la Manche qui se transforme sous l’influence de la IIIe République et de la révolution industrielle. Vous allez frémir pour le sort d’une très jeune héroïne indienne plongée dans les guerres d’une violence inouïe au sein de l’Argentine conquérante et sans pitié des années 1870. Vous allez vivre la lente évolution de la personnalité d’un jeune aristocrate du pays de Coutances qui veut se défaire des préjugés de sa caste et du destin tout tracé qu’on lui prépare. Par quel miracle, deux histoires parallèles qui, comme des droites en géométrie, ne devraient jamais se croiser, vont finir par le faire ? Qui va être le trait d’union entre elles ? Ce roman d’amour, historique, très documenté, au style fluide et inspiré de faits réels, se lit comme un conte de fées pour adultes.

 

 

Le mot de l'éditeur sur l'auteur :

François Lequiller est un statisticien-économiste, qui, après avoir fait une carrière dans l’administration économique française, a été en poste dans plusieurs organisations internationales et, à ce titre, a roulé sa bosse en Afrique, en Europe et aux États-Unis. Il est marié et a deux enfants. Il y a vingt ans, le destin l’a conduit à acheter une maison dans un hameau du Cotentin, entre Coutances et Granville. Depuis, cette région est devenue son pays d'adoption. Il a raconté dans sa première trilogie, Le Pont de la Roque, les aventures d'Isabelle Colas, son héroïne inspectrice de police. Dans sa deuxième trilogie, Les Dunes du Cotentin, il a relaté l'extraordinaire saga de la famille Marie, avec laquelle il nous a fait traverser le XXe siècle. Avec Amaïké, il nous plonge, en plein XIXe siècle, dans un récit qui relie étonnamment la douce contrée du Cotentin et la sauvage pampa argentine.

Retrouvez ici mon interview de François Lequiller.


 

Avis :

A la fin des années 1870, après le massacre de son clan lors de la conquête des terres sous domination mapuche par l’armée argentine, la très jeune Amaïké est adoptée par l’ambassadeur de France à Buenos Aires. A l’adolescence, elle viendra parfaire à Paris l’éducation de jeune aristocrate française qu’elle est devenue, et finira par rencontrer l’amour en la personne de Constantin de Mareuil, descendant d’une noble famille de la Manche, qui l’épousera envers et contre tous les préjugés.

François Lequiller s’est inspiré de l’histoire vraie de l’amérindienne mapuche Lokoma, relatée en 1886 par Emile Daireaux, explorateur et journaliste français originaire de la Manche. Il a laissé libre cours à son imagination pour nous emmener dans sa version largement romancée, qui, sérieusement documentée et servie par la fluidité de sa plume, offre un moment de lecture agréable et captivant.

Au global très idyllique, puisque le récit choisit de nous charmer par une interprétation très positive de cette histoire, abordant assez discrètement le déchirement qui a sans doute longtemps torturé cette amérindienne violemment coupée de son identité première, tout comme l’ostracisme auquel elle a indubitablement souvent dû être confrontée, ce roman prend des allures de conte merveilleux, où l’on s’immerge tour à tour, avec le même plaisir, dans la pampa argentine ensanglantée par ses terribles guerres génocides, et dans le paisible bocage manchot que connaît si bien l’auteur.

Le versant sud-américain du roman est l’occasion de découvrir des événements historiques parfois surprenants - comme la construction des 374 kilomètres de la Tranchée d’Alsina, ordonnée par le ministre argentin du même nom pour servir de limite aux territoires non conquis et empêcher les vols de bétail -, en tout cas profondément dramatiques puisque la Campagne du Désert du général et futur président Julio Argentino Roca fut lancée dans l’intention d’exterminer les populations autochtones. Le roman s’attache aussi à restituer des éléments du mode de vie mapuche, dans une évocation crédible à un détail près : je ne suis pas sûre que le jeune Nahuel ait répugné autant à certaines pratiques de chasse, sans doute tout à fait naturelles pour un enfant amérindien de l’époque ?

J’ai pris grand plaisir à cette lecture au charme certain, agréablement souligné par les jolies aquarelles d’Elisabeth Lequiller. Ce livre est une invitation réussie au voyage, historique, géographique et culturel, et une interprétation personnelle plutôt enchanteresse d’une histoire véridique d’un grand intérêt. (3/5)

Un grand merci à François Lequiller pour le privilège de son service presse.

 

Citations :

"Toute tentative violente de faire pénétrer les mœurs européennes entraînera la ruine de ceux qui s’y sacrifieront, sans avancer d’une heure la conquête des territoires pampéen et patagonien, qui, l’Indien disparu, resteront dépeuplés et ne seront pas conquis, faute d’offrir à la race blanche les conditions d’habitat qu’elle exige. Mince profit, qui ne saurait excuser la destruction d’une race humaine qu’il serait injuste autant que nuisible d’arrêter dans l’accomplissement de sa destinée". (La Revue des Deux Mondes, 1878)

La lune était pleine et éclairait la plaine infinie d’une lueur blafarde. Au loin, vers le sud, il y avait comme des millions de grains de givre. C’était le sel de la lagune, résidu de l’évaporation sous les rayons torrides du soleil de la veille, qui s’était déposé sur le sol et que les faibles rais de la lune suffisaient à faire briller comme des diamants. Ranco Cura, qui guidait le cortège de chevaux, avait choisi de passer par ce chemin perdu. A gauche comme à droite d’une piste invisible bordée d’une boue noirâtre exhalant une odeur fétide, on pouvait facilement se perdre. En saison humide, quand les pluies tombaient en cataracte, des troupeaux entiers pouvaient s’enliser dans les fondrières et carrément disparaître. On racontait qu’il y avait un endroit où seules apparaissaient des milliers de paires de cornes tandis que les vaches, les bœufs et les taureaux qui les portaient étaient dessous, entièrement recouverts de boue et momifiés.

 

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