mardi 14 mai 2019

[Etxeberria-Lanz, Marc] Andoni (Tome1) : La fuite






J'ai moyennement aimé

Titre : Andoni (Tome1) : La fuite 

Auteur : Marc ETXEBERRIA-LANZ

Année de parution : 2018

Editeur : Publishroom

Pages : 260








 

Présentation de l'éditeur :   

Andoni et Telesforo se retrouvent, à l'âge de huit ans, expulsés au coeur de la guerre civile espagnole.

En ce mois de juillet 1936, Andoni et Telesforo deux enfants de huit ans jouent au football dans un square d'Irún. Cette partie sera leur dernière car quelques jours plus tard, le général rebelle Mola met le Pays basque à feu et à sang.

Le père d'Andoni, Iñigo Larunari-Atxeari, en bon soldat discipliné, s'en va rejoindre les milices basques restées fidèles à la République. À l'inverse, le père de Telesforo, le juge Gonzalo trahit sans vergogne la cause basque qu'il venait d'épouser, pour rejoindre le camp de la rébellion ! L'enfance d'Andoni et de Telesforo vient d'être plongée à tout jamais dans les affres de la violence indicible d'une guerre civile.

Il ne reste plus qu'à accompagner la fuite d'Andoni pour essayer de reconstituer ces temps de violence extrême, née de l'alliance discrète des élites économiques avec les militaires fascistes ! La Seconde Guerre mondiale vient de débuter en Euzkadi...

Découvrez sans plus attendre ce roman qui retrace l'existence de jeunes basques au coeur du conflit espagnol à la veille de la Seconde Guerre Mondiale.

 

 

Le mot de l'éditeur sur l'auteur : 

C'est en explorant le grenier d'une vieille ferme basque que Marc Etxeberria-Lanz a découvert un étonnant « trésor » !
Ce jour-là, il a compris que le traumatisme de la guerre d'Espagne avait été enfoui dans une mémoire morte indéfinie puisque sa famille appartenait au camp des vaincus.
L'harmoniste reclusien a provisoirement posé son sac à dos pour avoir le temps de reconstituer puis d'écrire ce drame familial oublié.


Consultez ici mon interview de Marc Etxeberria le 27 Mai 2019.

 

 

Avis :

Merci à PartageLecture et à Publishroom de m’avoir permis de découvrir ce roman dans le cadre de leur partenariat.

Andoni, âgé d’une dizaine d’années, vit avec ses parents et ses deux frères aînés en pays basque espagnol, lorsque, en 1936, s’allume la guerre civile en Espagne. Pendant que son père, fidèle au camp républicain, se retrouve confronté à la violence des combats, qui divisent cruellement la communauté basque mais aussi souvent les familles-mêmes, sa mère décide de fuir en France pour protéger les trois enfants.

Après plusieurs jours de traversée clandestine des Pyrénées, à pied, mère et fils découvrent l’hostilité d’une population française, très réticente face à l’afflux de réfugiés étrangers étiquetés « rouges », dans un contexte général de montée des fascismes en Europe. Le quatuor rejoint bientôt un camp de réfugiés ouvert pour leurs compatriotes en Ardèche. Qu’adviendra-t-il d’eux alors que la seconde guerre mondiale éclate à son tour ? Reverront-ils leur mari et père, dont ils sont sans nouvelles depuis la défaite des Républicains et le triomphe de Franco en Espagne ?

L’auteur nous livre une histoire familiale vraie, forte et prenante, où l’on ne peut que s’attacher aux personnages, emportés malgré tout leur courage dans une tourmente irrépressible. C’est tout un pan d’Histoire qui se dévoile dans ce récit : la genèse puis le développement des luttes fratricides qui conduisirent à la dictature en Espagne, plus spécifiquement la volonté politique d’en profiter pour anéantir le nationalisme basque, et plus largement l’ombre du fascisme qui tenta de dominer le monde dans les années trente et quarante.


Très engagé et doté de convictions fortes, l’auteur a donné une grande importance au contexte politique. Fouillé et détaillé, celui-ci en devient malheureusement parfois difficile à suivre, et alourdit souvent la narration par des répétitions inutiles. Aussi intéressante soit-elle, il me semble que cette démonstration trop appuyée nuit au fil romanesque, tandis qu’à trop vouloir convaincre, elle finit presque par ennuyer. Le message aurait gagné en efficacité et en agrément à laisser davantage le récit et les personnages parler d’eux-mêmes.


Je conserve donc une impression mitigée de ce roman, porté par une histoire forte et intéressante, mais affaiblie à mes yeux par une rédaction trop politique et verbeuse. (2/5)

 

 

Citations :

"Diego, Pablo, Andoni, écoutez-moi bien ! Ce que je vais vous dire à présent est de la plus haute importance. Ce n'est ni facile à expliquer ni à comprendre surtout pour des enfants mais dès que j'en aurai fini, il n'y aura pas de retour en arrière. Vous êtes nés en Espagne, vous alliez devenir basques mais comme la guerre est annoncée au Pays basque, en Navarre et en Espagne même si ce ne sont que des rumeurs, nous allons quitter ce pays. Vous serez à tout jamais des exilés, des parias, car nous allons nous réfugier en France".
Elle s'arrêta pour reprendre son souffle.
"Vous trois, avec moi ! Papa reste en Espagne, il ne peut pas nous suivre, il serait considéré comme un déserteur en France !" 


Don Javier Gonzalo était un homme irritable qui haïssait presque tout le monde. Et si l'on ne devinait rien de ses incessants tourments lorsqu'on le croisait dans la rue, c'est tout simplement parce qu'il arrivait à masquer sa douleur derrière une composition agréable qu'accentuait un visage de papier glacé parfaitement lisse.


Le coin des curieux :

Marc Etxeberria-Lanz se revendique harmoniste reclusien.

Le terme harmoniste est utilisé par le théoricien anarchiste Elisée Reclus, pour désigner les libertaires ou anarchistes, la société anarchiste étant basée sur l'harmonie de tout le corps social et économique.

Elisée Reclus est un géographe et un anarchiste français de la seconde moitié du 19e siècle. Issu d’une fratrie de dix-sept enfants et destiné un temps à devenir pasteur, il voyage beaucoup, soutenant notamment les Nordistes pendant la guerre de Sécession. Rentré en France, il donne des cours de langues et entre à la Société de Géographie. Fervent socialiste, il est emprisonné presque un an et condamné à la déportation pour avoir rejoint les insurgés de la Commune. Sa peine étant commuée en dix ans de bannissement suite à une pétition internationale, il s’installe en Suisse. Il y poursuit ses activités politiques et entreprend la rédaction d’une abondante œuvre littéraire et scientifique, dont les ouvrages les plus connus sont Nouvelle Géographie universelle et L’homme et la terre. Considéré comme le plus grand géographe de son temps et un précurseur de l’écologie, remarquable pour ses idées très anti-conformistes à l’époque (Communard, végétarien, adepte de l’union libre, militant anti-esclavagiste et théoricien de l’anarchisme), il est aujourd’hui  tombé dans un relatif oubli en raison de son bannissement politique.


Quelques citations :
L’histoire nous dit que toute obéissance est une abdication, que toute servitude est une mort anticipée.

Un jour, aujourd’hui, demain, plus tard… nous abolirons l’argent.

L’opprimé a le droit de résister par tous les moyens à l’oppression et la défense armée d’un droit n’est pas la violence !

Celui qui commande se déprave, celui qui obéit se rapetisse. La morale qui naît de la hiérarchie sociale est forcément corrompue.

Notre paix future ne doit pas naître de la domination indiscutée des uns et de l’asservissement sans espoir des autres, mais de la bonne et franche égalité entre compagnons.

L’anarchie est la plus haute expression de l’ordre.

La Terre devrait être soignée comme un grand corps, dont la respiration accomplie par les forêts se réglerait conformément à une méthode scientifique ; elle a ses poumons que les hommes devraient respecter puisque leur propre hygiène en dépend.



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4 commentaires:

  1. Servir une cause risque souvent de voir s'emballer le défenseur et c'est sans doute ce qui est survenu ici...

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    1. D'après son parcours et ses déclarations, l'auteur semble en effet mettre beaucoup de passion dans ses engagements.

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  2. Bonjour,

    J'ai bien apprécié votre critique et j'ai aussi noté vos remarques. J'en tiendrais compte à l'avenir puisque je continue à écrire à présent que j'ai du temps libéré !
    J'ai aussi noté votre commentaire parfait sur Elisée Reclus.
    Je voulais juste apporter une précision : si je me définis comme harmoniste reclusien, ce n'est pas pour faire joli. Comme vous le savez les mots d'anarchie ou d'acratie ont tellement été galvaudés ou ignorés que, comme Elisée Reclus, je ne les utilise plus !
    En revanche, la philosophie reclusienne m'accompagne tous les jours !
    Et croyez moi, de ne plus courir après une quelconque abbaye de Thélème comme j'ai pu le faire durant presque quarante ans, est aujourd'hui bien agréable !
    Plus amusant : lorsque je passe à Saint Foy la Grande devant le lycée Elisée Reclus, je suis toujours étonné même je reste persuadé qu'il vaut mieux un lycée Elisée Reclus qu'un lycée Maximilen Robespierre !
    Pour terminer ce commentaire : Appartenant au camp des vaincus comme Reclus, j'ai pu mesurer la faible représentation des gens de peu dans l'histoire officielle, ceci peut expliquer la vindicte excessive à l'encontre des vainqueurs qui ressort dans mes propos.
    Bien cordialement Marc Etxe

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    1. Bonjour et merci pour votre attention.
      A vous lire, une évidence s'impose : votre sincérité, sans laquelle vous n'emploieriez pas tant de fougue ni d'ardeur à convaincre. Grâce à vous, j'ai découvert Elisée Reclus, personnage si étonnant pour son siècle, et dont on peut se demander ce qu'il penserait de nos jours ?
      Puisque j'ai le plaisir de vous parler directement, j'aimerais vous proposer, si vous le permettez, de paraître dans ma page Interviews. Si le coeur vous en dit, faites moi signe via le formulaire de contact (en colonne de gauche).
      Au plaisir de lire votre prochain ouvrage,
      Cannetille

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