samedi 5 novembre 2022

[Bailly, Pierric] Le Roman de Jim

 


 

 

J'ai beaucoup aimé

 

Titre : Le Roman de Jim

Auteur : Pierric BAILLY

Parution : 2021 (P.O.L)

Pages : 256

 

 

 

 

 

 

 

Présentation de l'éditeur :     

À vingt-cinq ans, après une séparation non souhaitée et un séjour en prison, Aymeric, le narrateur, essaie de reprendre contact avec le monde extérieur. À l’occasion d’un concert, il retrouve Florence avec qui il a travaillé quelques années plus tôt. Florence est plus âgée, elle a maintenant quarante ans. Elle est enceinte de six mois et célibataire. Jim va naître. Aymeric assiste à la naissance de l’enfant, et durant les premières années de sa vie, il s’investit auprès de lui comme s’il était son père. D’ailleurs, Jim lui-même pense être le fils d’Aymeric. Ils vivent tous les trois dans un climat harmonieux, en pleine nature, entre vastes combes et forêts d’épicéas.  Jusqu’au jour où Christophe, le père biologique du garçon, réapparaît.  La relation entre Aymeric et Jim, l’enfant de Florence, est le coeur de l’intrigue. C’est un roman sur la paternité. Aymeric sera séparé de Jim. Il va souffrir d’un arrachement face auquel il ne peut rien. Mais se donne-t-il vraiment les moyens de s’en sortir ? Aymeric multiplie les contrats précaires dans la grande distribution, les usines de plasturgie ou la restauration rapide. Plus tard, il est même photographe de mariage. Une grande partie de l’histoire se déroule à Lyon. Jusqu’au bout, Aymeric reste obsédé par cet enfant qu’il a vu naître et grandir, et qui lui a été enlevé, avec lequel il ne sait pas toujours observer la bonne distance, ni occuper la bonne place.

 

 

Le mot de l'éditeur sur l'auteur :  

Né le 14 août 1982 à Champagnole dans le Jura, Pierric Bailly vit à Lyon et travaille en intérim.

 

 

Avis :

Aymeric a vingt-cinq ans mais ne sait que faire de sa vie après une séparation et un séjour en prison. Ses retrouvailles fortuites avec une ancienne connaissance, Florence, quadragénaire célibataire et enceinte de six mois, lui offrent un nouveau départ. Et lorsque Jim naît, c’est tout naturellement qu’Aymeric se glisse dans le rôle du père. Les années coulent paisiblement, jusqu’à ce que Christophe, le père biologique du garçon, fasse irruption...

Rien ne va comme sur des roulettes dans l’existence d’Aymeric. Après un parcours scolaire écourté, quelques erreurs de jeunesse et une rupture amoureuse, certains pourraient même dire que tout n’est que ratages et maladroits tâtonnements dans la vie du jeune homme, alors que la précarité semble sa seule perspective durable. Pourtant, ou peut-être justement, lui tombe dessus ce qu’il est d’ailleurs le seul dans son entourage à envisager comme un cadeau de la vie : l’enfant sans père d’une femme passablement marginale, de quinze ans son aînée.

Se produit alors l’un de ces miracles qui n’existent peut-être que dans les romans. Malgré l’instabilité et les difficultés sociales, professionnelles et économiques assumées du couple, définitivement en rupture avec les schémas de vie classiques et les engagements qu’ils impliquent, l’enfant grandit sainement et sereinement, tuteuré par l’amour de ceux qu’il prend pour ses deux parents. Surtout, beau-père exemplaire, Aymeric réussit à nous conquérir au fil d'une narration touchante de sincérité et de maladroite volonté de bien faire, où les bons sentiments l’emportent tout en restant mesurés et crédibles. Et c’est un lecteur définitivement harponné qui aborde avec anxiété la partie la plus mélodramatique du récit, marquée par un inextricable enchaînement de mensonges et de rebondissements.

La finesse et l’émotion de cette tendre histoire de paternité font ainsi aisément passer ses aspects les plus idéalistes et son style décontracté, émaillé de quelques expressions triviales. C’est sous le charme qu’on achève cette lecture aussi touchante qu’originale. (4/5)

 

 

Citations :

Mais c’est ma mère. Finalement je suis comme le raciste qui déteste tous les Arabes sauf son voisin, moi je déteste tous les racistes sauf ma mère.

(…)  il me regarde fixement et s’exclame : c’est fou comme il te ressemble, ton fils. Mais ce n’était pas si bête comme remarque. Jim avait beau ne pas être mon fils de sang, je lui avais forcément transmis des attitudes, des traits de caractère, le genre de choses qu’on donne sans s’en rendre compte et sans le vouloir, et puis qu’on finit par avoir du mal à tolérer chez eux, c’est ça le pire. Il y a toujours un moment où on leur en veut d’être ces miroirs miniatures sur pattes. Mais on leur en veut aussi de ne pas nous ressembler totalement, de ne pas être des clones parfaits, d’avoir en plus de ça leur putain de personnalité à eux.


 

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