dimanche 19 juin 2022

[Harper, Elodie] L'antre des louves

 



 

J'ai beaucoup aimé

 

Titre : L'antre des louves (The Wolf Den)        

Auteur : Elodie HARPER

Traduction : Manon MALAIS

Parution : 2021 en anglais,
                  2022 en français (Calmann Lévy)

Pages : 494

 

 

 

 

 

 

Présentation de l'éditeur : 

Bienvenue à Pompéi, en l’an 74 avant notre ère. Amara, jeune grecque instruite mais réduite en esclavage après la mort de son père, est vendue à bas prix à un lupanar sordide, l’Antre des Louves, dirigé par Félix, un homme violent et imprévisible. L’impétueuse Amara comprend vite que la cité a beaucoup d’opportunités à offrir à celles qui savent les saisir. Avec les autres prostituées, qui deviennent sa famille de coeur, elle gravit les échelons d’une société où les hommes détiennent le pouvoir, forçant les femmes à constamment s’adapter pour survivre. Des ruelles animées de Pompéi aux recoins les plus sombres de l’Antre des Louves, nul n’imagine une seconde que les prostituées connaissent les règles du jeu mieux que quiconque. Amara va apprendre à utiliser et à contourner les codes de ce monde impitoyable afin de regagner sa liberté.

 

 

Le mot de l'éditeur sur l'auteur : 

Elodie Harper est journaliste. Elle est diplômée d’Oxford en littérature, où elle s’est découvert une passion pour la poésie antique. L’Antre des Louves est son premier roman.

 

 

Avis :

Le Lupanar de Pompéi – l’antre des louves en latin – est la maison close la plus célèbre des vestiges de la ville romaine. On peut aujourd’hui l’y visiter et découvrir les fresques érotiques et les graffitis qui couvrent ses murs. C’est là qu’Elodie Harper a imaginé, en 74, soit cinq ans avant la fatidique éruption du Vésuve, quand Pompéi était une ville prospère et animée, la vie d’une poignée d’esclaves, capturées dans des pays voisins ou simplement vendues par leurs familles sans ressources, et livrées à la prostitution par leur redoutable maître Félix.

Parmi elles, Amara, jeune femme cultivée d’origine grecque, sort du lot. Pendant que les autres filles, avec chacune leur histoire et leur personnalité, tentent de faire face avec plus ou moins de résignation à leur nouvelle condition de « biens meubles », sans espoir de recouvrer jamais la liberté, Amara se refuse à abdiquer toute volonté d’améliorer son sort, guettant farouchement la moindre opportunité d’échapper aux cruelles maltraitances de leur maître et de leurs clients des bas-fonds de la ville, et, à moyen terme, à la déchéance de plus en plus terrible qui attend les putains vieillissantes. Les drames frappent une à une les membres de la petite communauté, liée, malgré les inévitables rivalités, par une solidarité sans faille. Manoeuvrant sans relâche au prix de sacrifices exorbitants, Amara réussira-t-elle à s’extirper du misérable antre des louves, elle que son éducation et ses talents de musicienne permettent de louer pour des prestations privées dans de riches villas de la ville ?

Indéniablement romanesque mais construit avec un souci de réalisme que ne dépare pas l’exploit de ne jamais verser dans le trivial, le roman s’avère captivant, tant en raison de ses intrigues et de ses personnages attachants, que par sa vivante restitution des divers visages de Pompéi. De son port et ses ruelles, ses bains et ses tavernes, où toutes les conditions se croisent dans une atmosphère tantôt industrieuse, tantôt déchaînée à l’heure des Saturnales de décembre, aux luxuriantes villas somptueusement ornées de fresques et de mosaïques colorées, de frais bassins et de fontaines glougloutantes au coeur de jardins calmes comme ceux du studieux écrivain et naturaliste Pline ou enfiévrés par des dîners orgiaques ; du théâtre aux combats de gladiateurs et des innombrables graffitis encore lisibles aujourd’hui sur les murs de la cité antique aux vers des Sénèque, Pline l’Ancien, Ovide et bien d'autres ; des lieux publics animés à l’isolement de la nécropole ; c’est toute la ville et ses habitants qui reprennent vie de manière convaincante, au fil des ruses et du combat d’une femme pour sa liberté.

Action, émotion et suspense se conjuguent agréablement pour faire de ce premier roman une lecture facile et distrayante. Annoncé comme le premier volet d’une trilogie, il laisse encore à peine cinq ans à son personnage principal pour s’élever dans la société pompéienne, avant que l’éternité ne fige à jamais la ville toute entière. On a hâte de connaître la suite… (3,5/5)

 

 

Citation :  

Ce serait plus facile, se dit-elle, de ne rien désirer. De ne rien ressentir. A quoi bon vouloir quoi que ce soit – ou qui que ce soit – sans la liberté de choisir ?
 

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