samedi 17 avril 2021

[Puértolas, Romain] Sous le parapluie d'Adélaïde

 



 

 

Coup de coeur 💓

 

Titre : Sous le parapluie d'Adélaïde

Auteur : Romain PUERTOLAS

Parution : 2020 (Albin Michel)

Pages : 336

 

  

 

 

 

 

 

Présentation de l'éditeur :  

Le matin du 25 décembre, alors que le spectacle de Noël bat son plein sur la place de la ville de M, Rose Rivières, une jeune femme, est assassinée au beau milieu de la foule. Le comble est que sur les cinq cents personnes présentes, aucune n’a vu ni entendu quoi que ce soit. Sauf peut-être, cet insolite témoin, abrité sous le parapluie d’Adélaïde…

Romain Puértolas est décidément un maître des coups de théâtre. De fausse piste en rebondissement, tel un Sherlock Holmes, il poursuit une enquête littéraire qui vous mènera là où vous ne vous y attendiez pas !

 

Le mot de l'éditeur sur l'auteur :

Romain Puértolas est né à Montpellier en 1975. Tour à tour compositeur, professeur de langues, traducteur-interprète, il est à présent capitaine de police en congés. Depuis 2014 et le succès de L’extraordinaire voyage du fakir qui était resté coincé dans une armoire Ikéa, il se consacre entièrement à l’écriture. Également scénariste, il participe actuellement à un film d'animation. Son roman La Police des fleurs, des arbres et des forêts a paru en 2019 aux éditions Albin Michel.


 

Avis :

A l'insu de tous, Rose Rivière est étranglée au milieu de la foule, rassemblée sur la place de la ville de M. pour assister, sous la pluie, au spectacle de Noël. Seul indice : les deux mains noires qui enserrent le cou de la jeune femme, sur l'un des clichés d'ensemble pris par le journaliste qui couvrait la manifestation. Il n'en faut pas plus pour faire inculper l'unique homme à la peau noire résidant à M. Persuadée de son innocence, son avocate commise d'office mène l'enquête.

Quel plaisir de retrouver le ton et la manière de La police des fleurs, des arbres et de la forêt, dans un tout aussi impeccable numéro d'écrivain-illusionniste. Nous voici donc à nouveau dans la tête d'un enquêteur, en l'occurrence une enquêtrice, pleine de l'assurance enthousiaste et optimiste de la jeunesse, et bien déterminée à conclure une investigation il faut le dire menée avec brio. Sauf qu'encore une fois, aussi brillant soit-il, aucun raisonnement ne tient sans les bonnes données d'entrée. De fausses pistes en multiples péripéties, le récit cueillera tout le monde par la surprise de son twist final, pour la plus grande joie du lecteur et aux pires dépens de la narratrice et de son client.

Romain Puértolas nous offre un nouveau et très réussi moment de légèreté facétieuse, où il semble prendre autant de plaisir que ses lecteurs à les promener dans un jeu de dupes aux imparables coups de théâtre. En même temps, sous l'irrésistible mascarade, perce une terrible pointe d'amertume : celle de la désillusion d'une narratrice cruellement dessillée quant à la féroce roublardise du destin, qui aura emporté ses victimes avec la plus grande injustice. Il ne faisait pas toujours bon être femme ou avoir la peau noire dans ces années vingt... Coup de coeur. (5/5)

 

Citations :

Son attention a été capturée par cette foule qui se masse comme de l’eau, de l’huile pour être plus précis, plus dense, plus visqueuse, de l’huile donc qui se refermerait inévitablement sur eux, dont ils deviendraient partie intégrante, un magma dont ils seraient tous deux des cellules organiques vivantes.

Avant d’être nègre, Michel me raconta qu’il était camerounais, de Yaoundé, plus précisément. « Car au Cameroun, voyez-vous, les Nègres n’existent pas, c’est une invention des Blancs. » Dans son pays, Michel était noir comme tout le monde, alors il passait inaperçu, même s’il était grand comme un haricot. Ce n’est qu’en arrivant en France, à M., qu’il devint noir. La métamorphose fut presque immédiate. Il la sentit passer. Cela lui fit un peu l’effet de « se prendre une porte en pleine figure » (...)

Vous savez… maître, reprit-il à grand-peine, la photo, c’est comme la chasse. Oui, je chasse aussi, les fins de semaine. La technique de ces deux arts, apparemment si différents, est la même. La maîtrise de la respiration, le doigt sur le bouton ou la détente, l’acuité de l’œil qui vise, savoir quoi chercher et où, le souci du détail. On chasse un sujet comme on chasse un sanglier, une biche. Dans les deux cas, on n’a droit qu’à un coup…

– Vous savez ce qu’on dit ? Les compagnies d’assurance vous prêtent un parapluie quand il fait beau…
– … et vous le reprennent quand il pleut, complétai-je.

La vie se divisait en deux catégories : ceux qui étaient avec moi et ceux qui ne l’étaient pas. Malheureusement, il y avait en général plus de monde dans cette dernière.

Rose comprit assez rapidement que Christian n’attendait rien de leur relation. Il ne faisait aucun plan qui n’ait trait à ses pêches, ses figues, ses prunes, ne gagnait de l’argent que pour le dépenser dans l’achat de nouvelles terres, qu’il transformerait en cultures, ou de flambants tracteurs. Il ne l’avait prise comme compagne que pour satisfaire ses besoins matériels. Les repas, le ménage et le sexe, la compagnie aussi, pour ne pas être seul, c’était bien cela, il ne cherchait rien de plus que la compagnie d’un animal domestique, tout ce qu’aurait pu lui donner un chien. Car en dehors de cela, il n’y avait rien.

 

 

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