Coup de coeur 💓💓
Titre : Hamaguri
Auteur : Aki SHIMAZAKI
Parution : 2000
Editeur : Léméac / Actes Sud
Pages : 112
Présentation de l'éditeur :
Enfant illégitime, Yukio est très attaché à une petite fille avec
laquelle il joue quand elle vient au parc avec son père. Le jour où sa
mère se marie, ils quittent Tokyo pour Nagasaki. Une autre vie commence,
avec enfin une figure paternelle, mais Yukio reste d’un naturel
solitaire. Il pense souvent à la fillette qui l’avait demandé en mariage
et dont il garde un souvenir aussi doux que vague. À l’adolescence,
pendant la Seconde Guerre mondiale, il tombe amoureux de sa nouvelle
voisine mais ne peut oublier sa promesse d’enfant…
Le mot de l'éditeur sur l'auteur :
Née au Japon, Aki Shimazaki vit à Montréal depuis 1991. Toute son œuvre
est disponible chez Actes Sud, notamment ses trois pentalogies : Le Poids des secrets, Au cœur du Yamato et L’Ombre du chardon.
Ces quinze volumes peuvent parfaitement se lire individuellement, ou
dans le désordre - c'est bien là l'étonnant art de la construction que
maîtrise Aki Shimazaki.
Avis :
Lorsqu’ils étaient de très jeunes enfants et habitaient Tokyo, Yukiko et Yukio avaient échangé un serment d’amour éternel avant de se perdre de vue. Devenus adolescents, ils se retrouvent sans se reconnaître à Nagasaki, où leurs familles ont emménagé dans deux maisons mitoyennes. Un tendre sentiment lie bientôt à nouveau le jeune couple, avant qu’inexplicablement pour Yukio, Yukiko ne prenne soudain ses distances. Bien des années plus tard, alors qu’elle s’apprête à mourir, sa mère laisse enfin entendre à Yukio la raison de cet éloignement qui le hante toujours…
Après avoir découvert le récit de Yukiko dans le premier volet de la pentalogie, nous voici cette fois dans la peau de Yukio, dont le point de vue nous fait aborder les mêmes évènements sous un angle différent. Contrairement à Yukiko qui en a porté consciemment l’invisible fardeau toute sa vie, Yukio ne soupçonnera jamais, avant les tardives révélations maternelles, le terrible secret impliquant leurs parents. Celui-ci n’en aura pas moins un impact décisif sur toute son existence, à jamais teintée des regrets et de la nostalgie d’un premier amour inexplicablement perdu et qui pourtant, à son insu, est venu par deux fois frapper à la porte de son destin.
Toujours aussi parfaite dans sa limpidité subtile et légère, l’envoûtante plume d’Aki Shimazaki laisse entrevoir avec délicatesse les sombres profondeurs creusées par les non-dits, si intrinsèques à la culture japonaise. Une tonalité douce-amère imprègne ce deuxième opus du Poids des Secrets, empli de la rémanence, à la fois tenace et fragile, des sentiments qui ont marqué une vie enfuie. Coup de coeur. (5/5)
Après avoir découvert le récit de Yukiko dans le premier volet de la pentalogie, nous voici cette fois dans la peau de Yukio, dont le point de vue nous fait aborder les mêmes évènements sous un angle différent. Contrairement à Yukiko qui en a porté consciemment l’invisible fardeau toute sa vie, Yukio ne soupçonnera jamais, avant les tardives révélations maternelles, le terrible secret impliquant leurs parents. Celui-ci n’en aura pas moins un impact décisif sur toute son existence, à jamais teintée des regrets et de la nostalgie d’un premier amour inexplicablement perdu et qui pourtant, à son insu, est venu par deux fois frapper à la porte de son destin.
Toujours aussi parfaite dans sa limpidité subtile et légère, l’envoûtante plume d’Aki Shimazaki laisse entrevoir avec délicatesse les sombres profondeurs creusées par les non-dits, si intrinsèques à la culture japonaise. Une tonalité douce-amère imprègne ce deuxième opus du Poids des Secrets, empli de la rémanence, à la fois tenace et fragile, des sentiments qui ont marqué une vie enfuie. Coup de coeur. (5/5)
Citations :
Dans le bois, Yukiko me parle du discours du commandant de son usine. Elle dit :
— Pourquoi doit-on perdre la vie si facilement ? Il nous dit : « Il faut se battre jusqu’à la mort. Ne pas revenir vivant. C’est honteux d’être fait prisonnier. Cela déshonore non seulement le soldat mais aussi sa famille et toute la parenté. » On considère la famille d’un soldat comme otage. Pauvres soldats ! Le pire, c’est qu’ils croient en une telle idéologie stupide créée par le gouvernement pour gagner la guerre.
Je réponds :
— Oui, vraiment. On est paralysé par le lavage de cerveau de la nation, comme dit ton père.
— Je pense à ce qui arrive à la mémoire après la mort. Ce qu’on a dit, ce qu’on a pensé, ce qu’on a appris… Où ça va après la mort ?
Je réponds :
— Je ne pense pas à la vie après la mort. Je crois que la mémoire disparaît au moment de la mort.
— Pourquoi doit-on perdre la vie si facilement ? Il nous dit : « Il faut se battre jusqu’à la mort. Ne pas revenir vivant. C’est honteux d’être fait prisonnier. Cela déshonore non seulement le soldat mais aussi sa famille et toute la parenté. » On considère la famille d’un soldat comme otage. Pauvres soldats ! Le pire, c’est qu’ils croient en une telle idéologie stupide créée par le gouvernement pour gagner la guerre.
Je réponds :
— Oui, vraiment. On est paralysé par le lavage de cerveau de la nation, comme dit ton père.
— Je pense à ce qui arrive à la mémoire après la mort. Ce qu’on a dit, ce qu’on a pensé, ce qu’on a appris… Où ça va après la mort ?
Je réponds :
— Je ne pense pas à la vie après la mort. Je crois que la mémoire disparaît au moment de la mort.
Du même auteur sur ce blog :
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire