jeudi 15 avril 2021

[Shimazaki, Aki] Le poids des secrets 5 - Hotaru

 



 

Coup de coeur 💓💓

 

Titre : Hotaru

Auteur : Aki SHIMAZAKI

Parution : 2004   

Editeur : Léméac / Actes Sud

Pages : 144

 

 

 

 

 

 

Présentation de l'éditeur :  

À la saison des lucioles, lorsqu'elle rend visite à sa grand-mère, Tsubaki est loin de se douter que celle-ci lui confiera bientôt le secret qui ronge sa vie depuis cinquante ans, incapable qu'elle fut de le révéler à son mari. Étudiante en archéologie, Tsubaki apprend à travers cette confession les lois cruelles de la vie: l'innocence et la naïveté des jeunes filles sont souvent abusées par les hommes de pouvoir et d'expérience, et leur destinée s'en trouve à jamais bouleversée.

 

Le mot de l'éditeur sur l'auteur :

Aki Shimazaki est née au Japon et vit à Montréal depuis 1991. D'abord parue entre 1999 et 2004, sa première pentalogie, composée des titres Tsubaki, Hamaguri, Tsubame, Wasurenagusa et Hotaru, a été saluée par la critique et récompensée notamment par le prix Ringuet (2001), le prix Canada-Japon (2004) et le Prix littéraire du Gouverneur général du Canada (2005). Au cœur du Yamato, son deuxième cycle, s’est conclu avec la parution de Yamabuki (2013), qui lui a valu le Prix littéraire Asie de l’ADELF. Maïmaï est le dernier titre du cycle L’ombre du chardon, qui comprend déjà Azami (2014), Hôzuki (2015), Suisen (2016) et Fuki-no-tô (2017).

 

 

Avis :

Affaiblie et âgée, Mariko s’apprête à emporter bientôt tous ses secrets dans la tombe. Les confidences de sa petite-fille sur les avances d’un de ses professeurs la décident néanmoins à lui raconter ce qui bouleversa toute sa vie, la laissant à jamais et secrètement rongée par la honte et la culpabilité : sa relation amoureuse avec un homme plus âgé lorsqu’elle n’avait que seize ans, la naissance de leur fils Yukio et sa réputation de « femme douteuse », enfin le harcèlement de cet amant même après qu’elle se fut mariée avec le bon Kenji Takahashi.

Si les cinq livres de la série peuvent se lire indépendamment et dans le désordre, celui-ci referme le cercle en revenant, à travers Mariko, sur ce qui mena à la tragédie du premier tome. L’on y découvre de nouvelles facettes de cette femme, condamnée à subir toute sa vie les conséquences de sa jeune innocence abusée par un homme puissant et sans scrupule. Comme la bombe atomique lancée sur Nagasaki continua longtemps et insidieusement ses ravages, cette déflagration dans la vie de Mariko aura finalement provoqué une invisible réaction en chaîne, impactant, à leur insu et sur plusieurs générations, l’existence de bien des membres de cette famille.

Aki Shimazaki clôt magnifiquement le cycle du Poids des Secrets, nous laissant durablement charmé par la délicatesse et la poésie de sa plume si légère et si fluide. Minuscules lucioles virevoltant sur l’écran noir de l’Histoire, les personnages de ces cinq petits livres auront chacun traversé des séismes intimes dont la violence n’a rien à envier à celle des grands évènements de leur époque. Coup de coeur. (5/5)

 

Citations :

Elle et mon père ont été victimes de la bombe atomique qui est tombée sur Nagasaki. Ils ont échappé à la mort par miracle. Ces jours-ci, j'entends Obâchan murmurer : "Voici venir la cinquantième année depuis lors. Je n'avais jamais espéré vivre si longtemps…"

— Ojîchan, pourquoi les lucioles émettent-elles de la lumière ?  
Il répond :  
— Pour attirer des femelles.  
Je suis étonnée :  
— Alors, les lucioles sont-elles mâles ?
— Oui. Les femelles sont des vers luisants. Elles émettent aussi de la lumière, mais elles ne volent pas. Les deux s’échangent des messages amoureux en clignotant.
 Je m’exclame :
 — Comme c’est romantique !
 — Oui, dit Ojîchan. Au moins pour nous, les Japonais.
 — Qu’est-ce que tu veux dire ?
 — En France, il existe une superstition étrange : ces lumières seraient les âmes des enfants morts sans avoir reçu le baptême. Pour les gens qui y croient, ces insectes sont bien sinistres.  
Le mot « sinistre » me fait penser à la scène du soir de la bombe atomique qu’Obâchan m’a racontée une fois : « J’ai vu une volée de lucioles au-dessus du ruisseau, qui était écrasé par les ruines des bâtiments. Les lumières de ces insectes flottaient dans le noir comme si les âmes des victimes n’avaient pas su où aller. » Je me demande où ira l’âme d’Obâchan. Va-t-elle errer pour toujours entre ce monde et l’autre monde ? Ses jours sont comptés. J’espère qu’elle trouvera le calme et pourra mourir en paix, comme Ojîchan.

 

Du même auteur sur ce blog :

 





 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire