Coup de coeur 💓💓
Titre : Tous les hommes n'habitent pas le
monde de la même façon
Auteur : Jean-Paul DUBOIS
Année de parution : 2019
Editeur : Editions de l'Olivier
Pages : 256
Présentation de l'éditeur :
Cela fait deux ans que Paul Hansen purge sa peine dans la
prison provinciale de Montréal. Il y partage une cellule avec Horton,
un Hells Angel incarcéré pour meurtre.
Retour en arrière : Hansen est superintendant à L’Excelsior,
une résidence où il déploie ses talents de concierge, de gardien, de
factotum, et – plus encore – de réparateur des âmes et consolateur des
affligés. Lorsqu’il n’est pas occupé à venir en aide aux habitants de L’Excelsior
ou à entretenir les bâtiments, il rejoint Winona, sa compagne. Aux
commandes de son aéroplane, elle l’emmène en plein ciel, au-dessus des
nuages. Mais bientôt tout change. Un nouveau gérant arrive à L’Excelsior, des conflits éclatent. Et l’inévitable se produit.
Une
église ensablée dans les dunes d’une plage, une mine d’amiante à ciel
ouvert, les méandres d’un fleuve couleur argent, les ondes sonores d’un
orgue composent les paysages variés où se déroule ce roman.
Histoire d’une vie, Tous les hommes n’habitent pas le monde de la même façon
est l’un des plus beaux livres de Jean-Paul Dubois. On y découvre un
écrivain qu’animent le sens aigu de la fraternité et un sentiment de
révolte à l’égard de toutes les formes d’injustice.
Le mot de l'éditeur sur l'auteur :
Fils d’un pasteur danois et de l’exploitante d’un petit cinéma de Toulouse, Paul Hansen s’est établi au Canada, où il est le concierge, l’homme à tout faire, et le confident des habitants d’une grande résidence de Montréal. Jusqu’alors heureusement partagée entre son travail et sa compagne Winona, une Irlando-Algonquine qui sillonne le pays à bord de son petit avion coursier, sa vie bascule lorsqu’un nouvel et insupportable arrivant reprend la gérance de l’immeuble. Poussé à bout, Paul commet l’irréparable et se retrouve en prison, dans la cellule d’Horton, Hells Angel condamné pour meurtre.
Construit en incessants allers-retours entre la prison et le passé que Paul ressasse depuis sa cellule, le récit retrace pas à pas ce qui a mené cet homme à perdre le contrôle de sa vie. Remontant ainsi à la tendre enfance du narrateur pour revenir peu à peu au présent, l’histoire enchaîne des tableaux tous plus saisissants les uns que les autres : d’une église ensablée au Danemark à un petit cinéma de quartier dans la France des années soixante-dix, d’une mine d’amiante à ciel ouvert au survol de lacs enneigés ou enchâssés comme des émeraudes dans les forêts québecoises, des entrailles d’un immeuble cossu à celles d’une prison où l’humanité réussit à refleurir sous les cendres de vies saccagées, chaque ambiance est sans pareille et vous transporte d’étonnements en dépaysements, dans une succession d’univers restitués avec une singulière puissance d’évocation.
Une profonde humanité et une vraie tendresse pour les personnages imprègnent les pages : campés avec la plus grande justesse, ils prennent corps au point de paraître parfaitement réels. Ils nous distillent des dialogues savoureux aux sonorités étonnamment authentiques, en particulier Horton, dont les reparties brutes de décoffrage révèlent une désarmante fragilité et une sincérité naïve pleine de bon sens qui fait souvent mouche. Curieusement, alors que les hommes sont tous les jouets malheureux de sorts souvent contraires, les femmes de ce roman savent imperturbablement tenir leur cap.
Ajoutons à tout cela le délicieux plaisir des mots et des tournures merveilleusement choisies, un humour irrésistible qui ne vous empêchera pas de verser quelques larmes, et vous regretterez d’être déjà parvenu à la dernière page de cet envoûtant livre coup de coeur. (5/5)
Ce minuscule volatile (l’oiseau-mouche) est de toute façon une énigme de la nature, une machine infernale conçue par un aérodynamicien farceur doublé d’un anatomiste malicieux. Cet animal de 5 ou 6 centimètres possède un cœur qui bat 1 260 fois en une minute et des poumons qui respirent 500 fois durant le même laps de temps. Ses ailes peuvent pivoter dans tous les sens, lui permettant de voler aussi vite en avant qu’en arrière, en haut qu’en bas, et d’atteindre les 100 kilomètres à l’heure dans d’invraisemblables positions. Ses ailes battent 200 fois par seconde et emprisonnent en permanence des bulles d’air, fabriquant des vortex à la demande. En outre, cet oiseau demeure le grand spécialiste du vol statique, de la cabriole, et possède 6 590 000 globules rouges unité par millimètre cube. Il peut également déplacer ses quelques grammes sur 800 kilomètres, doit manger huit fois par jour, et, avant de s’endormir, descendre sa température de 10 degrés tout en réduisant la violence de son rythme cardiaque à 50 pulsations par minute.
Construit en incessants allers-retours entre la prison et le passé que Paul ressasse depuis sa cellule, le récit retrace pas à pas ce qui a mené cet homme à perdre le contrôle de sa vie. Remontant ainsi à la tendre enfance du narrateur pour revenir peu à peu au présent, l’histoire enchaîne des tableaux tous plus saisissants les uns que les autres : d’une église ensablée au Danemark à un petit cinéma de quartier dans la France des années soixante-dix, d’une mine d’amiante à ciel ouvert au survol de lacs enneigés ou enchâssés comme des émeraudes dans les forêts québecoises, des entrailles d’un immeuble cossu à celles d’une prison où l’humanité réussit à refleurir sous les cendres de vies saccagées, chaque ambiance est sans pareille et vous transporte d’étonnements en dépaysements, dans une succession d’univers restitués avec une singulière puissance d’évocation.
Une profonde humanité et une vraie tendresse pour les personnages imprègnent les pages : campés avec la plus grande justesse, ils prennent corps au point de paraître parfaitement réels. Ils nous distillent des dialogues savoureux aux sonorités étonnamment authentiques, en particulier Horton, dont les reparties brutes de décoffrage révèlent une désarmante fragilité et une sincérité naïve pleine de bon sens qui fait souvent mouche. Curieusement, alors que les hommes sont tous les jouets malheureux de sorts souvent contraires, les femmes de ce roman savent imperturbablement tenir leur cap.
Ajoutons à tout cela le délicieux plaisir des mots et des tournures merveilleusement choisies, un humour irrésistible qui ne vous empêchera pas de verser quelques larmes, et vous regretterez d’être déjà parvenu à la dernière page de cet envoûtant livre coup de coeur. (5/5)
Citations :
Il suffit de prêter son attention et son regard pour comprendre que nous faisons tous partie d’une gigantesque symphonie qui, chaque matin, dans une étincelante cacophonie, improvise sa survie.Ce minuscule volatile (l’oiseau-mouche) est de toute façon une énigme de la nature, une machine infernale conçue par un aérodynamicien farceur doublé d’un anatomiste malicieux. Cet animal de 5 ou 6 centimètres possède un cœur qui bat 1 260 fois en une minute et des poumons qui respirent 500 fois durant le même laps de temps. Ses ailes peuvent pivoter dans tous les sens, lui permettant de voler aussi vite en avant qu’en arrière, en haut qu’en bas, et d’atteindre les 100 kilomètres à l’heure dans d’invraisemblables positions. Ses ailes battent 200 fois par seconde et emprisonnent en permanence des bulles d’air, fabriquant des vortex à la demande. En outre, cet oiseau demeure le grand spécialiste du vol statique, de la cabriole, et possède 6 590 000 globules rouges unité par millimètre cube. Il peut également déplacer ses quelques grammes sur 800 kilomètres, doit manger huit fois par jour, et, avant de s’endormir, descendre sa température de 10 degrés tout en réduisant la violence de son rythme cardiaque à 50 pulsations par minute.
Du même auteur sur ce blog :
La Ronde des Livres - Challenge Multi-Défis d'Hiver 2020 |
J'allais écrire les mots "humanité" et "tendresse", mais vous les avez déjà mis sur votre blog.
RépondreSupprimerJe rajouterai que l'auteur sait faire émerger la sensibilité de tous ses personnages, y compris du prisonnier Hells angel.
On ressort de ce roman avec une énergie de vivre et de ne pas perdre de temps.
En effet Harry. Je dirais même, en particulier du prisonnier Hells Angel, pour lequel j'ai ressenti une vraie tendresse.
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