lundi 12 octobre 2020

[Goguet, Christine] Les grands hommes et Dieu

 


 

 

J'ai beaucoup aimé

 

Titre : Les grands hommes et Dieu

Auteur : Christine GOGUET

Parution : 2019

Editeur : Editions du Rocher

Pages : 168

 

 

 

 

 

 

Présentation de l'éditeur : 

La vie des grands hommes n'est pas un long fleuve tranquille et reconstituer leur rapport à la transcendance relève parfois de l'exploit. Décrypter la part de Dieu, cette partie secrète de chacun permet de côtoyer à coup sûr l'intimité et révéler la face cachée de l'homme. Que ce soit de Gaulle, Victor Hugo, Enstein, Mère Teresa ou Van Gogh... le choix de ces grands hommes, que Christine Goguet dévoile sous un jour nouveau, est vaste et subjectif. Cette douzaine de portraits qui n'ont en commun que leur quête intérieure permet ici, ainsi que le dit Denis Tillinac dans la préface, un merveilleux « voyage sur tous les continents de la spiritualité ». Les personnages évoqués, tous exceptionnels, sont très dissemblables mais ont en partage la question de Dieu, la seule essentielle à vrai dire.

Charles de Gaulle
Victor Hugo
Vincent Van Gogh
Mère Teresa
Margaret Thatcher
John F. Kennedy
Albert Einstein
Nelson Mandela
Winston Churchill
Mohamed Ali
Alexandra David-Néel
Napoléon
François Mitterrand

 

 

Le mot de l'éditeur sur l'auteur :

Christine Goguet est journaliste et écrivain. Après avoir été directrice de Presse et chroniqueuse pour la télévision, elle est actuellement directrice de la mission Mécénat et Partenariats du Centre des Monuments Nationaux.

 

Avis :

De Gaulle, V. Hugo, Van Gogh, Mère Teresa, M. Thatcher, Einstein, Mandela, Churchill, Mohamed Ali, Napoléon… : quels rapports tous ces grands personnages ont-ils entretenu avec la religion et la spiritualité ? Cela a-t-il marqué leur parcours d’une façon ou d’une autre ? Que dévoilent-ils de la relation générale de l’homme à Dieu ?

Ces treize monographies nous font aborder sous un angle particulier une sélection variée d’hommes et de femmes qui ont laissé leur empreinte dans l’Histoire : retraçant leur trajectoire et s’attachant à ce que leur éducation et leur environnement familial, leur actes et leurs déclarations, révèlent et expliquent de leur intériorité spirituelle, ce livre dessine ainsi une sorte de mosaïque révélatrice des différentes facettes que peuvent revêtir les perceptions et les interrogations d’une société quant à l’existence de Dieu. Car, au travers de ces grandes figures qui nous ont laissé matière à observation, comme des ambassadeurs de leur époque, l’on peut aussi aisément distinguer les valeurs assez globalement prévalentes dans leur environnement, héritées du passé, digérées et restituées sous une forme chaque fois très personnelle, mais toujours révélatrice des formes de pensée d’une période particulière.

Fruit d’un copieux travail de documentation, les observations qui accompagnent les nombreuses et souvent frappantes citations réussissent à éclairer les croyances profondes de ces grands personnages d’une manière synthétique et intéressante. Chacun pourra y trouver d’autant plus librement matière à réflexion que l’auteur propose les différents points de vue sans jugement ni parti pris, comme une série de photographies-témoins, s’abstenant de développer les moindres thèse ou démonstration personnelles.

Claire et agréable à lire, la restitution des points de vue variés de ces treize personnages historiques apporte un éclairage intéressant sur les multiples visages de la spiritualité en Occident ces derniers siècles. Elle intéressera tout lecteur ouvert aux grandes questions philosophiques, ou simplement curieux de comprendre les convictions profondes et intimes de chacun de ces illustres hommes et femmes. (4/5)

 

 

Citations : 

Elle [Mère Teresa] a 12 ans lorsqu’elle annonce à sa mère son souhait de devenir religieuse. Drana [sa mère] s’oppose tout d’abord à cette idée. Son frère aîné, officier auprès du roi Ahmed Zog 1er, ne la comprend pas : « Te rends-tu compte de ce que tu fais, que tu es en train de te sacrifier pour toujours, de t’ensevelir ? » . Elle lui rétorque avec force : « Tu te crois tellement important comme officier au service d’un roi de deux millions de sujets. Eh bien moi aussi, je suis officier, mis au service du Roi de l’univers. Je t’assure que je ne changerai ni pour toi, ni pour qui que ce soit. Lequel de nous deux a raison ? »

[Einstein] : « Je crois au Dieu de Spinoza, c’est-à-dire un Dieu qui se révèle dans l’ordre harmonieux de ce qui existe, et non pas dans Dieu qui se soucie des actions humaines et des destins. » (...)
« L’idée d’un Dieu à forme humaine est un concept que je ne peux pas prendre sérieusement. Je ne me sens pas non plus capable d’imaginer une volonté ou un but hors de la sphère humaine. Mes vues sont proches de Spinoza : admiration de la beauté et croyance en la simplicité logique de l’ordre et de l’harmonie que nous ne pouvons saisir qu’humblement et imparfaitement. Je pense que nous devons nous contenter de notre savoir et notre compréhension imparfaits, et traiter les valeurs et les obligations morales comme un problème purement humain, le problème le plus important. » L’univers est fondé, selon lui comme pour le philosophe, sur un ordre mathématique et non pas sur une intention morale. (…), ils conçoivent Dieu comme une entité abstraite. Un Dieu immanent à la nature. (…)
« Je ne peux pas imaginer un Dieu qui récompense et qui punit l’objet de sa création. Je ne peux pas me figurer un Dieu qui réglerait sa volonté sur l’expérience de la mienne. Je ne veux pas et ne je ne peux pas concevoir un être qui survivrait à la mort de son propre corps. Si de pareilles idées se développent en un esprit, je le juge faible, craintif, et stupidement égoïste. »

« Personne, proclame-t-il [Mandela], ne naît en haïssant son prochain du fait de sa couleur de peau, de son origine sociale ou de sa religion. Les gens apprennent à haïr et, s’ils peuvent apprendre à haïr, alors on peut leur apprendre à aimer et l’amour vient plus naturellement dans le coeur humain que l’inverse. »

[Churchill] : « Le succès n’est pas final, l’échec n’est pas fatal, seul compte le courage de continuer. »
 
A cause de ce nom, Mohamed Ali refusera d’avoir son étoile sur Hollywood Boulevard : « Je porte le nom de mon prophète, je ne souhaite pas qu’on me marche dessus. » (…) « Religion et spiritualité ne sont pas synonymes, mais les gens les confondent souvent. Certains choses ne peuvent être enseignées, mais on peut les faire naître dans le coeur. La spiritualité consiste à reconnaître la lumière divine qui est en nus. Elle n’appartient à aucune religion en particulier : elle est en chacun de nous. »

Bonaparte prône avant tout la tolérance et la liberté de culte. « La chose la plus sacrée parmi les hommes, dit-il, c’est la conscience : l’homme a une voix secrète qui lui crie que rien sur la terre ne peut l’obliger à croire ce qu’il ne croit pas. La plus horrible de toutes les tyrannies est celle qui oblige les 18/20e d’une nation à embrasser une religion contraire à leurs croyances, sous peine de ne pouvoir ni exercer les droits de citoyen, ni posséder aucun bien, ce qui est la même chose que de n’avoir plus de patrie sur terre. «  Et, dans une analyse époustouflante de modernité, il constate : « Le fanatisme est toujours produit par la persécution. L’athée est un meilleur sujet que le fanatique : l’un obéit, l’autre tue. » (…)
« Nulle société ne peut exister sans morale, il n’y a pas de bonne morale sans religion, il n’y a donc que la religion qui donne à l’État un appui ferme et durable. Une société sans religion est comme un vaisseau sans boussole. » (...)
Sa vision pragmatique est parfois cynique. Elle est celle de l’enfant des Lumières, disciple de Rousseau : «  La société ne peut exister sans la religion. Quand un homme meurt de faim à côté d’un autre qui regorge, il est impossible de faire admettre cette différence s’il n’y a pas une autre autorité qui lui dise : « Dieu le veut ainsi, il faut qu’il y ait des pauvres et des riches dans le monde mais ensuite, et pendant l’éternité, le partage se fera autrement. »

 

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