mardi 31 décembre 2019

[Coher, Sylvain] Vaincre à Rome






J'ai moyennement aimé

Titre : Vaincre à Rome

Auteur : Sylvain COHER

Année de parution : 2019

Editeur : Actes Sud

Pages : 176






 

 

Présentation de l'éditeur :

Rome, samedi 10 septembre 1960, 17 h 30. Dans deux heures, quinze minutes et seize secondes, Abebe Bikila va gagner le marathon olympique. En plus de battre le record du monde en terre italienne plus de vingt ans après la prise d’Addis-Abeba par Mussolini, le soldat éthiopien va courir les quarante-deux kilomètres et cent quatre-vingt-quinze mètres pieds nus. “Vaincre à Rome, ce serait comme vaincre mille fois”, a dit Hailé Sélassié. Vaincre pieds nus, c’est comme jouer sur les pistes des hauts plateaux abyssins. En pleine période de décolonisation et de démembrement des empires européens, un jeune Africain remporte l’or et couronne tout un continent.

Seul un tour de force littéraire pouvait rendre compte d’un tel exploit sportif : Sylvain Coher parvient à insuffler à la langue le rythme, la mécanique, les accélérations d’une course de fond, jusqu’au bien-être des endorphines, jusqu’à l’envol final du sprint. Devenu Petite Voix dans la tête du champion, il se coule dans la cadence variable de sa foulée infatigable pour raconter comment grandissent les héros, comment se relèvent les peuples, comment se gagnent les revanches et comment naissent les légendes.



Le mot de l'éditeur sur l'auteur :

Né en 1971, Sylvain Coher vit à Paris et à Nantes, selon le vent et l'état de la mer. Après des études de lettres modernes, il a successivement été moniteur de voile, surveillant d'internat, libraire, éditeur, maçon et chômeur. Depuis 2001, il intervient lors de rencontres ou de lectures publiques et anime régulièrement des ateliers d'écriture. Pensionnaire à la Villa Médicis 2005-2006, il est l'auteur chez Actes Sud de Hors saison (Babel n°1071), Carénage (2011 ; Babel n°1199), Nord-nord-ouest (2015 ; Babel n°1461 ; prix Ouest-France / Étonnants Voyageurs, prix des Mémoires de la mer, prix Encre Marine, prix de la bille d'Asnières) et Trois cantates policières (2015).


Avis : 

En 1960, le marathonien Abebe Bikila décroche l’or aux Jeux Olympiques de Rome. La stupéfaction est générale : après 2h15 de course pieds nus, l’Ethiopien ne semble même pas marqué par l’effort, quand tous les favoris sont effondrés. Il est le premier athlète d'Afrique noire médaillé d'or olympique et devient un héros national dans son pays. Sa victoire à Rome-même revêt un aspect hautement symbolique, compte tenu du récent passé colonial de l’Italie en Ethiopie.

L’auteur s’est glissé dans la tête du champion pour en faire le narrateur de sa course, de bout en bout : un véritable marathon littéraire pour l’écrivain comme pour le lecteur, tant ce récit, qui se lit lui aussi en quelque deux heures et plus, impressionne par sa prouesse narrative. Les 176 pages ne parlent que de l’épreuve sportive elle-même, détaillant, quasi en temps réel, l’atmosphère de la compétition, son parcours, et la stratégie de ce coureur émouvant de modestie et de simplicité.

Il faut avouer que mon intérêt pour cette lecture a souvent peiné à se maintenir : truffé de références littéraires classiques, enrichi de quelques réflexions sur la portée historique de la victoire d’Abebe Bikila, le récit s’avère néanmoins monotone... comme un marathon. Je me suis essoufflée au fil de ce texte, magnifique mais très dense, juste entrecoupé par la voix répétitive du journaliste radio. 

Hommage à un exploit sportif qui eut une véritable portée symbolique et historique pour l’Afrique, ce livre remarquablement bien écrit est lui-même une performance littéraire qui m’a plus révélé le talent de son auteur que réellement passionnée. (2/5)



Citations : 

Un bon athlète s’adapte en douceur et sans violence pour ne pas finir comme Dorando à Londres en 1908 : hébété, incapable de franchir la ligne d’arrivée. Avec ces derniers cent quatre-vingt-quinze mètres totalement absurdes rajoutés cette année-là pour parfaire la distance qui séparait la terrasse est du château de Windsor à la loge royale du stade olympique de Shepherd’s Bush. Tomber cinq fois et se relever autant. Rester sur le seuil pour ne pas dépasser l’huis étroit où se cognent le corps et la raison. Un bon athlète mesure ses efforts, il se dépasse tout juste mais sans jamais aller au-delà.

En vérité les courses se disputent toujours avec la corde à gauche : c’est le sens direct de la rotation positive et c’est aussi le sens mathématique. Depuis 1913 les athlètes courent toujours dans le sens antihoraire ; autrement leurs foulées ne semblent pas naturelles et les virages sont plus difficiles à négocier. Cela n’a rien d’une plaisanterie : quelques secondes précieuses sont en jeu !

Il faut avoir souvent perdu pour vouloir gagner à ce point, proteste la Petite Voix. La gagne est le fruit d’un échec, si obscur soit-il.


SI vous vous intéressez aux marathons : 

 



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