J'ai aimé
Titre : Pyongyang 1071
Auteur : Jacky SCHWARTZMANN
Année de parution : 2019
Editeur : Paulsen
Pages : 192
Présentation de l'éditeur :
Rien n’était gagné. Il a fallu franchir l’étape de l’inscription, celle
de la sélection, puis se préparer au marathon et à un voyage dans la
dernière dictature communiste à l’œuvre. Savoir que l’on sera guidé,
désorienté, mais aussi très, très encadré. Dans son style imparable,
alternant entre humour et cynisme, Jacky Schwartzmann cherche à
comprendre ce qui pousse des individus venus du monde entier à
participer à l’épreuve sportive certainement la plus abracadabrante de
la planète : le marathon de Pyongyang, ouvert aux étrangers.
Tout en s’appuyant sur l’expérience de spécialistes du pays et d’anciens
expatriés, il va parcourir 42 kilomètres dans l’un des pays les plus
fermés au monde et dépasser ses limites. Son dossard : le n° 1 071.
Entre rêve fou, défi sportif et envie irraisonnée, Jacky Schwartzmann
allie émotion, découverte et curiosité, pour nous proposer une immersion
inédite dans un pays qui lui a ouvert ses portes… l’espace d’une
course.
Un mot sur l'auteur :
Avis :
A l’incrédule incompréhension de son entourage, l’auteur s’est piqué d’aller courir le marathon de Pyongyang qui, ouvert aux étrangers, lui apparaît comme l’idéale opportunité de pénétrer le pays le plus fermé au monde. Il prend un congé sabbatique, confie l’organisation de son voyage à une agence chinoise spécialisée dans les « excursions » en Corée du Nord depuis Pékin, et se lance dans plusieurs mois d’un entraînement sportif d’autant plus intense que ce quinquagénaire n’a pas couru depuis plusieurs décennies.
Quelle fascination pour les dictatures communistes pousse-t-elle l’auteur à y enchaîner les voyages ? Après la Russie et la Roumanie, cette fois c’est la Corée du Nord qu’il a décidé d’explorer : un défi doublé d’un exploit sportif qui va lui faire dépasser ses limites. Avec bonne humeur et auto-dérision, il nous fait partager ses foulées d’entraînement, son périple jusqu’à Pyongyang, sa fierté de porter le dossard 1071 dans une course où il s’est littéralement engagé corps et biens, et enfin sa frustration de ne découvrir du pays que la façade réservée aux tours officiels, ultra-encadrés et organisés à grand renfort de propagande, excluant bien sûr tout contact avec la population.
Rien de bien surprenant dans cette confrontation en direct avec un état totalitaire : Jacky Schwartzmann ne fait que confirmer, au fil d’anecdotes tantôt amères, tantôt cocasses, ce que nous savons tous de la Corée du Nord. Reste un réjouissant moment en compagnie d’un sympathique luron, engagé jusqu’aux tripes dans son aventure, un exploit personnel relaté avec humour et simplicité, pour notre plus grand plaisir. (3/5)
Quelle fascination pour les dictatures communistes pousse-t-elle l’auteur à y enchaîner les voyages ? Après la Russie et la Roumanie, cette fois c’est la Corée du Nord qu’il a décidé d’explorer : un défi doublé d’un exploit sportif qui va lui faire dépasser ses limites. Avec bonne humeur et auto-dérision, il nous fait partager ses foulées d’entraînement, son périple jusqu’à Pyongyang, sa fierté de porter le dossard 1071 dans une course où il s’est littéralement engagé corps et biens, et enfin sa frustration de ne découvrir du pays que la façade réservée aux tours officiels, ultra-encadrés et organisés à grand renfort de propagande, excluant bien sûr tout contact avec la population.
Rien de bien surprenant dans cette confrontation en direct avec un état totalitaire : Jacky Schwartzmann ne fait que confirmer, au fil d’anecdotes tantôt amères, tantôt cocasses, ce que nous savons tous de la Corée du Nord. Reste un réjouissant moment en compagnie d’un sympathique luron, engagé jusqu’aux tripes dans son aventure, un exploit personnel relaté avec humour et simplicité, pour notre plus grand plaisir. (3/5)
Citations :
Juliette Morillot, au sujet de la zone démilitarisée qui sépare les deux Corées autour du 38e parallèle, écrit : « Surréaliste zone démilitarisée, vestige d’une guerre froide toujours vivante ici, sorte de musée du présent, figé, presque dépassé par les événements. » Une idée que je trouve très forte. Tout ce que j’ai ressenti en Corée du Nord tient dans sa formulation géniale du « musée du présent ».
Lorsque j’étais étudiant en philo, plusieurs lectures, dont Le Sacré et le profane de Mircea Eliade, ont forgé une conviction en moi : l’homme est une bête à foi. L’homme a la foi, quelle qu’elle soit, et si ce n’est pas en un ou plusieurs dieux, c’est en autre chose. Ainsi un supporter de l’Olympique de Marseille n’a pas moins la foi que le plus assidu des témoins de Jéhovah. L’objet de la foi diffère, mais pas l’élan, pas l’envol de l’âme.
Les religions sont totalement proscrites en Corée du Nord, mais pas la foi.
La foi, ce dépassement de soi pour plus haut, pour plus important, qui ne sert qu’à une chose : accepter sa propre mort. Les religions existeraient-elles, d’ailleurs, sans la mort ? La foi, une diversion pour nous détourner de notre minable statut de mortel. Les Kim profitent des mécanismes d’une foi laïque dont ils sont l’objet.
Les téléphones et appareils photo doivent être laissés à l’entrée du mausolée. Les blousons, aussi. Un vestiaire, comme en boîte de nuit, mais la comparaison s’arrête là. Les visiteurs sont ici tellement cadrés que la seule chose autorisée est de respirer. Marcher, par exemple, n’est pas accepté. Les gardiens du mausolée vous forcent à emprunter un tapis roulant, comme ceux des grandes stations de métro. Le but n’est pas de nous faire aller plus vite, au contraire. Les guides sont placés à l’avant et empêchent la colonne que nous formons, en rang par deux, d’avancer sur le tapis. Nous nous laissons porter. Trèèèèèèèès lentement. Pourquoi ? Pour la vue. Sur les côtés, des centaines de photographies sont encadrées. D’un côté Kim Il-sung, de l’autre Kim Jong-il. Le sourire bienveillant, toujours.
Lorsque j’étais étudiant en philo, plusieurs lectures, dont Le Sacré et le profane de Mircea Eliade, ont forgé une conviction en moi : l’homme est une bête à foi. L’homme a la foi, quelle qu’elle soit, et si ce n’est pas en un ou plusieurs dieux, c’est en autre chose. Ainsi un supporter de l’Olympique de Marseille n’a pas moins la foi que le plus assidu des témoins de Jéhovah. L’objet de la foi diffère, mais pas l’élan, pas l’envol de l’âme.
Les religions sont totalement proscrites en Corée du Nord, mais pas la foi.
La foi, ce dépassement de soi pour plus haut, pour plus important, qui ne sert qu’à une chose : accepter sa propre mort. Les religions existeraient-elles, d’ailleurs, sans la mort ? La foi, une diversion pour nous détourner de notre minable statut de mortel. Les Kim profitent des mécanismes d’une foi laïque dont ils sont l’objet.
Les téléphones et appareils photo doivent être laissés à l’entrée du mausolée. Les blousons, aussi. Un vestiaire, comme en boîte de nuit, mais la comparaison s’arrête là. Les visiteurs sont ici tellement cadrés que la seule chose autorisée est de respirer. Marcher, par exemple, n’est pas accepté. Les gardiens du mausolée vous forcent à emprunter un tapis roulant, comme ceux des grandes stations de métro. Le but n’est pas de nous faire aller plus vite, au contraire. Les guides sont placés à l’avant et empêchent la colonne que nous formons, en rang par deux, d’avancer sur le tapis. Nous nous laissons porter. Trèèèèèèèès lentement. Pourquoi ? Pour la vue. Sur les côtés, des centaines de photographies sont encadrées. D’un côté Kim Il-sung, de l’autre Kim Jong-il. Le sourire bienveillant, toujours.
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