J'ai aimé
Titre : La Louisiane
Auteur : Julia MALYE
Parution : 2024 (Stock)
Pages : 560
Présentation de l'éditeur :
Pour la première fois depuis trois
mois, elles discernent enfin le sable que leur cachait l’eau lors de la
traversée de l’Atlantique, ce fond de l’océan qu’elles ont brièvement
aperçu ce matin en débarquant de La Baleine. Personne ne leur a
expliqué où elles seraient logées ce soir, dans combien de temps elles
seraient fiancées. On ne dit pas tout aux femmes.
Paris,
1720. Marguerite Pancatelin, la Supérieure de la Salpêtrière, est
mandatée pour sélectionner une centaine de femmes « volontaires » qui
seront envoyées en Louisiane afin d’y épouser les colons français. Parmi
elles, trois amies improbables : une orpheline de douze ans à la langue
bien pendue, une jeune aristocrate désargentée et rejetée par sa
famille ainsi qu’une femme condamnée pour avortement. Comme leurs
compagnes à bord de La Baleine, Charlotte, Pétronille et
Geneviève ignorent tout de ce qui les attend au-delà des mers. Et n’ont
pas leur mot à dire sur leur avenir. Ces
étrangères réunies par le destin devront braver l’adversité – maladie,
guerre, patriarcat –, traverser une vie faite de chagrins d'amour, de
naissances et de deuils, de cruauté et de plaisirs inattendus. Et d’une
amitié forgée dans le feu.
Un
roman d’une profondeur et d’une émotion saisissantes, qui nous
transporte au cœur d’une terre impitoyable, aux côtés d’héroïnes animées
d’une extraordinaire soif d’amour et de vie.
Le mot de l'éditeur sur l'auteur :
Avis :
D’abord écrit en anglais puis en français par la jeune auteur partie étudier l’écriture créative dans une université américaine, succès de librairie en cours de traduction dans une vingtaine de pays et bientôt adapté en série, ce pavé historique use de sa consciencieuse documentation historique pour une projection très romanesque de l’histoire des filles de la Salpêtrière envoyées rejoindre en 1720 les colons français fraîchement installés en Louisiane.
« On ne dit pas tout aux femmes ». Encore moins à celles que la société a reléguées à la Salpêtrière, cette ancienne fabrique de poudre pour munitions reconvertie au XVIIe siècle en asile pour indigents, et bientôt devenue un véritable lieu de détention, aussi bien de condamnées pour faits de droit commun, de femmes dites de mauvaise vie, ou simplement d’orphelines et de filles rejetées par leurs familles. Comme d’autres avant elles envoyées faire souche au Québec pour contribuer au peuplement de ce territoire colonial, elles sont une centaine, désignées « volontaires » pour une déportation cette fois en Louisiane, où les colons manquent cruellement d’épouses pour assurer leur descendance. Avec pour seul bagage l’espoir d’un nouveau départ loin d’une métropole qui les rejette, elles n’ont bien sûr aucune idée du terrible voyage à fond de cale qui les attend, de la famine, des ouragans et de la guerre avec les tribus indiennes qui viendront encore réduire les rangs des survivantes, enfin des violences masculines auxquelles les condamne leur futur rôle de ventres reproducteurs auprès d’hommes le plus souvent sans foi ni loi, harassés par la misère et l’hostilité de leur terre de conquête.
Sur ce fond de vérité historique, Julia Malye a imaginé le sort de trois de ces femmes : l’une fille du peuple forte et rebelle, condamnée comme « faiseuse d’anges » ; la seconde fragile aristocrate rejetée par sa famille pour son excentricité peu commode à marier ; la dernière encore une enfant, orpheline de tout juste douze ans. Si l’on suit sans déplaisir leurs parcours aventureux, relatés d’une plume fluide et rythmée, la déception point rapidement quant à la crédibilité de ces trois fils narratifs. Improbablement liés malgré des mariages disparates et géographiquement éloignés, survivant à de multiples maris, tous mauvais mais dotés du bon goût de mourir précocement, finissant dans une tonalité plus misandre que féministe par trouver le bonheur entre femmes, ces trois personnages féminins trop caricaturalement chargés de connotations empruntées à l’air de notre temps n’apparaissent au final que fort peu subtilement brodés sur la trame historique qui concentre en conséquence le véritable intérêt du roman.
Entre influences #MeToo et LGBT trop visibles dans un récit se déroulant au début du XVIIIe siècle, soupçon de misandrie et happy end improbable – pour davantage de réalisme sur le sort des épouses de colons en Amérique du Nord, l’on pourra avantageusement se référer au terrible Homesman de Glendon Swarthout –, le lecteur devra se consoler en profitant de quelques aspects historiques intéressants et du rythme d’un récit d’aventure entièrement féminin. (3/5)
« On ne dit pas tout aux femmes ». Encore moins à celles que la société a reléguées à la Salpêtrière, cette ancienne fabrique de poudre pour munitions reconvertie au XVIIe siècle en asile pour indigents, et bientôt devenue un véritable lieu de détention, aussi bien de condamnées pour faits de droit commun, de femmes dites de mauvaise vie, ou simplement d’orphelines et de filles rejetées par leurs familles. Comme d’autres avant elles envoyées faire souche au Québec pour contribuer au peuplement de ce territoire colonial, elles sont une centaine, désignées « volontaires » pour une déportation cette fois en Louisiane, où les colons manquent cruellement d’épouses pour assurer leur descendance. Avec pour seul bagage l’espoir d’un nouveau départ loin d’une métropole qui les rejette, elles n’ont bien sûr aucune idée du terrible voyage à fond de cale qui les attend, de la famine, des ouragans et de la guerre avec les tribus indiennes qui viendront encore réduire les rangs des survivantes, enfin des violences masculines auxquelles les condamne leur futur rôle de ventres reproducteurs auprès d’hommes le plus souvent sans foi ni loi, harassés par la misère et l’hostilité de leur terre de conquête.
Sur ce fond de vérité historique, Julia Malye a imaginé le sort de trois de ces femmes : l’une fille du peuple forte et rebelle, condamnée comme « faiseuse d’anges » ; la seconde fragile aristocrate rejetée par sa famille pour son excentricité peu commode à marier ; la dernière encore une enfant, orpheline de tout juste douze ans. Si l’on suit sans déplaisir leurs parcours aventureux, relatés d’une plume fluide et rythmée, la déception point rapidement quant à la crédibilité de ces trois fils narratifs. Improbablement liés malgré des mariages disparates et géographiquement éloignés, survivant à de multiples maris, tous mauvais mais dotés du bon goût de mourir précocement, finissant dans une tonalité plus misandre que féministe par trouver le bonheur entre femmes, ces trois personnages féminins trop caricaturalement chargés de connotations empruntées à l’air de notre temps n’apparaissent au final que fort peu subtilement brodés sur la trame historique qui concentre en conséquence le véritable intérêt du roman.
Entre influences #MeToo et LGBT trop visibles dans un récit se déroulant au début du XVIIIe siècle, soupçon de misandrie et happy end improbable – pour davantage de réalisme sur le sort des épouses de colons en Amérique du Nord, l’on pourra avantageusement se référer au terrible Homesman de Glendon Swarthout –, le lecteur devra se consoler en profitant de quelques aspects historiques intéressants et du rythme d’un récit d’aventure entièrement féminin. (3/5)
Citations :
En Louisiane, certains tentent d’inventer une nouvelle vie loin de chez eux ; d’autres s’efforcent de défendre ce qui leur appartient ; d’autres encore regrettent la terre à laquelle on les a arrachés.
Elle essaya d’abord de se convaincre que le pays des Illinois marquerait un nouveau départ. Mais ces huit premiers mois à Biloxi n’avaient fait que confirmer ce qu’elle soupçonnait déjà. Elle ne se réinventerait pas sur ce nouveau continent.
Elles ont mis des années à comprendre ce qui les entourait. Elles veulent épargner à leurs enfants les faux pas, les désillusions, le sentiment amer que ce continent ne veut pas d’elles, pas plus que Paris et les villages qui les ont vues naître.
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