J'ai aimé
Titre : Le petit arpent du Bon Dieu
(God's Little Acre)
Auteur : Erskine CALDWELL
Traducteur : Maurice-Edgar COINDREAU
Parution : en anglais (Etats-Unis) en 1933,
en français en 1973 (Gallimard)
Pages : 288
Présentation de l'éditeur :
«Sur la première marche de la véranda, Buck était assis, la tête penchée
sur la poitrine. Le fusil était toujours par terre, là où il l'avait
laissé tomber. Ty Ty fit un tour complet pour éviter de le voir.
- Du sang sur ma terre ! murmurait-il.
Devant lui, la ferme s'étendait, désolée. Les tas de sable jaune et d'argile rouge, séparés par les grands cratères rouges, le sol rouge, inculte - la terre semblait désolée. Ty Ty, à l'ombre du chêne, se sentait complètement exténué. Il n'avait plus de force dans les muscles quand il pensait à l'or enfoui dans la terre, sous sa ferme. Il ne savait pas où se trouvait l'or et comment il le pourrait extraire, maintenant que ses forces l'avaient abandonné.»
- Du sang sur ma terre ! murmurait-il.
Devant lui, la ferme s'étendait, désolée. Les tas de sable jaune et d'argile rouge, séparés par les grands cratères rouges, le sol rouge, inculte - la terre semblait désolée. Ty Ty, à l'ombre du chêne, se sentait complètement exténué. Il n'avait plus de force dans les muscles quand il pensait à l'or enfoui dans la terre, sous sa ferme. Il ne savait pas où se trouvait l'or et comment il le pourrait extraire, maintenant que ses forces l'avaient abandonné.»
Le mot de l'éditeur sur l'auteur :
Erskine Caldwell est né le 17 décembre 1903 à White Oak, près d'Atlanta
(Georgie), où son père était pasteur. Il a fait des études aux
universités de Virginie et de Pennsylvanie. Après avoir publié The Bastard (1929) et Poor Fool (1930) [Un pauvre type],
deux récits, dont le second surtout donne déjà les couleurs les plus
violentes de la manière de Caldwell s'apparente au genre «noir», le
succès est venu avec la publication de Tobacco Road (1932) [La Route au tabac], puis de God's Little Acre (1933) [Le Petit Arpent du bon Dieu],
qui firent connaître son nom à des millions de lecteurs, dans le monde
entier. Il est mort le 11 avril 1987 à Paradise Valley (Arizona).
Avis :
Au début des années trente, au fin fond du Sud des Etats-Unis, en Géorgie, le vieux Ty Ty et ses fils, pris par la fièvre de l’or, passent leur temps à creuser leur terre au lieu de la cultiver. Pendant ce temps, la beauté et la sensualité des filles et des brus du patriarche enflamment désirs et jalousies…
Immersion chez les blancs pauvres du Sud américain, ceux que l’on a nommé « White trash » tant leur niveau de vie et d’éducation les renvoie à un état intermédiaire entre « la bête et l’esclave, mais sans leurs avantages respectifs » pour reprendre les termes du journaliste et producteur radio François Angelier, ce roman s’ouvre sur une note burlesque – Ty Ty n’a pas compris que l’or qu’est supposée contenir sa terre mentionne le fruit de son travail de cultivateur, et non la présence de pépites -, s’installe dans la concupiscence charnelle qui obsède ses personnages, et finit dans la cruauté de destins voués à la catastrophe par la bêtise et l’ignorance.
Avec un cynisme noir et une crudité sans fard, Erskine Caldwell nous emmène au plus crasse de la misère sociale et intellectuelle de son époque, sur un fond de crise économique qui conduit les plus démunis à la détresse absolue et au drame, en tous les cas qui semble les réduire à une quasi animalité. Aussi crétins qu’obsédés, les personnages évoquent une bande de lapins occupés à copuler tout en creusant inutilement d’innombrables terriers qui détruisent leur habitat. Si confondante est leur pauvreté, de corps comme d’esprit, que, sur le fond plus bêtes que méchants, ils finissent par en devenir somme toute attendrissants.
Rien n’est ici édulcoré et, entre son humour aussi grotesque que pathétique, sa noirceur autant violente que désespérée, et son érotisme sordide quasi animal, il n’est guère étonnant que Caldwell vienne en tête des auteurs les plus censurés de l’histoire de la littérature américaine. Ce livre reste encore aujourd’hui profondément dérangeant. (3/5)
Immersion chez les blancs pauvres du Sud américain, ceux que l’on a nommé « White trash » tant leur niveau de vie et d’éducation les renvoie à un état intermédiaire entre « la bête et l’esclave, mais sans leurs avantages respectifs » pour reprendre les termes du journaliste et producteur radio François Angelier, ce roman s’ouvre sur une note burlesque – Ty Ty n’a pas compris que l’or qu’est supposée contenir sa terre mentionne le fruit de son travail de cultivateur, et non la présence de pépites -, s’installe dans la concupiscence charnelle qui obsède ses personnages, et finit dans la cruauté de destins voués à la catastrophe par la bêtise et l’ignorance.
Avec un cynisme noir et une crudité sans fard, Erskine Caldwell nous emmène au plus crasse de la misère sociale et intellectuelle de son époque, sur un fond de crise économique qui conduit les plus démunis à la détresse absolue et au drame, en tous les cas qui semble les réduire à une quasi animalité. Aussi crétins qu’obsédés, les personnages évoquent une bande de lapins occupés à copuler tout en creusant inutilement d’innombrables terriers qui détruisent leur habitat. Si confondante est leur pauvreté, de corps comme d’esprit, que, sur le fond plus bêtes que méchants, ils finissent par en devenir somme toute attendrissants.
Rien n’est ici édulcoré et, entre son humour aussi grotesque que pathétique, sa noirceur autant violente que désespérée, et son érotisme sordide quasi animal, il n’est guère étonnant que Caldwell vienne en tête des auteurs les plus censurés de l’histoire de la littérature américaine. Ce livre reste encore aujourd’hui profondément dérangeant. (3/5)
Citations :
Mon garçon, dit Ty Ty en secouant la tête et en faisant disparaître la liasse de billets dans sa poche, mon garçon, quand il pleut t'as qu'à te mettre à poil et laisser ta peau se charger du reste. Le meilleur imperméable que Dieu ait jamais fait, c'est encore la peau de l'homme.
Dieu nous a mis dans le corps d’animaux et il prétend que nous agissions comme des hommes. C’est pour cela que ça ne va pas. S’il nous avait faits comme nous sommes, et ne nous avait pas appelés des hommes, le plus bête d’entre nous saurait comment vivre. (…)
Dieu a fait les jolies filles et Il a fait les hommes. Il n’en fallait pas plus. Quand on se met à prendre une femme ou un homme pour soi tout seul, on est sûr de n’avoir plus que des ennuis jusqu’à la fin de ses jours.
Dieu nous a mis dans le corps d’animaux et il prétend que nous agissions comme des hommes. C’est pour cela que ça ne va pas. S’il nous avait faits comme nous sommes, et ne nous avait pas appelés des hommes, le plus bête d’entre nous saurait comment vivre. (…)
Dieu a fait les jolies filles et Il a fait les hommes. Il n’en fallait pas plus. Quand on se met à prendre une femme ou un homme pour soi tout seul, on est sûr de n’avoir plus que des ennuis jusqu’à la fin de ses jours.
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