J'ai beaucoup aimé
Titre : Les canons tonnent la nuit
(Đêm nghe tiếng đại bác)
Auteur : Nhã CA
Traductrice : Liêu TRUONG
Parution : en vietnamien en 1966,
en français en 1997 (Editions Picquier)
Pages : 160
Présentation de l'éditeur :
Une famille unie,
encore respectueuse des valeurs traditionnelles, a quitté sa terre
natale pour suivre le flot des réfugiés et s’installer à Saigon. La
guerre n’est pas visible depuis la capitale mais tout rappelle sa
présence et ses menaces… Ce monstre froid avance la nuit, à pas de
géant, avec le bruit des canons.
Ce roman bouleversant nous fait découvrir la littérature du Sud-Vietnam des années 1960 à 1975, jusqu’alors totalement méconnue.
Ce roman bouleversant nous fait découvrir la littérature du Sud-Vietnam des années 1960 à 1975, jusqu’alors totalement méconnue.
Un mot sur l'auteur :
De son vrai nom Trần Thị Thu Vân, Nhã Ca est une femme de lettres vietnamienne née en 1939, connue pour ses écrits publiés à Saïgon pendant la guerre du Viêt Nam. Elle vit aujourd'hui aux Etats-Unis.
Avis :
Après la partition du pays, cette famille vietnamienne a fui le nord occupé par les communistes, pour se réfugier à Saïgon. La guerre n’y est encore qu’une notion assez abstraite, matérialisée par le grondement de plus en plus proche des canons et la mobilisation des jeunes hommes. Avec l’incorporation militaire du fils aîné et du fiancé de l’une des filles, commence une longue attente angoissée, rythmée par les échanges de lettres et les espoirs de permissions.
L’on comprend aisément comment tant de familles, de mères et de jeunes femmes vietnamiennes des années soixante et soixante-dix ont pu se reconnaître dans ce livre, portrait du quotidien d’une maisonnée ordinaire, qui tente tant bien que mal de poursuivre une existence aux étranges allures de presque normalité, alors que pèsent d’angoissantes menaces et que l’étreint la peur pour ses hommes partis au combat. Le temps semble suspendu pendant que chacun s’astreint à étouffer son anxiété sous des occupations incongrûment anodines, s’attachant d’autant plus à l’ordinaire qu’il est tout ce qu’il reste pour tenter de se rassurer, comme protégé par le sentiment d’irréalité de ce qui demeure invisible.
Bien peu d’action donc dans cette histoire, mais une émotion contenue à fleur de mots, dans une atmosphère menaçante, oppressante et tendue qui fait craindre l’explosion à chaque page : un témoignage réaliste et touchant de l’usure de l’attente et de l’angoisse pour ceux restés à l’arrière des combats, qui résonne d’autant plus tragiquement que, contrairement à l’auteur, l’on sait ce qu’il adviendra de Saïgon deux ans après la publication originale de ce livre. (4/5)
L’on comprend aisément comment tant de familles, de mères et de jeunes femmes vietnamiennes des années soixante et soixante-dix ont pu se reconnaître dans ce livre, portrait du quotidien d’une maisonnée ordinaire, qui tente tant bien que mal de poursuivre une existence aux étranges allures de presque normalité, alors que pèsent d’angoissantes menaces et que l’étreint la peur pour ses hommes partis au combat. Le temps semble suspendu pendant que chacun s’astreint à étouffer son anxiété sous des occupations incongrûment anodines, s’attachant d’autant plus à l’ordinaire qu’il est tout ce qu’il reste pour tenter de se rassurer, comme protégé par le sentiment d’irréalité de ce qui demeure invisible.
Bien peu d’action donc dans cette histoire, mais une émotion contenue à fleur de mots, dans une atmosphère menaçante, oppressante et tendue qui fait craindre l’explosion à chaque page : un témoignage réaliste et touchant de l’usure de l’attente et de l’angoisse pour ceux restés à l’arrière des combats, qui résonne d’autant plus tragiquement que, contrairement à l’auteur, l’on sait ce qu’il adviendra de Saïgon deux ans après la publication originale de ce livre. (4/5)
Citations :
Dans la nuit immense se propagent les échos lointains des canons. Leur grondement, d’abord indistinct, se précise peu à peu. Le voilà ! Il s’approche, il est tout près, di… dam, di… dam, à la fois doux et léger, comme une berceuse monotone. Le voilà ! De nouveau il s’approche, il s’en va. Vient-il du nord ? Non. Du sud ? De l’est ? De l’ouest ? Il s’élève strident, il s’éloigne, plus rapide que l’éclair, plus leste que la foudre. Il se perd dans la nuit. J’entends chaque grondement, chaque roulement. Inconsciemment, je sais par cœur chaque bruit, devine juste chaque explosion. Et le grondement des canons s’approche, s’approche toujours…
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