mercredi 27 mai 2020

[Bonnetto, Jérôme] La certitude des pierres







J'ai beaucoup aimé

 

Titre : La certitude des pierres

Auteur : Jérôme BONNETTO

Parution : 2020 chez Inculte

Pages : 192

 

 

 

 

 

 

Présentation de l'éditeur :   

Ségurian, un village de montagne, quatre cents âmes, des chasseurs, des traditions. Guillaume Levasseur, un jeune homme idéaliste et déterminé, a décidé d’installer une bergerie dans ce coin reculé et paradisiaque. Un lieu où la nature domine et fait la loi. Accueilli comme une bête curieuse par les habitants du village, Guillaume travaille avec acharnement ; sa bergerie prend forme, une vie s’amorce.
Mais son troupeau pâture sur le territoire qui depuis toujours est dévolu à la chasse aux sangliers. Très vite, les désaccords vont devenir des tensions, les tensions des vexations, les vexations vont se transformer en violence.
La certitude des pierres est un texte tendu, minéral, qui sonde les âmes recroquevillées dans l’isolement, la monotonie des jours, l’hostilité de la montagne et de l’existence qu’elle engendre, la mesquinerie ordinaire et la peur de l’inconnu, de l’étranger.
D’une écriture puissante, ample, poétique, Jérôme Bonnetto nous donne à voir l’étroitesse d’esprit des hommes, l’énigme insondable de leurs rêves, et l’immensité de leur folie.

 

 

Le mot de l'éditeur sur l'auteur :

Jérôme Bonnetto est né à Nice en 1977, il vit désormais à Prague où il enseigne le français. La certitude des pierres est son troisième roman.

 

 

Avis :

C’est l’oeil goguenard et la raillerie aux lèvres que les habitants du petit village de Ségurian voient débarquer le jeune Guillaume Levasseur et son projet de bergerie. Les rires ne tardent toutefois pas à se faire grinçants lorsque les brebis de l’étranger se retrouvent à pâturer sur les pentes traditionnellement consacrées à la sacro-sainte chasse au sanglier. De coups de gueule en coups de dent et coups de feu, l’affrontement devient bientôt inévitable.

Toute l’originalité du roman vient du parti-pris de sa narration : l’auteur place d’emblée le lecteur à ses côtés, dans le rôle d’observateurs extérieurs venus se pencher avec une loupe ou une caméra sur les comportements aveugles d’hommes dominés par leurs peurs, leurs susceptibilités et leurs rancoeurs. Dès lors, c’est la folle et stupide démesure du fait divers que l’on voit peu à peu s’étaler, dans une escalade irrépressible qui tend le récit vers son dénouement forcément explosif.

La finesse d’observation et la psychologie de Jérôme Bonnetto lui permet de croquer des personnages plus vrais que nature, tels qu’on a l’impression de les avoir déjà plus ou moins rencontrés, en tout cas sous une forme approchante. Sans aucun effort d’imagination, le lecteur se retrouve immergé dans un terroir suffisamment vague pour que chacun le localise à sa guise, la seule indication de sa situation entre mer et montagnes permettant toutefois de faire sonner les dialogues avec l’accent du sud.

Cette histoire peut faire penser, fugitivement, à Jean de Florette ou aux romans de Franck Bouysse, mais ici, point d’émotion ni de lyrisme : derrière les phrases courtes et percutantes qui donnent rythme et muscle au récit, l’essentiel est la mécanique psychologique, implacablement disséquée avec une distanciation presque clinique, à moins que ce ne soit avec l’imperturbable certitude des pierres quant aux dérisoires conflits humains. (4/5)

 

 

Citation :

Il fallait venir au cimetière, là, lové en contrebas du village, pour prendre son pouls et lire l'état civil. A Ségurian, il y avait quatre cents âmes qui vivaient et des milliers qui reposaient. On se dit parfois que les vivants ne font pas le poids.

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