mercredi 19 février 2020

[Lobo Antunes, Antonio] Le retour des caravelles




J'ai moyennement aimé

 

Titre : Le retour des caravelles (As Naus)

Auteur : Antonio LOBO ANTUNES

Traductrices : Michelle GIUDICELLI
                      et Olinda KLEIMAN

Parution : en portugais en 1988
                en français dès 1990
                (dont Points en 2016) 

Pages : 320

 

 

 

 

 

 

Présentation de l'éditeur :   

Poètes, navigateurs ou colons déchus, venus de différents siècles, ils ressurgissent sous la plume de l'auteur, à la fin des années 1970 dans une Lisbonne moderne. Luis de Camoes, Vasco de Gama, Pedro Alvarez Cabral et autres héros oubliés de l'histoire portugaise errent dans cette ville métamorphosée. Ils espèrent le "retour des caravelles" et aspirent à la renaissance d'un Portugal glorieux.

 

 

Le mot de l'éditeur sur l'auteur :

António Lobo Antunes, auteur d’une quinzaine de romans, a reçu le prix Camões 2007. Ce prix littéraire consacre l’ensemble de l’œuvre de l’auteur et est considéré comme le plus important du monde lusophone. Il est remis tous les ans par la Fondation Bibliothèque Nationale du Portugal et le Ministère de la Culture du Brésil, depuis 1989. Dix ans plus tard, Sophia de Mello Breyner était la première femme à se voir décerner ce prix.

 

 

Avis :

Nous sommes dans les années qui suivent la fin, en 1975, de l’empire colonial portugais en Afrique. Comme déposés pêle-mêle par la vague du temps, les personnages historiques qui ont fait la grandeur et la fierté du Portugal, grands navigateurs, auteurs et poètes d’antan, reviennent à Lisbonne. Les y attend le destin pathétique des rapatriés coloniaux, qui ont tout perdu dans la débâcle et qui découvrent une métropole inconnue et misérable, indifférente à leur sort.

Dans un style baroque où les phrases courent sur plusieurs pages, sautant d’un narrateur à l’autre en cours de route, multipliant les allusions et les métaphores dans un jeu qui rend indispensables les annotations des traductrices pour les lecteurs non familiers des figures mythiques portugaises, l’auteur superpose allégrement la gloire passée du pays et sa piteuse décadence au lendemain d’une guerre coloniale qui a finit par faire chuter son régime dictatorial. Le contraste n’en est que plus cruel et permet à Antonio Lobo Antunes de dénoncer les manipulations politiques qui ont pu abuser tout un peuple, lui faisant croire en des chimères qui ne le menèrent qu’à une crise majeure.

Fond et forme du récit s’allient dans la volonté de l’auteur de secouer la société portugaise : au-delà de sa portée politique et historique, le texte rompt avec le schéma rédactionnel classique, et emporte le lecteur dans un délire aux apparences déstructurées et absurdes. Au début bluffée et séduite par cette audace et cette originalité, j’ai assez rapidement trouvé ce parti-pris lassant et fatigant, prise par une impression de répétition un peu lourde et la sensation frustrante de parfois passer à côté des nombreuses références typiquement portugaises.

Cette œuvre audacieuse et engagée, sans doute un peu datée, mais à son époque d’une portée politique et sociale considérable, m’a permis de découvrir une facette essentielle de la culture et de l’histoire portugaises, en même temps qu’un grand nom de la littérature lusitanienne. Le récit, noir et désespéré, et surtout si délibérément en rupture avec les conventions littéraires habituelles, s’est néanmoins transformé pour moi en une véritable épreuve de lecture. (2/5)


La Ronde des Livres - Challenge 
Multi-Défis d'Hiver 2020

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire