samedi 29 février 2020

[Montalbetti, Christine] Mon ancêtre Poisson





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Titre : Mon ancêtre Poisson

Auteur : Christine MONTALBETTI

Editeur : P.O.L

Année de parution : 2019

Pages : 240

 

 

 

 

 

 

 

Présentation de l'éditeur :   

Ce roman doit autant à l’imagination qu’à une reconstitution familiale et historique. Christine Montalbetti part sur les traces de son arrière-arrière-grand-père, botaniste au Jardin des Plantes de Paris dès l’âge de neuf ans. Elle s’adresse directement à lui dans une complicité littéraire étonnante. Son nom ? Poisson. « Un nom idéal pour un ancêtre, puisqu’il paraît que c’est du poisson que nous venons ».

Jules Poisson est né en 1833. Il verra le monde se transformer jusqu’à sa mort en 1919. Nous faisons avec lui cette traversée du XIXe et des débuts du XXe siècle. Jules a vécu le terrible siège de Paris en 1870, et toute la guerre de 1914. Passant de la bougie à la lampe, il a connu l’invention du cinéma, des appareils qui enregistrent la voix. La narratrice mène l’enquête : archives familiales, état civil, correspondances et articles scientifiques… Elle sonde les légendes familiales, des histoires bien étranges. Il y a la vie de Jules, herborisant, menant ses expériences au laboratoire, proche des plantes et de la nature, une figure de savant distrait, plutôt lumineuse. Et sa vie meurtrie (on apprendra pourquoi), sa part fantasque, sombre, presque un côté Jekyll. Dont une anecdote mille fois racontée et pourtant au bord de l’indicible et de l’horreur. Ainsi, à mesure que l’histoire du monde se tend, celle de Jules se trouble, confronté à l’histoire tragique de son fils Eugène parti vivre en Afrique.

 

 

Le mot de l'éditeur sur l'auteur :

Christine Montalbetti est née au Havre et vit à Paris. Romancière (auteure chez P.O.L d’une dizaine de romans, d’un récit, de deux recueils de nouvelles), elle écrit aussi pour le théâtre: Baba court dans les paysages a été mis en espace par Philippe Calvario au Festival de Hérisson (2008), L’Avare impromptu par Nicolas Lormeau à la Comédie française dans le cadre des « Petites formes » (2009). La Maison imaginaire répondait à une commande de France-Culture. En 2009, Denis Podalydès crée Le Cas Jekyll, dont le Théâtre National de Chaillot est co-producteur, et qui tournera pendant plusieurs saisons. La pièce est reprise dans une nouvelle mise en scène d’Elvire Brisson au Théâtre des Martyrs de Bruxelles en 2012. En février 2017, Pierre Louis-Calixte a créé Le Bruiteur au Studio-Théâtre de la Comédie française. En novembre 2018, création d’une version opéra du Cas Jekyll, sur une musique de François Paris et dans une mise en scène de Jacques Osinski.

 

 

Avis :

L’arrière-arrière-grand-père de l’auteur est Jules Poisson : engagé à neuf ans, en 1842, comme jardinier au Jardin des Plantes, il devient un botaniste autodidacte, à l’origine de nombreuses conférences et publications. II décède en 1919, jusqu’au bout passionné par son métier. Christine Montalbetti est partie sur ses traces, explorant scrupuleusement le moindre indice susceptible de l’éclairer sur la vie de son aïeul : état civil et lieux qu’il a fréquentés, photographies, récits et légendes familiales, articles et ouvrages archivés, lui ont permis de le faire revivre le temps d’un livre, où elle s’adresse à lui affectueusement, par-delà les générations qui les séparent.

Il ne s’agit pas ici d’un roman, mais d’une reconstitution fidèle de ce qu’a pu être la vie de Jules : bien peu d’éléments finalement subsistent pour comprendre cet homme, aussi, le récit avance par recoupement d’hypothèses, exploitant les faits connus pour les enrichir de leur contexte, de la guerre de 1870 à celle de 1914-18, des incidents climatiques aux nouvelles grandes inventions de l’époque… Le résultat est l’impression mélancolique et touchante d’une ombre entraperçue au travers de la brume du temps, d’un fantôme à demi-effacé qui resurgit par petites touches pour mieux se dérober derrière son aura de mystère.

Si le travail de documentation est rigoureux, l’écriture est sensible, jolie et maîtrisée, et confère à l’ouvrage charme et élégance. Presque plus que le souvenir de Jules, c’est la relation de l’auteur à son ancêtre qui émeut ici, par sa fierté respectueuse et presque timide, par sa relation au temps, à la vie et à la mort, et par la question de la filiation et de la transmission posée avec émotion.

C’est pourtant cette même intimité entre l’écrivain et son ascendant qui finit en quelque sorte par provoquer un sentiment d’exclusion chez le lecteur, pour qui il est difficile de partager durablement le même niveau d’intérêt et d’attendrissement à l’égard d’un homme, certes intéressant, mais sur lequel il n’apprendra en définitive qu’assez peu de choses.

Ce livre m’a au final paru davantage écrit pour le plaisir de son auteur que celui de son lecteur : tandis que l’une creuse avec émotion à la recherche de ses racines, l’autre peine à empêcher l’ennui de s’installer, malgré toute la finesse et l’intelligence de l’écriture. (3/5)

  
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