vendredi 19 juillet 2019

[McArthur, Robin] Les femmes de Heart Spring Mountain





J'ai aimé

 

Titre : Les femmes de Heart Spring Mountain
          (Heart Spring Mountain)

Auteur : Robin McARTHUR

Traductrice : France CAMUS-PICHON

Parution : 2018 en américain (Ecco)
                2019 en français (Albin Michel)

Pages : 368



 

 

 

 

 

Présentation de l'éditeur :   

Août 2011. L’ouragan Irene s’abat sur le Vermont, laissant derrière lui le chaos et la désolation. Loin de là, à La Nouvelle-Orléans, Vale apprend que sa mère a disparu lors du passage de la tempête. Cela fait longtemps que la jeune femme a tourné le dos à sa famille, mais cette nouvelle ne lui laisse d’autre choix que de rentrer chez elle, à Heart Spring Mountain.

Elle y retrouve celles qui ont bercé son enfance : la vieille Hazel qui, seule dans sa ferme, perd la mémoire, et Deb, restée fidèle à ses idéaux hippies. Mais si elle est venue là dans le seul but de retrouver sa mère, c’est aux secrets des générations de femmes qui l’ont précédée que Vale va se confronter, réveillant son attachement féroce à cette terre qu’elle a tant voulu fuir. 


Après Le Cœur sauvage, un recueil de nouvelles unanimement salué par la critique et les libraires, Robin MacArthur signe, d’une écriture pure et inspirée par la nature sauvage du Vermont, un émouvant premier roman sur le lien à la terre natale, et offre une réflexion lumineuse sur l’avenir de notre planète.


« L’écriture de Robin MacArthur est un petit miracle. » Télérama.

 

 

Un mot sur l'auteur :

Robin MacArthur est originaire du Vermont, où elle vit toujours aujourd’hui. Elle a créé avec son mari un groupe de musique folk baptisé Red Heart the Ticker, et ses nouvelles ont été publiées dans de nombreuses revues littéraires. Régulièrement comparée à Annie Proulx et Anthony Doerr, elle s’impose en deux livres seulement comme un des jeunes écrivains les plus prometteurs de sa génération.  

 

 

Avis :

Lorsqu’en 2011, sa mère Bonnie est portée disparue suite à l'ouragan Irene qui vient de frapper la côte Est des Etats-Unis, Vale quitte précipitamment son travail de serveuse et de strip-teaseuse à la Nouvelle-Orléans pour revenir dans le Vermont, à Heart Spring Mountain, ce coin perdu de nature qui est le berceau de sa famille et où elle a passé toute son enfance. C'est la première fois depuis des années qu'elle revient dans ce lieu pauvre et rural, qu'elle a fui en même temps que la toxicomanie de sa mère. Alors qu'elle se lance désespérément sur les traces maternelles, c'est bientôt tout le passé familial qu'elle se retrouve à exhumer peu à peu, déterrant des secrets longtemps tus sur sa généalogie et se réconciliant finalement avec ses racines et sa terre d'origine.

Cette vaste saga sur trois générations de femmes se déploie lentement, alternant les époques au fil de courts chapitres qui viennent peu à peu dissiper les mystères de cette famille. Les hommes en sont les grands absents, presque tous disparus ou inconnus, alors que les femmes s'agrippent courageusement à leur indépendance et à leur mode de vie rude et sauvage, au contact de la terre et de la nature.

Il aura fallu ni plus ni moins qu'un dérèglement climatique pour qu'enfin Vale puisse mettre de l'ordre dans le passé, et trouver par là la possibilité de se construire qui aura tant fait défaut à sa mère. Car comment trouver son équilibre sans connaître ses origines, surtout lorsque les secrets s'empilent au fil des générations, depuis une lointaine et oubliée ascendance amérindienne, jusqu'au mystère de pères dont on ignore l'identité ?

Sur fond de désastre climatique, au moment où les violents et perturbants bouleversements qui s'annoncent nous amènent à nous interroger et à nous recentrer sur les vrais essentiels, cette histoire nous questionne sur notre identité profonde, insistant sur l'importance du sentiment d'appartenance et la transmission entre les générations. Il nous rappelle que nous faisons partie d'un tout, que sans conscience de nos origines et sans harmonie avec notre environnement, il nous est impossible de nous sentir légitimes, de nous construire en tant qu'individus, de vivre tout simplement.

Si ce récit puissant et choral est intelligemment construit autour de beaux portraits de femmes, il ne m'a pas captivée du début à la fin. Je me suis souvent sentie perdue dans les incessants sauts entre les personnage et les époques. J’ai eu du mal à entrer dans l’histoire, à m’attacher aux personnages et à leur marginalité un peu excentrique. J’ai eu un sentiment de longueur et de lassitude, et je n’ai pas compris l’utilité des références littéraires et cinématographiques qui m’ont semblé alourdir le récit plus qu’autre chose.

Je garde donc une impression mitigée de ce livre aux qualités indéniables, mais que j'ai plus apprécié intellectuellement que véritablement aimé. (3/5)

 

 

Citation :

Le violoneux, c’est Lex. L’homme aux yeux couleur de fougère, à peine bordés de noir. Quand il joue, on dirait que son corps se détache du sol, seulement relié à la terre par un fil électrique courant de son orteil gauche au sommet de son crâne. Il tournoie autour de ce fil, tanguant légèrement, tremblant, se baissant, transporté, épanoui. La plupart du temps, ses yeux sont fermés, mais il lui arrive de regarder les danseurs et là il sourit, un sourire pareil à l’explosion d’une ampoule électrique dans cette salle tout en bois où nous dansons, où les hommes sont si tendus et les femmes si raides, le visage impassible, mais quand l’ampoule explose, l’espace d’un instant on a tous l’air tellement beaux que j’ai l’impression de pouvoir me métamorphoser en quelque chose que je n’étais pas auparavant : un faucon, une braise, les pétales épars d’une rose du Venezuela.

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