mardi 2 septembre 2025

[Tomic, Ante] Miracle à la Combe aux Aspics

 



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Titre : Miracle à la Combe aux Aspics
            (Čudo u Poskokovoj Dragi)

Auteur : Ante TOMIC

Traduction : Marko DESPOT

Parution :  en croate en 2009,
                   en français en
2021
                   (Noir sur Blanc)

Pages : 208

 

 

 

 

 

Présentation de l'éditeur :

À sept kilomètres de Smiljevo, haut dans les montagnes, dans un hameau à l’abandon, vivent Jozo Aspic et ses quatre fils. Leur petite communauté aux habitudes sanitaires, alimentaires et sociologiques discutables n’admet ni l’État ni les fondements de la civilisation – jusqu’à ce que le fils aîné, Krešimir, en vienne à l’idée saugrenue de se trouver une femme. Bientôt, il devient clair que la recherche d’une épouse est encore plus difficile et hasardeuse que la lutte quotidienne des Aspic pour la sauvegarde de leur autarcie. La quête amoureuse du fils aîné des Aspic fait de ce road-movie littéraire une comédie hilarante, où les coups de théâtre s’associent pour accomplir un miracle à la Combe aux Aspics.

 

 

Le mot de l'éditeur sur l'auteur : 

Originaire d’un petit village de Croatie, Ante Tomi, né en 1970, a obtenu un diplôme en philosophie et sociologie de l’université de Zadar. Devenu journaliste pour le quotidien Slobodna Dalmacija, il démontre un rare talent littéraire qui se confirme en 2000 dans son premier roman Što je muškarac bez brkova (Qu’est-ce qu’un homme sans moustache). Trois ans plus tard, il publie Ništa nas ne smije iznenaditi (Rien ne doit nous surprendre) qui décrit la vie des recrues dans l’Armée populaire yougoslave. Ces deux romans ont été adaptés à l'écran. En 2009 sort son roman le plus connu, Miracle à la Combe aux Aspics. Il est actuellement chroniqueur pour le journal Slobodna Dalmacija.

 

 

Avis :

Paru en l’an 2000 et adapté au cinéma, le premier roman du Croate Ante Tomic Qu’est-ce qu’un homme sans moustache ? était une pépite d’humour burlesque et satirique qui pourfendait allégrement le patriarcat et le conservatisme en Croatie. Devaient suivre plusieurs ouvrages de la même eau, non traduits en Français, jusqu’à Miracle à la Combe aux Aspics, une autre franchement irrévérencieuse pantalonnade, de celles qui, avec son activité de journaliste satirique, ont valu à l’auteur plusieurs agressions violentes et les remontrances du ministre de la Culture, dans un pays où libre expression rime encore dangereusement avec pression politique.
 
Nous voici donc de retour près de Smiljevo, une bourgade imaginaire de l’arrière-pays dalmate. En cette région de montagnes reculées, une famille accrochée à son hameau abandonné s’obstine à y mener une existence d’un autre siècle, autarcique et rebelle. Plus que jamais rendus à un état de quasi sauvagerie depuis la mort de la mère qui leur servait rageusement de bête de somme – « Comme si elle en avait fait vœu à la Sainte Vierge, Zora se tut jusqu’à son dernier soupir, où elle jeta un tendre et ultime regard à son époux et murmura : Tu es une merde » –, Jozo Aspic, le père, et ses quatre fils adultes, Krešimir, Branimir, Zvonimir et Domago, repoussent à coups de fusil toute intrusion de la civilisation et de ses autorités dans la vallée qui abrite leur taudis. Mais une remarque, prudemment glissée par le curé sur l’utilité d’une femme pour le confort domestique, fait germer un projet incongru dans l’esprit du fils aîné. Il s’agit de retrouver, quelque part dans la grande ville de Split, certaine serveuse dont les bonnes dispositions, quelque quinze ans plus tôt, pourraient laisser augurer une possible « ouverture »...

S’ensuit une cascade d’aventures grand-guignolesques, les Aspics débarquant, dans leur course à la belle, sur les plates-bandes du chef de la police. Scènes rocambolesques et répliques truculentes s’enchaînent, opposant la détermination bornée de ploucs mal dégrossis mais armés jusqu’aux dents à celle, tout aussi dépourvue de nuances, d’autorités aux méthodes coercitives. Au tempérament vite échauffé de cette bande de rustres répond l’aplomb de femmes habituées à faire face à tout sans se plaindre. Et, la belligérance serbo-croate parsemant de ses stigmates tout le récit, c’est aussi bien la farce légère que la parodie noire et féroce des conflits internes couvant toujours sous la cendre balkanique que l’on peut choisir de voir dans ce nœud de vipères… aspics.

D’un humour peut-être moins irrésistible que le très cocasse premier roman de l’auteur, cette nouvelle comédie déjantée prend elle aussi tout son sel à travers sa satire très décalée de la société croate et de ses antagonismes. A lire, comme toute caricature, avec le recul nécessaire. (3,5/5)

 

 

Citation :

Le garçon apporta trois boissons verdâtres.
– C’est quoi , ça ? demanda Mile. Du liquide vaisselle ?
– Cocktail rhum blanc et limette, monsieur, dit le serveur en tiquant.
– Du rhum ? Chez nous, on met ça dans les gâteaux, remarqua Branimir. 
– Monsieur, c’est sûrement le meilleur rhum du monde. Vingt-cinq ans d’âge.
– Vingt-cinq ans ? dit Mile. Mon garçon, s’il était aussi bon que tu le prétends, on l’aurait bu depuis longtemps.

 

 

Du même auteur sur ce blog :

 
Qu'est- ce qu'un homme sans moustache ?




 

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