mercredi 1 mai 2024

[Tremain, Rose] Lily

 




J'ai beaucoup aimé

 

Titre : Lily

Auteur : Rose TREMAIN

Traduction : Françoise du SORBIER

Parution :  en anglais en 2021
                   en français en 2023 (JC Lattès)

Pages : 336

 

 

 

 

 

 

Présentation de l'éditeur :

Londres, 1850. Par une nuit glaciale, un bébé est abandonné devant les grilles d’un parc. Sauvée par un jeune policier, la petite fille est emmenée à l’hospice des Enfants trouvés. Après des années d’un traitement cruel et brutal, Lily retrouve sa liberté dans le Londres de l’époque victorienne. Pourtant elle cache un terrible secret…
Quand Lily et le policier se rencontrent à nouveau, elle est convaincue qu’il détient la clé de son bonheur. Mais ne pourrait-il tout aussi bien être celui qui découvrira son crime, la condamnant ainsi à mort ?
Avec Lily, Rose Tremain explore avec brio les thèmes du rejet et de la culpabilité dans une remarquable fresque qui laisse place à la rédemption comme à la vengeance.

 

 

Le mot de l'éditeur sur l'auteur : 

Rose Tremain, une des plus grandes romancières anglaises contemporaines, a remporté de prestigieux prix littéraires, dont le Femina Étranger pour Le Royaume interdit et le Orange Prize pour Retour au pays. Elle a été anoblie par la reine.

 

 

Avis :

Lily a dix-sept ans et rêve la nuit du gibet qui l’attend. Elle a commis un meurtre et, assaillie par la culpabilité et l’angoisse, redoute à chaque instant d’être découverte, en même temps qu’elle espère presque le soulagement des aveux. Alors sa courte vie lui revient en flash-back...

Abandonnée à la naissance, en 1850, aux portes d’un parc londonien, Lily est sauvée du froid et des loups par un jeune policier qui la dépose au Foundling Hospital, cet établissement créé par un philanthrope un bon siècle plus tôt pour recueillir les enfants trouvés. Conformément à la règle de l’institution, le bébé est confié à une nourrice à la campagne, avant de revenir à l’orphelinat six ans plus tard. Brutale et impréparée, la transition est rude entre le cadre aimant et rassurant de cette famille paysanne que Lily avait cru sienne, et la sévérité dépourvue d’humanité des surveillantes, convaincues de devoir mater « des animaux sauvages » nés de « mères dénaturées ».

Aussitôt surnommée « Miss Désobéissance », la fillette devient la cible privilégiée de la plus terrible de ces femmes, Nurse Maud, auteur intouchable de multiples sévices, répétés sa vie durant sur des générations d’enfants jusqu’à ce que parfois mort s’ensuive. Placée à l’adolescence chez une perruquière du demi-monde, Lily reste obsédée par les trois grands marqueurs de son existence : le mystère de sa naissance, l’affection perdue de sa nourrice et la cruauté criminelle de sa tortionnaire. Au point de se rendre coupable du pire, juste au moment où le policier qui la sauva réapparait dans sa vie…

S’inspirant librement de l’histoire du Foundling Hospital pour nous immerger dans l’Angleterre victorienne de Dickens et des soeurs Brontë, Rose Tremain nous propose un récit, fidèle à la tradition romantique, qui fait la part belle à la sensibilité et aux sentiments, au travers d’une héroïne déchirée entre sa conscience et sa volonté de vengeance, entre sa culpabilité et ses espoirs de rédemption, et bien sûr, par les affres d’un amour impossible. Par son abandon, Lily se retrouve coincée dans d’inextricables limbes, comme si pas véritablement née au monde : d’un côté, l’affreuse Nurse Maud, incarnation du Mal absolu, décidée à entraîner au fond de l’enfer cette proie condamnée par un rejet originel ; de l’autre, une mosaïque de personnages tous bons et aimables malgré les duretés de leur quotidien, représentations de ce monde désirable duquel son statut d’enfant abandonnée l’a irrémédiablement chassée. Pour détruire le Mal, Lily devra se compromettre à son tour, se fermant possiblement à jamais le Paradis d’Amour dans lequel elle espérait enfin entrer.

Alors, condamnation ou rédemption, mise au rebut définitive ou nouvelle chance ? Ce sera au lecteur de choisir d’ouvrir ou de fermer la porte laissée entrebâillée à la fin du roman… (4/5)

 

 

Citations :

Elle essaya de se retourner, d’appeler Nellie. Une main se plaqua sur sa bouche et la surveillante lança d’une voix méprisante :
— Pas de ça ! Nous ne tolérons pas la sentimentalité. Vous êtes l’enfant d’une mère dénaturée et vous devriez remercier à genoux Notre Seigneur Jésus d’avoir été sauvée grâce à nous. C’est tout ce à quoi vous devez penser désormais : que vous avez été sauvée.
Lily essaya encore de se retourner et de se libérer de l’étreinte de sa gardienne, de courir vers l’endroit où était allée Nellie avec son panier de jonc et la couverture de laine au crochet, mais elle ne la vit pas.
— Ça suffit ! dit la surveillante. Elle est partie et vous ne la retrouverez pas. Il n’y a pas d’adieux émus ici. Nous les interdisons. Votre mère nourricière a fait son devoir, c’est tout. Maintenant, elle prend en charge un autre bébé et vous serez oubliée.


Pendant qu’elles s’occupaient à empeser les délicates guimpes blanches, les religieuses se mirent à leur poser des questions sur l’hospice des Enfants trouvés, la façon dont s’y déroulaient les journées. Et quand Bridget déclara : « Personne ne nous aime, là-bas », elles tendirent leurs mains rougies par la vapeur, lui effleurèrent la tête et dirent : « Vous ne devez pourtant pas en souffrir, car Dieu est amour et cela doit vous suffire. »

 

 

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