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Titre : Les dames de guerre : Saïgon
Auteur : Laurent GUILLAUME
Parution : 2024 (Robert Laffont)
Pages : 496
Présentation de l'éditeur :
Septembre 1953, New York. La rédaction de Life magazine est en deuil. Son reporter de guerre vedette, Robert Kovacs, a trouvé la mort en Indochine française laissant derrière lui un vide immense.Persuadée que sa disparition n’a rien d’accidentelle, Elizabeth Cole, photographe de la page mondaine, décide de lui succéder et réalise ainsi son plus grand rêve : devenir correspondante de guerre.
C’est le début d’une enquête à l’autre bout du monde, au cœur d’un écheveau d’espions, de tueurs à gages, de sectes guerrières, d’aventuriers, et de trafiquants d’armes. À Saigon, Hanoï, sur les hauts plateaux du Laos, Elizabeth va rencontrer son destin en exerçant son métier dans des conditions extrêmes et affronter les pires dangers.
Le mot de l'éditeur sur l'auteur :
Avis :
Fin 1953, alors qu’il accompagne un commando français à la frontière du Laos et de la Birmanie, le reporter de guerre Robert Kovacs saute sur une mine. Personne à la rédaction de Life ne se précipitant pour prendre la relève, la jeune journaliste Elisabeth Cole, qui piaffait aux pages mode du magazine, se porte aussitôt volontaire. Intriguée par un rouleau de pellicule très compromettant retrouvé caché dans la doublure de veste de Kovacs, l’Américaine est bien décidée à reprendre l’enquête de son confrère là où elle s’est interrompue. Confrontée dès son arrivée à la complexe et trouble société de Saïgon, infestée d’espions et de mafieux en tout genre, il va lui falloir bien du courage et de la détermination pour tenter de pénétrer à son tour le théâtre des opérations peu orthodoxes que, sur les hauts plateaux du Laos, bien loin de la capitale coloniale, les services de renseignements extérieurs français mènent discrètement pour soutenir les maquis anticommunistes, tout en asséchant une source conséquente de financement du Viêt Minh : le trafic d’opium.
Ambiance minutieusement restituée et personnages inspirés d’hommes et de femmes ayant existé – Robert Kovacs est le double du correspondant de guerre hongrois Robert Capa, tandis qu’Elisabeth Cole emprunte de nombreux traits à Lee Miller, reporter de guerre américaine envoyée en Europe pendant la seconde guerre mondiale : c’est une immersion réussie dans une Indochine déjà perdue par la France et surveillée avec la plus extrême attention, en ce contexte de guerre froide, par les Etats-Unis, que nous propose la narration sérieusement documentée de Laurent Guillaume. Le désastre de Diên Biên Phu est imminent, qui viendra sonner la fin de la partie tricolore en Indochine. En attendant, lâchés par le pouvoir civil et par une opinion indifférente, les forces françaises en viennent à des actions peu conventionnelles, venant d’ailleurs s’ajouter à bien d’autres affaires tout aussi illégales en Indochine, telle celle, plus connue, des piastres.
Sur ce solide fond historique, l’auteur a choisi de mettre en avant une héroïne destinée à devenir récurrente, puisque que Saïgon est annoncé comme le premier volet d’une série intitulée Les dames de guerre. Globalement très idéalisée dans son inexpérience en remontrant pourtant à tous dans sa confrontation à la guerre et à la myriade de professionnels aguerris de l’espionnage et du crime qu’elle trouve sur sa route, elle peine à demeurer crédible au regard de la restitution soignée du contexte et renvoie finalement le récit au registre du roman de gare, en l’occurrence un roman d’aventure rythmé et foisonnant que l’on parcourt quoi qu’il en soit avec plaisir.
Nonobstant les aspects les plus caricaturaux de son héroïne, ce roman qui décline au féminin guerre, aventure et espionnage, sur le fond soigneusement rendu de faits réels méconnus, enchantera les amateurs d’action et d’Histoire un peu sensationnelle, là où crimes et délits deviennent institutionnels. (3,5/5)
Citation :
— Pourquoi ?
— Ces commandos sont presque autonomes. Ils n’ont rien à faire avec l’état-major de l’armée et ils n’ont de comptes à rendre à personne. Ce qui leur vaut l’inimitié et la jalousie des unités de l’armée régulière. Ils sont basés dans des « maquis », comme disent les Français. Ce sont des bases avancées dans les zones d’influence des Viets.
Son regard s’attarda sur deux jeunes femmes annamites qui passaient sur le trottoir, élégantes et souples comme des joncs. Ses yeux revinrent à Elizabeth.
— L’essentiel des troupes des GCMA est constitué d’indigènes. Des Méos pour la plupart, des peuples de montagnards qui vivent surtout au Laos, mais aussi des Thaïs qui viennent du Siam. Ce sont d’excellents guerriers qui détestent les Vietminhs. Les cadres sont des Français, d’anciens parachutistes, des commandos, des vétérans de la Seconde Guerre, de vrais tueurs.
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