mardi 23 mai 2023

[McCarthy, Cormac] Non, ce pays n'est pas pour le vieil homme

 



J'ai beaucoup aimé

 

Titre : Non, ce pays n'est pas pour
            le vieil homme
            (No Country For Old Men)

Auteur : Cormac McCARTHY

Traduction : François HIRSCH

Parution : en anglais (Etats-Unis) en 2005
                  en français en 2007
                  (Editions de l'Olivier)

Pages : 304

 

 

 

 

 

Présentation de l'éditeur :  

Un matin, à la frontière du Texas et du Mexique, un homme tombe par hasard sur les traces d’un carnage : des cadavres, un agonisant, des armes, de l’héroïne, et plus de deux millions de dollars en liquide. L’auteur de cette macabre découverte se nomme Llewelyn Moss. En empochant l’argent, il sait qu’il se met en danger. Mais il ignore la nature exacte des puissances qu’il a reveillées. Elles prennent la forme d’une horde sauvage composée d’hommes de sac et de corde, d’un ancien officier des Forces spéciales, et surtout d’un tueur travaillant pour son propre compte, et dont il ne doit attendre aucune miséricorde.Face à ces envoyés du chaos, Moss et sa jeune femme paraissent bien vulnérables, et les « forces de l’ordre » bien incapables de les protéger. Commence alors une folle cavale à travers des paysages lunaires et des villes-fantômes, monde nocturne que vient seulement troubler le fracas des armes automatiques.

Après sept ans de silence, Cormac McCarthy est de retour avec cet extraordinaire roman noir qui, tout en plongeant sers racines dans le terreau le plus archaïque, décrit d’une manière incroyablement moderne la guerre qu’une société se livre à elle-même.

 

Le mot de l'éditeur sur l'auteur :

Cormac McCarthy est né en 1933 à Providence. Dès ses premiers livres (L'Obscurité du dehors, Actes Sud 1991, Un enfant de Dieu, Actes Sud 1992, Méridien de sang 1998), il est comparé à Herman Melville, James Joyce et William Faulkner, alternant entre western métaphysique et thriller rural. On découvre en 1993 De si jolis chevaux, premier volume de La Trilogie des confins (Actes Sud). Le livre remporte le National Book Award en 1992. Les deux autres volumes, Le Grand Passage et Des villes dans la plaine, ont paru aux Éditions de l'Olivier en 1997 et en 1999. Cormac McCarthy a également publié Suttree (Actes Sud 1994) ou encore Le Gardien du verger (1996). De si jolis chevaux a été adapté au cinéma par Billy Bob Thornton avec Matt Damon et Penelope Cruz. Non, ce pays n'est pas pour le vieil homme, paru en 2007 aux Éditions de l'Olivier, a été adapté au cinéma par les frères Coen. La Route a été couronné par le prix Pulitzer.

 

Avis :

Parti chasser près de la frontière mexicaine dans le sud-ouest du Texas, le trentenaire Llewelyn Moss tombe sur un drôle de tableau : plusieurs cadavres criblés de balles autour de véhicules tout-terrain, l’un encore bourré de briques d’héroïne. Des traces de sang le conduisent un peu plus loin, auprès d’un dernier corps. L’homme n’a pas survécu à ses blessures et gît auprès d’une sacoche emplie de liasses de billets. Ebloui par cette soudaine chance d’offrir une nouvelle vie à sa jeune compagne Carla Jean, Moss s’empare de cette petite fortune, près de deux millions et demi de dollars. Il ne se doute pas encore du guêpier dans lequel il vient de se fourrer. Sa tête mise à prix par les trafiquants, il doit prendre la fuite, divers poursuivants aux trousses.

L’homme engagé par la mafia pour récupérer l’argent est un ancien lieutenant colonel de la guerre du Viêt Nam, reconverti tueur à gages. Un enfant de coeur comparé au second chasseur de primes qui s’est mis sur les rangs : le psychopathe Anton Chiguhr. Totalement incontrôlable dans son approche sacerdotale des missions mortelles qu’il entreprend, cet électron libre, si déterminé, froid et implacable dans sa violence sans affect qu’on le dirait programmé au meurtre comme une machine impossible à arrêter, ne tarde pas à apparaître comme une véritable incarnation du mal. Au point de faire douter le vieux shérif Ed Tom Bell, ancien combattant de la seconde guerre mondiale qui pensait avoir exorcisé ses lancinants souvenirs en endossant l’étoile du redresseur de torts, protecteur de la veuve et de l’orphelin, mais qui se sent de plus en plus dépassé par la violence des nouvelles formes de criminalité.

Tandis que Bell, réduit au rôle de figurant impuissant à empêcher un drame annoncé, suit chaque nouvelle étape de cette course poursuite sans merci, ses commentaires désespérés sur la glissade du monde vers un avenir de plus en plus noir, apocalyptique à considérer cet espèce d’antéchrist ou d’ange exterminateur que lui semble le monstrueux Chiguhr, viennent souligner de leur vision crépusculaire ce roman d’action hyperviolent, semés de cadavres troués comme des passoires par des armes ultra-puissantes, symboles obsessionnels d’une Amérique moderne en perdition.

Adapté au cinéma par les frères Cohen, ce polar noir et violent est aussi un western contemporain à rebours du rêve américain. Ode au parler texan aussi difficile à traduire que son titre, tiré d’un vers de Yeats et tellement plus percutant en anglais, sans doute séduira-t-il davantage les amateurs d’action et de dialogues taillés pour l’écran, que les amoureux du raffinement de la pensée et de la beauté stylistique. N’empêche, ses pages sont de celles qui tournent d’elles-mêmes, habitées par un vieil homme désemparé de voir tous ses principes balayés par la violence de l’Amérique d’aujourd’hui. (3,5/5)

 

 

Citations :  

Au temps de la guerre de la drogue là-bas le long de la frontière il n’y avait pas un seul pot d’un litre et demi à acheter. Pour y mettre les confitures, etc. Le frichti. On n’en trouvait nulle part. La raison c’est qu ils se servaient de ces pots-là pour y mettre des grenades à main. Si tu passais en avion au-dessus d’une maison ou d’une propriété et que tu lâchais des grenades les grenades explosaient avant d’arriver en bas. Alors voilà comment ils s’y sont pris : ils dégoupillaient les grenades et les mettaient dans le pot et revissaient le couvercle. Alors chaque fois que le pot touchait le sol le verre se brisait et libérait la cuillère, le levier. Ils remplissaient d’avance des caisses entières de ces machins-là. C’est difficile à croire qu’on puisse se balader la nuit dans un petit avion avec un chargement pareil, mais c’est ce qu’ils faisaient.
 

Je crois que si on était Satan et qu’on commençait à réfléchir pour essayer de trouver quelque chose pour en finir avec l’espèce humaine ce serait probablement la drogue qu’on choisirait. C’est peut-être ce qu’il a fait. J’ai dit ça à quelqu’un l’autre matin au petit-déjeuner et on m’a demandé si je croyais en Satan. J’ai dit c’est pas de ça qu’il s’agit. Et on m’a répondu je le sais mais t’y crois ? Il a fallu que je réfléchisse. Sans doute que j’y croyais quand j’étais jeune. Arrivé à la quarantaine j’étais un peu moins ferme dans mes convictions. À présent, je recommence à pencher de l’autre côté. Il explique pas mal de choses qui n’ont pas d’autre explication. Qui n’en ont pas pour moi.

 

 

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2 commentaires:

  1. J'avais lu le roman à l'époque, après avoir vu le film, en appréciant que l'éditeur ait pris la peine de traduire son titre en français, alors que le film était sorti en France avec le titre en anglais! Mais je crois que j'en avais trouvé le style un peu plat...
    (s) ta d loi du cine, "squatter" chez dasola

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    1. L'auteur reproduit le parler texan : impossible à rendre en français...

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