vendredi 12 mai 2023

[Bednarski, Piotr] Les neiges bleues

 


 

Coup de coeur 💓💓

 

Titre : Les neiges bleues
            (
Blekitne Sniegi)     

Auteur : Piotr BEDNARSKI

Traduction : Jacques BURKO

Parution : 1996 en polonais,
                   2004 en français (Autrement)

Pages : 144

 

 

 

 
 

 

Présentation de l'éditeur : 

Comme toujours de malheur, le gel arriva sans prévenir. Il suffit d’une seule nuit pour qu’il ouvrît son portail d’argent et semât soigneusement partout ses graines mortifères. Une oreille sensible pouvait percevoir un chuchotis comme celui du blé qui glisse dans la goulotte d’un moulin. Ceci signifiait que la température était tombée en dessous de moins quarante degrés. La neige se fit bleue et la limite entre terre et ciel s’estompa. Le soleil, dépouillé de sa splendeur et privé de son éclat, végétait désormais dans une misère prolétarienne. Le froid vif buvait toute sa chaude et vivifiante liqueur – désormais seuls le feu de bois, l’amour et trois cents grammes quotidiens d’un pain mêlé de cellulose et d’arêtes de poisson devaient nous défendre contre la mort.

Au cœur du système répressif soviétique des années 40, dans l’antichambre du Goulag, un petit garçon de huit ans tente, malgré les épreuves, de garder l’allégresse naturelle à l’enfance. Sur une terre froide et austère avec le Goulag pour seul horizon, certains lisent la Bible en cachette et ne se résignent pas à l’Enfer. Malgré une vie rythmée par les morts, les disparitions, les emprisonnements, le jeune Petia, condamné à devenir adulte avant d’avoir dix ans, va découvrir un terrain de jeu nécessaire et absolu où pousse une des plus belles fleurs de l’espoir : la poésie.
 

 

Un mot sur l'auteur : 

Né en 1934, Piotr Bednarski est déporté en Sibérie avec les siens lorsque la Russie envahit la Pologne en 1939. Seul rescapé de sa famille, il rentre en Pologne après la guerre, suit une formation d'instituteur, mais passionné par la mer, fait toute sa carrière dans la marine marchande. Il est l'auteur de nombreux romans, nouvelles et poèmes. Les Neiges bleues est son premier roman traduit en français.

 

 

Avis :

Comme des milliers d’autres Polonais lorsqu’en 1939 les Soviétiques envahissent l’Est de leur pays, l’auteur, alors âgé de cinq ans, est déporté en Sibérie avec toute sa famille. Son père est envoyé au Goulag, dans l’un des terribles camps de la Kolyma, cette région de l’Extrême-Orient russe transformée par le travail forcé en un centre majeur d’extraction minière, notamment aurifère. L’enfant, sa mère et sa grand-mère, sont relégués dans une petite ville, située dans la taïga sur le trajet du Transsibérien.

Semblant de petites nouvelles indépendantes, les courts chapitres se succèdent en autant de tranches de vie pour former la trame d’un quotidien inscrit dans un monde singulièrement à part. Dans ces confins écrasés de froid, où l’on manque d’autant plus de tout, en particulier de nourriture, que la guerre bat son plein, un assemblage hétéroclite d’exilés assignés à résidence, pour la grande majorité les membres de familles de prisonniers politiques, tente tant bien que mal de survivre. Le froid, la faim, mais aussi la menace permanente du NKVD qui, à tout moment, peut arbitrairement trancher le fil des existences, marquent leur dur ordinaire, où brutalité et duplicité côtoient entraide et générosité pour espérer gagner quelque temps sur la mort qui frappe à une cadence infernale.

La narration est menée par un petit garçon de huit ans, bien conscient de ce que la survie peut nécessiter de fausseté et de compromission, mais qui n’en aborde pas moins la vie avec la spontanéité et la fraîcheur de l’enfance. Les épisodes qu’il relate dessinent peu à peu un tableau d’ensemble, à plus forte raison terrible et impressionnant, qu’ils sont tous extraits d’une réalité pour lui banale, et que tout y a l’accent d’une histoire vécue. Aussi effroyable soit-il, le récit ne laisse jamais la place au désespoir, et s’éclaire plutôt de précieux éclats d’amour et d’amitié, de sincérité brute et passionnée, de foi pure et touchante - pépites d’humanité tranchant sur leur gangue de noirceur, et qui, au fil d’une écriture d’une magnifique simplicité baignée de poésie, ensorcellent le lecteur coeur et âme.

Un livre superbe, aussi marquant qu'émouvant, pour une plongée à hauteur d’enfant dans une période terrible de l’histoire russe. Très grand coup de coeur. (5/5)

 

 

Citations :  

Pour la plupart, nous étions des personnes déplacées ; moi, j’étais un relégué. Mais la différence, entre les relégués et les libres n’était connue que des organes du NKVD. Nul ne connaissait ses propres droits. Et personne ne posait jamais de questions sur rien, de peur de finir dans un camp.      
Cela m’intriguait. Je ne pouvais saisir la frontière exacte entre les détenus, les relégués et les persécuteurs, si bien qu’un jour, oubliant les risques, je demandai dans la rue au principal plénipotentiaire du NKVD pourquoi les détenus étaient gardés par des militaires, et pas nous, les écoliers. Puisque quatre-vingts pour cent de notre bande, moi y compris, nous étions fils d’ennemis du peuple travailleur.      
Il devait être de bonne humeur, peut-être venait-il de s’octroyer cent grammes de gnôle, car il m’ébouriffa les cheveux et me dit, en se penchant :      
— Ils sont plus importants. Ils se sauvent tout le temps.      
— Mais pour aller où ? On ne peut pas se sauver d’ici…     
— Ils le savent, mais ils veulent mourir libres. Ils s’imaginent que la liberté commence derrière la porte. Quels imbéciles !
 

J’ignorais encore que si un homme désire quelque chose de tout son cœur, jusqu’au tréfonds de lui-même, s’il croit que le non-accomplissement de son désir signifierait sa mort inévitable, alors un miracle arrive. Sans rime ni raison, il tombe sur quelque chose qui rend la réalisation de son rêve possible. 
 

Lors de l’heure d’éducation civique, on nous demanda comme d’habitude ce que nous voudrions devenir plus tard. La petite bande à laquelle j’appartenais constituait un groupe de choc, chacun de ses membres voulait être soit marin, soit aviateur. La profession de géologue, prospecteur de trésors, était également tolérée, selon les paroles du chant « Sur la terre, dans le ciel et en mer. ».      
Ce fut Sachka Sverdlov que le sort désigna cette fois. La réponse de Sachka ne fut pas banale, il nous surprit, nous ramena au ras du sol. Le plus simplement du monde il déclara qu’il aurait aimé devenir une miche de pain, parce que le pain, lui, n’a jamais faim, et puis chacun aime le pain.      
La bande bouillonna. On regardait Sachka comme un traître, on lui en voulut d’avoir dit ce que nous essayions de dissimuler. Car chacun de nous pensait sans cesse au pain et aspirait à en avoir à satiété. Nos rêves étaient remplis de pain. 
 

(…) ma mère en un mot n’avait peur de rien. Elle avait l’habitude de dire : « Tout va mal, mais nous sommes en vie ; et si ça empire encore, nous survivrons quand même. »
 

L’amour pousse les hommes à faire le bien comme le mal. Les hommes bons accomplissent des exploits étonnants, les méchants font simplement le mal. Il est difficile d’appeler amour le sentiment que les fourbes staliniens portaient à ma mère, cependant je n’ai pas le droit de nier que leur passion venait du cœur. Les dénonciations contre Beauté étaient écrites par des hommes qui l’aimaient, et jetées au panier par d’autres qui s’usaient aussi les yeux à la regarder. Qui lui confessaient ensuite leurs nobles exploits. Ma mère ne savait pas qui écrivait et qui détruisait les dénonciations. Chacun d’eux finissait par faire l’un et l’autre. Le cercle se refermait.
 
 
Ils étaient assis côte à côte, n’écoutant qu’eux-mêmes, comme les premiers êtres humains à qui auraient été donnés la vie et le paradis. L’enfer régnait tout autour, l’enfer de la guerre, l’enfer du goulag, une géhenne de faim et de dénonciations, mais eux, ils étaient au paradis, dans une Arcadie humaine – donc fragile – mais indubitable, là où l’on atteint le fond des cœurs, où l’on entrevoit le sens de la vie.


Les ténèbres furent le cauchemar de mon enfance.      
Les ténèbres et aussi Staline. Je supportais mieux les ténèbres : elles avaient un début au crépuscule, et une fin à l’aube, et elles n’avaient pas toujours l’opacité des ténèbres bibliques. Tandis que Staline, ce voyeur génial, était partout. À tous les coins de rue, sur toutes les affiches, jusque dans nos rêves. Le guide, le timonier, le père. Souvent, j’essayais de le fixer en pleine lumière pour vaincre ma phobie. En vain. La terreur ne me lâchait pas l’âme.      
Il n’était pas beau, je ne trouvais nulle chaleur ni dans ses yeux ni dans ses traits ; cependant il m’était moins repoussant que le visage de Hitler. J’avais néanmoins la sensation qu’il répandait la lèpre ; mon instinct me le suggérait. Là était probablement la source de ma peur. Staline était mortifère, il répandait la mort. Il détruisait la vie, et moi, j’avais une telle envie de vivre ! En dépit de ma misère, en dépit de la faim. À tout prix, voir le ciel bleu, les oiseaux insouciants, l’herbe éternelle. Je me précipitais toujours dans les maisons où un enfant venait de naître. Regarder un nouveau-né m’était une grande émotion, voire une révélation. On me laissait entrer partout, toucher le petit de l’homme, on disait que j’avais un bon toucher, un bon regard. J’accourais voir les nouveau-nés par crainte de Staline. Je quêtais auprès d’eux le courage et la consolation, car la vue de ces êtres vulnérables et fragiles m’apportait un tel sentiment de sécurité que parfois je cessais de croire à la mort.


En ces années-là, avoir son père à la maison, ne serait-ce que pour quelques jours, était un événement considérable et heureux. Les pères, les hommes en général, étaient guettés par deux vampires : Staline et Beria. Le premier les envoyait au front, le second les emmenait au goulag. Nous, nous étions abandonnés à nos mères, à ces esclaves sans précédent dans l’histoire, à ces mères grâce auxquelles le système stalinien pouvait perdurer. 


Les officiers et les soldats de l’armée polonaise faits prisonniers par les Soviétiques en septembre 1939 furent pour la plupart envoyés au goulag, beaucoup d’officiers furent fusillés. Mais lorsque Hitler attaqua en 1941 l’Union soviétique, une amnistie fut déclarée et ces militaires formèrent une armée polonaise sous la direction du général Anders. Par ressentiment contre les Soviétiques, cette armée refusa de se battre aux côtés des Russes et quitta l’URSS en passant par l’Iran et la Palestine, pour aboutir sur le front italien, aux côtés des alliés occidentaux. 


Durant la pénurie de la guerre, faute d’enveloppes, on développa en Russie une technique de pliage des lettres en triangle, la face écrite à l’intérieur, la face externe servant à inscrire l’adresse. Une astuce du pliage maintenait sans colle l’ensemble fermé – mais facile à ouvrir, y compris par la censure.
 
 
Sa prophétie se réalisa : la Sentinelle se suicida le lendemain. Son ardeur révolutionnaire des années passées avait fini par porter ses fruits. Notre conscience note tout, chaque action, et personne n’y peut échapper. La Sentinelle avait toujours répété : « Ce que tu as fait aux autres, il faut te le faire à toi-même – si tu n’as pas de pouvoir. Car le pouvoir permet de tuer sans fin et puis d’oublier ses péchés. »
 

Comme toujours le malheur, le gel arriva sans prévenir. Une seule nuit lui suffit pour ouvrir son portail d’argent et semer soigneusement partout ses graines mortifères. Une oreille sensible pouvait percevoir un chuchotis comme celui du blé qui glisse dans la goulotte d’un moulin. Cela signifiait que la température était tombée en dessous de moins quarante degrés. La neige se fit bleue et la limite entre terre et ciel s’estompa. Le soleil, dépouillé de sa splendeur et privé de son éclat, végétait désormais dans une misère prolétarienne. Le froid vif buvait toute sa chaude et vivifiante liqueur – désormais seuls le feu de bois, l’amour et trois cents grammes quotidiens d’un pain mêlé de cellulose et d’arêtes de poisson devaient nous défendre contre la mort. 


Les portes verrouillées furent ouvertes et nous eûmes la permission d’aller chercher de l’eau bouillante. C’était le matin. Les collines proches, couvertes d’une forêt de mélèzes, brillaient pareilles aux boucles d’une barbe de patriarche. Juste au-dessus des arbres flamboyait le soleil, comme un boutefeu tartare. Je contemplai les lointains enneigés avec un étonnement sans bornes. Qu’était-ce donc ? Dans mon dos, l’enfer du wagon de déportation, avec son trou de cloaque et ses châlits en bois brut, et devant moi la merveille hivernale de la création divine. Je sautai à terre et, oubliant tout, je partis droit devant, léger, heureux, libre. Je n’entendais plus rien : ni les cris des convoyeurs m’enjoignant de revenir ni les coups de feu. La chute dans la neige durcie me fit revenir à la réalité : on m’avait plaqué au sol. Je boulai et me retrouvai sur le dos ; mon regard se fixa sur une étoile rouge. La baïonnette d’un fusil visait ma poitrine. Je n’apercevais ni silhouette ni visage, rien que l’étoile rouge et la baïonnette. Cette vue fut effrayante au point de me faire perdre connaissance. C’est dans le wagon que je revins à moi. La nouvelle de la perte de mon grand-père m’acheva : j’étais la cause de sa mort car, après la sommation du garde pour me faire revenir, le grand-père Théodore avait sauté pour m’arrêter – ce qui avait été considéré comme une tentative de fuite.


Or la température extérieure était tombée jusqu’à moins trente-cinq degrés. S’il n’y avait pas eu l’orphelinat, les cours, à l’école auraient probablement été suspendus. Ou peut-être pas, car en ces temps-là une journée sans travail passait pour du sabotage. Et le sabotage coûtait cinq ans de camp au minimum. Tout le monde le savait, et chacun se rendait compte de ce que signifiait passer cinq années de sa vie au goulag. C’était sans doute la raison pour laquelle les cours dans notre école avaient été maintenus. 


Seul un être humain peut survivre aux camps de Kolyma. Aucun animal ne pourrait subsister dans ces conditions. La Kolyma, c’est le vrai cœur du communisme. 
 
 
(…) en Russie soviétique un homme ne pesait pas plus qu’un moustique, surtout quelqu’un qui avait franchi l’Oural en venant de l’ouest. Ceux-là pouvaient disparaître sans laisser de trace, et souvent ils disparaissaient ainsi.


Depuis six mois, Sacha était l’homme à tout faire de l’orphelinat. Il n’avait plus de pied gauche, ni d’avant-bras gauche, amputé au coude. À la fin de sa condamnation de cinq ans à la Kolyma, on l’avait classé parmi les invalides. Il avait travaillé dans une mine d’or, en première ligne, à l’abattage, là où cent grammes d’or se payaient d’une vie humaine. Cependant on ne parvenait pas toujours à enterrer tout le monde dans le permafrost comme le voulait le plan. L’être humain est parfois étonnant de résistance. On ne libérait pourtant pas les déchets humains de la Kolyma, ceux qui n’étaient pas morts au bout du temps réglementaire. C’eût été gênant de montrer au monde de pareilles choses. Sacha lui-même considérait qu’on l’avait laissé partir par erreur. Il avait été versé dans un groupe de volontaires à qui les « organes » avaient permis d’aller au front. On ne le débusqua qu’à Irkoutsk, au moment de répartir les hommes dans les unités combattantes. Quelqu’un s’aperçut enfin de son invalidité. Son dossier fut réexaminé et transmis au NKVD. Là, le responsable, un vieux de la vieille, en siffla d’étonnement lorsqu’il feuilleta les actes de son dossier. Pour des raisons qu’il fut le seul à connaître, la situation l’amusa.      
— Les erreurs peuvent faire des miracles, dit-il à Sacha. Mais puisque tu as réussi à arriver jusqu’à moi, tu resteras avec moi. Ou plutôt, non. Tu vas aller là où je suis né.      
Et c’est ainsi que Sacha apparut dans notre bourgade, où cinquante ans plus tôt était né le plénipotentiaire du NKVD d’Irkoutsk, un descendant, paraît-il, d’exilés polonais. Au début, les jours de Sacha n’étaient pas des plus tranquilles. Il se sentait traqué en permanence et vivait comme sur des charbons ardents. Mais combien de temps peut-on vivre ainsi ? Sacha le comprit et, au bout d’une semaine ou deux, cessa de se tracasser pour le présent, et cent fois plus encore pour l’avenir. Il décida d’être lui-même. Il cessa donc de croire que quelqu’un allait venir pour l’emmener dans un camp pour invalides, là où l’aveugle travaille en équipe avec le cul-de-jatte, le sourd avec le manchot, où il faut se mettre à cinq pour compter deux jambes et trois bras, mais où chacun doit néanmoins fournir la norme de travail – avec ses mains, avec ses pieds, et s’il le faut avec ses dents. 


Avec prudence, je compris que, moi aussi, on m’avait envoyé en Sibérie pour que je meure plus tôt qu’à mon tour, que j’étais là par un caprice des forces du mal. Dans notre bourgade, les autochtones se comptaient sur les doigts des deux mains. Comment des mortels pouvaient-ils condamner ainsi d’autres mortels ? Je n’arrivais pas à comprendre. Que pouvaient sentir ceux qui nous avaient envoyés ici, et ceux qui nous y gardaient ? J’avais envie de le demander au pépé ou à Sachka, mais sans doute n’en savaient-ils pas plus que moi. On sait très peu de chose sur ce qui est essentiel. 


En Russie, il n’y a que les oiseaux de libres.
 
 
Mon grand-père, ils l’ont fusillé aussi. Il était pope. Moi aussi, ils me règleront mon compte un jour. Et le tien aussi, répondit Dovjenko froidement. À moins que tu te mettes à dénoncer. Ou tu vas au goulag ou tu dénonces. Il n’y a pas d’autre choix.


Les tenailles soviétiques arrachaient régulièrement l’un d’entre nous. Nous ne possédions rien hormis notre incertitude ; pourtant, en dépit de l’adversité, nous nous soutenions, nous nous donnions du courage les uns aux autres. 


Le cœur humain relève d’un monde différent, les lois qui le régissent ne sont pas des lois d’ici-bas et nul n’a le pouvoir d’apaiser un cœur qui ne veut s’apaiser de lui-même.


Je me retrouvais seul, j’étais devenu un de ces innombrables gosses sans parents dont le destin n’intéressait personne, hormis peut-être les orphelinats, ces espèces d’hybrides de consigne anonyme et d’usine de dressage idéologique pour mineurs.

 

 

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