vendredi 6 janvier 2023

[Dinu, Gabriel & Conu, Marius] Le IVe Reich - Ukraïna mir

 



J'ai aimé

 

Titre : Le IVe Reich (Ukraïna Mir)

Auteurs : Gabriel DINU & Marius CONU

Traduction : Gabrielle DANOUX
                     & Thibaut VOISIN

Parution : 2022 en roumain et en français
                  (Books on Demand)

 Pages : 136

 

 

 

 

 

 

Présentation de l'éditeur :  

Remède pour la mort, comme le dit Gabriel DINU, un tel livre au titre relevant de l'Histoire, écrit en cours de route, à la hâte, à l'amour, à l'aveugle, devant la glace, constitue un témoignage digne de confiance, c'est-à-dire un livre dont les sources sont intimement liées à l'être des deux poètes. La source quotidienne est leur propre vie. Les trois poèmes en ouverture de la partie de Marius CONU, intitulée Ukraïna mir, sont un préambule à ce qui suivra après ce début du XXI siècle antichrétien, global et dépourvu d'identité. Clelia IFRIM 
 
Complexe et turbulent, généreux et provocateur, avec des éclats métaphoriques d'impertinence et transparence, le présent recueil met en avant la vitalité de la méditation intellectuelle et constitue un acte/fait artistique dont la Poésie gagne en tant que forme de résistance : la poésie comme arme et fleur, la poésie comme parfum et/ou bouclier ! Je félicite l'éditeur qui a eu la généreuse idée de ce duel poétique mais aussi les lecteurs qui se laisseront prendre au jeu des assauts et des parades métaphoriques du recueil Le IV-e REICH. Ion Gabriel PUSCA-LUPISOR

 

Un mot sur les auteurs : 

Né à Bucarest en 1973, Gabriel Dinu a fait ses débuts littéraires en 1997, dans la revue roumaine Viața Românească. Il a depuis publié dans plusieurs magazines et revues littéraires. 
Né en 1977, Marius Viorel Conu est diplômé de la Faculté de Lettres et a publié des textes dans plusieurs anthologies et revues. Également graphiste et peintre de chevalet, il est très actif sur les réseaux sociaux. 

 

Avis :

Deux auteurs, deux styles, mais un même combat. Gabriel Dinu et Marius Conu sont tous deux roumains. L’un s’exprime par fulgurances et suggestions imagées, l’autre dans une langue plus directe, plus concrète, plus accessible aussi. Ils ont choisi l’arme des mots et de la poésie pour s’insurger contre la guerre en Ukraine. Leur texte engagé résonne en écho aux bombardements et aux frappes qui sèment la mort, pointant, au travers de la désolation, les grises ombres du pouvoir et leurs manœuvres « cannibales ».

Piqués ici et là des noms de lieux qui donnent une géographie à la douleur et à la dévastation évoquées – Kiev, Marioupol, Donetsk, Boutcha, Kherson, Melitopol, Odessa… –, les vers des deux poètes s’impriment dans un mélange de tristesse et de colère, alors que, convoqué par la récurrence des mentions au Russe et au « monstre nain », le visage froid et figé de Vladimir Poutine s’impose constamment en transparence des mots, apparition menaçante venue rappeler au monde, et en particulier aux anciens pays satellites de l’URSS comme la Roumanie, la lignée des spectres soviétiques de terrifiante mémoire et « l’ombre du parti » dont on avait trop tôt enterré l’inextinguible soif de pouvoir. Le titre du livre est explicite : c’est aux tyrans les plus sanguinaires de l’Histoire que l’on fait référence ici...

S’élevant tour à tour, chacune en une partie distincte du recueil, les deux voix jouent une partition contrapuntique et se renforcent l’une l’autre, leurs différences de ton soulignant davantage encore leur unanimité. Et, rien n’étant plus difficile à transcrire que la poésie, l’on se prend d’admiration pour le délicat exercice de sa traduction, augmentée des quelques explications relatives aux non-reproductibles jeux de mots et aux détails culturels roumains, qui a permis la parution concomitante de cet ouvrage en Roumanie et en France.

Un grand merci à Gabrielle Danoux pour son partage et pour sa contribution à la diffusion de la littérature roumaine, dont elle nous fait notamment découvrir le dynamisme volontiers avant-gardiste. (3,5/5)

 

 

Citations :    

Sais-tu que tu n’as plus de nom
ni de rêves ???

que tu es une statistique

un nombre insensible

fondant lentement

sur l’asphalte indécent

de la ville qui se meurt…

Seule une pluie salée, profonde

Caresse encore ton front

Et le mutisme de la pierre.



Ils m’ont demandé
Devant le peloton d’exécution
Avec des sourires métalliques
Et la rouille de la compassion :
Comment te sens-tu ?
Comment te sens-tu, m’ont ils demandé
En souriant…
J’ai regardé stupéfait
Les pluies éloignées
Et les magnolias rouges fleurir
Sur mes cuisses, épaules, poitrine
Comme des baisers immenses…
Seul !
Seul,
Leur ai-je répondu…
Seul.


 

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