J'ai aimé
Titre : Le IVe Reich (Ukraïna Mir)
Auteurs : Gabriel DINU & Marius CONU
Traduction : Gabrielle DANOUX
& Thibaut VOISIN
Parution : 2022 en roumain et en français
(Books on Demand)
Pages : 136
Présentation de l'éditeur :
Remède pour la mort, comme le dit Gabriel DINU, un tel livre au titre
relevant de l'Histoire, écrit en cours de route, à la hâte, à l'amour, à
l'aveugle, devant la glace, constitue un témoignage digne de confiance,
c'est-à-dire un livre dont les sources sont intimement liées à l'être
des deux poètes. La source quotidienne est leur propre vie. Les trois
poèmes en ouverture de la partie de Marius CONU, intitulée Ukraïna mir,
sont un préambule à ce qui suivra après ce début du XXI siècle
antichrétien, global et dépourvu d'identité.
Clelia IFRIM
Complexe et turbulent, généreux et provocateur, avec des éclats
métaphoriques d'impertinence et transparence, le présent recueil met en
avant la vitalité de la méditation intellectuelle et constitue un
acte/fait artistique dont la Poésie gagne en tant que forme de
résistance : la poésie comme arme et fleur, la poésie comme parfum et/ou
bouclier !
Je félicite l'éditeur qui a eu la généreuse idée de ce duel poétique
mais aussi les lecteurs qui se laisseront prendre au jeu des assauts et
des parades métaphoriques du recueil Le IV-e REICH.
Ion Gabriel PUSCA-LUPISOR
Un mot sur les auteurs :
Né à Bucarest en 1973, Gabriel Dinu a fait ses débuts
littéraires en 1997, dans la revue roumaine Viața Românească. Il a depuis publié dans plusieurs magazines et revues littéraires.
Né en 1977, Marius Viorel Conu est diplômé de la
Faculté de Lettres et a publié des textes dans plusieurs anthologies et
revues. Également graphiste et peintre de chevalet, il est très actif
sur les réseaux sociaux.
Avis :
Piqués ici et là des noms de lieux qui donnent une géographie à la douleur et à la dévastation évoquées – Kiev, Marioupol, Donetsk, Boutcha, Kherson, Melitopol, Odessa… –, les vers des deux poètes s’impriment dans un mélange de tristesse et de colère, alors que, convoqué par la récurrence des mentions au Russe et au « monstre nain », le visage froid et figé de Vladimir Poutine s’impose constamment en transparence des mots, apparition menaçante venue rappeler au monde, et en particulier aux anciens pays satellites de l’URSS comme la Roumanie, la lignée des spectres soviétiques de terrifiante mémoire et « l’ombre du parti » dont on avait trop tôt enterré l’inextinguible soif de pouvoir. Le titre du livre est explicite : c’est aux tyrans les plus sanguinaires de l’Histoire que l’on fait référence ici...
S’élevant tour à tour, chacune en une partie distincte du recueil, les deux voix jouent une partition contrapuntique et se renforcent l’une l’autre, leurs différences de ton soulignant davantage encore leur unanimité. Et, rien n’étant plus difficile à transcrire que la poésie, l’on se prend d’admiration pour le délicat exercice de sa traduction, augmentée des quelques explications relatives aux non-reproductibles jeux de mots et aux détails culturels roumains, qui a permis la parution concomitante de cet ouvrage en Roumanie et en France.
Un grand merci à Gabrielle Danoux pour son partage et pour sa contribution à la diffusion de la littérature roumaine, dont elle nous fait notamment découvrir le dynamisme volontiers avant-gardiste. (3,5/5)
Citations :
Sais-tu que tu n’as plus de nom
ni de rêves ???
que tu es une statistique
un nombre insensible
fondant lentement
sur l’asphalte indécent
de la ville qui se meurt…
Seule une pluie salée, profonde
Caresse encore ton front
Et le mutisme de la pierre.
ni de rêves ???
que tu es une statistique
un nombre insensible
fondant lentement
sur l’asphalte indécent
de la ville qui se meurt…
Seule une pluie salée, profonde
Caresse encore ton front
Et le mutisme de la pierre.
Ils m’ont demandé
Devant le peloton d’exécution
Avec des sourires métalliques
Et la rouille de la compassion :
Comment te sens-tu ?
Comment te sens-tu, m’ont ils demandé
En souriant…
J’ai regardé stupéfait
Les pluies éloignées
Et les magnolias rouges fleurir
Sur mes cuisses, épaules, poitrine
Comme des baisers immenses…
Seul !
Seul,
Leur ai-je répondu…
Seul.
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