dimanche 8 janvier 2023

[Gilbert, Muriel] Un bonbon sur la langue

 


 

 

Coup de coeur 💓

 

Titre : Un bonbon sur la langue

Auteur : Muriel GILBERT

Parution : 2018 (Vuibert)

Pages : 224

 

 

 

 

 

 

 

Présentation de l'éditeur :  

Pourquoi les Bourbons prennent-ils un « s » quand les Macron n’y ont pas droit ? Pourquoi le nom de Charles de Gaulle est-il un aptonyme ?

Amis des mots, vous le savez, le français est une langue compliquée mais elle est aussi savoureuse, acidulée, colorée, sucrée… comme un bonbon ! Toutes ses bizarreries, ses règles alambiquées et ses exceptions sans fin sont autant de friandises.

Au fil de ce livre, je vous raconte ces erreurs qui sont entrées dans le dictionnaire et lève le voile sur des accords qui causent bien des désaccords. Vous apprendrez aussi à résoudre le casse-tête des prépositions et percerez le secret des calembours.

Régalez-vous, la boîte de bonbons est ouverte !

 

Le mot de l'éditeur sur l'auteur : 

Chaque semaine, sur RTL, Muriel Gilbert partage son amour du français et de ses délices. Correctrice au Monde, elle est l’auteure d’Au bonheur des fautes (La Librairie Vuibert, 2017).

 

Avis :

Correctrice au journal Le Monde et chroniqueuse sur RTL, Muriel Gilbert est avant tout une amoureuse des mots et de la langue française, dont elle se plaît à explorer les innombrables et si pittoresques bizarreries. Erudite en la matière, elle nous régale d’un florilège extrait de nos dictionnaires, précis de grammaire et autres ouvrages lexicographiques, pour une promenade linguistique aussi divertissante qu’insolite.

Au-delà - entre autres - de verbes défectifs - à la conjugaison incomplète -, de mots bisexuels, d’homophones et d’homographes rivalisant de traîtrise, de gentilés improbables, de raccourcis antonomastiques et métonymiques, de facétieux aptonymes et caconymes, de stupéfiantes phrases palindromes, d’ingénieux calembours et de malsonnants kakemphatons, d’acronymes ou de termes louchébem devenus vocables courants et, à l’inverse, de mots rares ou en désuétude qui sortent subrepticement des dictionnaires, il reste encore une foule d’expressions aux origines pittoresques et un maquis de règles d’un raffinement infini pour faire de l’apprentissage de la langue française un jeu d’une richesse inépuisable, héritage luxuriant et vivant de millénaires de brassage culturel.

Alors, égayé de ce « ù » dont l’usage unique dans le mini-mot « où » justifie pour lui seul une touche supplémentaire à nos claviers, amusé du prêté pour un rendu caché sous ces mots autrefois partis de France et revenus transformés après quelques siècles passés en Angleterre, enchanté par la subtilité si riche de sens des accords de nos participes passés, l’on s’émerveille d’en découvrir toujours plus sur l’intelligence et sur le raffinement de cette langue que l'on dit de Molière, l’on se délecte de cette succulente distillation de ses plus belles nuances, et l’on s’émeut de ces programmes scolaires résignés à faire l’impasse sur l’apprentissage « trop compliqué » du passé simple…

Une lecture enchanteresse pour tous les amoureux des mots, mais pas seulement. Merci au Père Noël, qui ne s’est pas trompé en me réservant cette surprise coup de coeur. (5/5)

 

Citations :

Certaines anagrammes sont des curiosités, comme celle du chien et de sa niche. Il y a celle de soigneur, qui est guérison, tandis qu’endolori est l’anagramme d’indolore. Et puis il y a des anagrammes célèbres, dont certaines sont particulièrement bien trouvées. « Le commandant Cousteau » donne, une fois bien mélangé, « tout commença dans l’eau », par exemple, tandis que « la crise économique » se transforme en « le scénario comique ».


Lorsque le Normand Guillaume le Conquérant s’installa sur le trône d’Angleterre, en 1066, le pays ne disposait pas d’une langue unique, mais de plusieurs dialectes locaux. Du coup, le français est devenu, pour plus de trois cents ans, la langue officielle de l’île, et un à deux tiers des mots anglais actuels dérivent directement ou indirectement du français. Bien souvent, ce sont eux qui nous reviennent, parfumés à la sauce anglaise ! Flirter n’est que le retour au bercail de notre conter fleurette, management vient de ménagement et manager de ménager. Les langues vivent, se fréquentent, s’influencent, et font des petits.


Mais finalement, mon gentilé favori est celui des habitants de la blagueuse cité de Villechien, dans la Manche. Vous ne devinerez jamais comment ses cent quatre-vingt-deux habitants ont décidé de s’appeler…  Ce sont les Toutouvillais !     


Enfin, en guise de cerise sur le gâteau, ce que les Islandais appellent joliment le « raisin sec au bout du hot-dog », je vous offre ma bizarrerie linguistique préférée. C’est le petit où. Pas le ou de ou bien  –  qui, rappelons-le à toutes fins utiles, ne prend pas d’accent  –, celui qui s’écrit avec un accent grave, et qui indique le lieu : « La plage où je bronze », « Où peut-on acheter une bonne glace à l’italienne ? », « Où diantre as-tu planqué mon maillot de bain ? ». Eh bien, ce petit où est le seul et unique mot de la langue française qui contienne un u coiffé d’un accent grave. À noter que cette lettre gâtée-pourrie, ce minuscule ù, bénéficie d’une touche de clavier pour elle toute seule, qui sert donc exclusivement pour ce mini-mot de deux lettres. Quel luxe, n’est-ce pas ? 
   

À mesure que la réalité change, certains mots disparaissent également. D’ailleurs, sur ce point, il existe un mystère : comment se fait-il que l’on n’évoque jamais les mots qui sortent des dictionnaires ? J’avais essayé de me pencher sur cette énigme voilà un an ou deux, et, chez Larousse comme chez Robert, on répondait que non, on ne retirait jamais de mots. Évidemment, ils nous prenaient pour des jambons, comme dit mon fils, qui aime la charcuterie : physiquement (et financièrement),il est impossible que les dictionnaires grossissent à  l’infini… Du reste, les éditions Larousse ont fini par avouer ! Elles ont publié une petite merveille qui s’appelle Les Mots disparus de Pierre Larousse. Ce livre répertorie ceux qu’il appelle les « chers disparus », les termes que l’usage a fait sortir du dictionnaire. Finalement, ils ne sont que 10 %, depuis l’époque de Pierre Larousse, le créateur du dictionnaire, dont on fête le 200e anniversaire de la naissance cette année.

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