lundi 13 décembre 2021

[Belpois, Bénédicte] Saint Jacques

 


 

 

J'ai beaucoup aimé

 

Titre : Saint Jacques

Auteur : Bénédicte BELPOIS

Parution : 2021 (Gallimard)

Pages : 160

 

  

 

 

 

 

 

Présentation de l'éditeur :  

À la mort de sa mère, Paloma hérite d’une maison abandonnée, chargée de secrets au pied des montagnes cévenoles. Tout d’abord décidée à s’en débarrasser, elle choisit sur un coup de tête de s’installer dans la vieille demeure et de la restaurer. La rencontre de Jacques, un entrepreneur de la région, son attachement naissant pour lui, réveillent chez cette femme qui n’attendait pourtant plus rien de l’existence bien des fragilités et des espoirs.
Ode à la nature et à l’amour, Saint Jacques s’inscrit dans la lignée de Suiza, le premier roman de Bénédicte Belpois, paru en 2019 aux Éditions Gallimard. Avec une simplicité et une sincérité à nulles autres pareilles, l’auteure nous offre une galerie de personnages abîmés par la vie mais terriblement touchants.

 

Un mot sur l'auteur :

Bénédicte Belpois est sage-femme à Besançon. En 2019, son premier roman Suiza a rencontré un vif succès et a été couronné par le Prix Marcel Aymé et par le Prix des Lecteurs de la ville de Brive-Suez.

 

 

Avis :

Paloma ne sait rien de son père et, de sa mère, n’a jamais connu que le rejet, initié dans un déni de grossesse. Aussi, grande est sa surprise lorsqu’à son décès, cette mère lui laisse en héritage une maison délabrée dans les Cévennes et un cahier dévoilant le secret de sa naissance. Incapable de se séparer de la bâtisse, elle s’y installe et se lance dans sa restauration, nouant bientôt des liens avec quelques habitants du cru, comme Jacques, un entrepreneur local, et Rose, une vieille voisine qui vit seule.

Rien n’est spectaculaire dans ce roman, mais tout y est de la plus grande vérité. Ce qui, traité plus superficiellement, aurait pu résulter en un feel good sans grand intérêt, s'avère ainsi doté de profondeur sous son apparente simplicité. Les personnages, parfaitement  justes, évoluent avec le plus grand naturel. Leur rapprochement s’effectue dans une narration sobre et pavée de non-dits, loin de tout pathos et de la moindre once de complaisance ou de naïveté. Et c’est convaincu que l’on se laisse envahir par la discrète tendresse qui se tisse peu à peu entre ces êtres ordinaires, cabossés par la vie, dans le cadre de Cévennes évoquées avec un joli lyrisme.

L’on ressort de cette histoire charmé par sa mélancolie, et plein d’interrogations quant à sa récurrence de destins féminins, à jamais marqués par les cicatrices laissées par la perte et le deuil des hommes qui les ont traversés. (4/5)

 

Citations :

On ne perçoit pas consciemment comment certaines personnes vous manquent avant de les connaître, on devine juste, une fois qu’on les a rencontrées, qu’on ne pourra plus jamais vivre sans elles.

Une fois le café bu avec les parents, Fernand et Rose étaient partis marcher un peu sur les chemins, sans dire un mot, juste pour sentir l’épaisseur du silence entre eux. Ce silence, c’était celui des gens de la terre où l’on sent bien mieux qu’on ne parle.

Pour la première fois de ma vie, j’ai pensé à maman autrement, je me suis demandé ce qu’elle avait dû vivre, elle, pour être si dure, si désabusée. On ne naît pas pervers, Paloma, c’est la vie qui vous détruit petit à petit, avec plus ou moins de force, plus ou moins d’insistance. Je ne sais pas pourquoi elle s’attaque à certains et pas à d’autres. Comment elle choisit ses victimes. Comment elle décide du modus operandi, si elle va s’acharner à coups de pied, à coups de sexe, à coups de pierre, ou si elle va décider de frapper d’un seul coup, avec une balle en plein cœur. Je la soupçonne d’être perverse et de préférer la torture.

Je ne suis qu’une simple femme. Une simple femme, qui n’aime que les héros. C’est la punition pour celles qui ont ce penchant : les héros meurent jeunes et les femmes qui les ont aimés vivent vieilles pour les pleurer encore plus longtemps. 
 

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