J'ai beaucoup aimé
Titre : Hamnet
Auteur : Maggie O'FARRELL
Traductrice : Sarah TARDY
Parution : en anglais en 2020,
en français (Belfond) en 2021
Pages : 368
Présentation de l'éditeur :
Un jour d'été 1596, dans la campagne anglaise, une petite fille tombe
gravement malade. Son frère jumeau, Hamnet, part chercher de l'aide car
aucun de leurs parents n'est à la maison...
Agnes, leur mère, n'est pourtant pas loin, en train de cueillir des
herbes médicinales dans les champs alentour ; leur père est à Londres
pour son travail ; tous deux inconscients de cette maladie, de cette
ombre qui plane sur leur famille et menace de tout engloutir.
Porté par une écriture d'une beauté inouïe, ce nouveau roman de Maggie O'Farrell est la bouleversante histoire d'un frère et d'une sœur unis par un lien indéfectible, celle d'un couple atypique marqué par un deuil impossible. C'est aussi l'histoire d'une maladie " pestilentielle " qui se diffuse sur tout le continent. Mais c'est avant tout une magnifique histoire d'amour et le tendre portrait d'un petit garçon oublié par l'Histoire, qui inspira pourtant à son père, William Shakespeare, sa pièce la plus célèbre.
Porté par une écriture d'une beauté inouïe, ce nouveau roman de Maggie O'Farrell est la bouleversante histoire d'un frère et d'une sœur unis par un lien indéfectible, celle d'un couple atypique marqué par un deuil impossible. C'est aussi l'histoire d'une maladie " pestilentielle " qui se diffuse sur tout le continent. Mais c'est avant tout une magnifique histoire d'amour et le tendre portrait d'un petit garçon oublié par l'Histoire, qui inspira pourtant à son père, William Shakespeare, sa pièce la plus célèbre.
Le mot de l'éditeur sur l'auteur :
Née en 1972 en Irlande du Nord, Maggie O’Farrell a grandi au pays de
Galles et en Écosse. À la suite du succès de son premier roman, Quand tu es parti (2000, rééd. 2017 ; 10/18, 2019), elle a abandonné sa carrière de journaliste littéraire pour se consacrer à l’écriture. Après La Maîtresse de mon amant (2003 ; 10/18, 2005), La Distance entre nous (2005 ; 10/18, 2008), L’Étrange Disparition d’Esme Lennox (2008 ; 10/18, 2009), Cette main qui a pris la mienne (2011 ; 10/18, 2013), lauréat du prestigieux Costa Book Award 2010, En cas de forte chaleur (2014 ; 10/18, 2019) et Assez de bleu dans le ciel (2017 ; 10/18, 2019), Belfond publie son huitième livre.
Avis :
Lorsque sa sœur jumelle tombe malade ce jour de 1596, Hamnet, onze ans, cherche désespérément du secours. Sa mère Agnes est partie cueillir des herbes médicinales dans la campagne qui avoisine leur petite ville de Stratford, et son père, comme toujours, est à Londres pour son travail. Tous ignorent encore que la peste bubonique vient de décimer l’équipage d’un navire fraîchement arrivé dans la capitale…
Cette famille a pour patronyme Shakespeare. Dans quatre ans, le père écrira Hamlet. Hamnet, Hamlet : Maggie O’Farrell s’inspire des spéculations qui établissent un lien entre la célèbre pièce de théâtre, et l’enfant mort à onze ans de ce qui aurait pu être la peste. Elle a imaginé son roman dans l’ombre du grand dramaturge, perçu ici sous l’angle du fils, du mari et du père, rôles qui occultent même jusqu’à la seule mention de son prénom. Ce sont donc les proches, ceux dont l’Histoire n’a rien retenu, qui occupent ici le premier plan, au travers de personnages fouillés et crédibles, en tête desquels Agnes.
Cette paysanne illettrée, que son caractère entier et instinctif, associé à ses talents de guérisseuse, marginalise aux yeux de sa belle-famille confortablement établie parmi les notables de sa ville, sentira peu à peu son époux lui échapper, happé par les mystérieuses activités londoniennes qui le tiennent éloigné de son foyer. La mort de son fils, vers laquelle convergent les trois premiers quarts du roman, au rythme d’allers et retours entre passé et présent qui renforcent la perception de la cruelle inéluctabilité du destin, ouvre une dernière partie entièrement consacrée au déchirement de la perte et à l’impossibilité du deuil, thèmes récurrents chez Maggie O’Farrell.
C’est avec intérêt et plaisir que l’on se laisse séduire par cette immersion historique, globalement crédible malgré l’impression donnée d’un cas de peste bizarrement isolé, dans une petite ville par ailleurs curieusement indifférente. Mais, au travers de cette histoire, librement imaginée à partir de quelques faits et personnages réels du XVIe siècle, ce sont finalement des thématiques très universelles et parfaitement contemporaines que Maggie O’Farrell explore avec émotion et poésie : l’amour, la séparation, et surtout, le deuil impossible d’un enfant. (4/5)
Cette famille a pour patronyme Shakespeare. Dans quatre ans, le père écrira Hamlet. Hamnet, Hamlet : Maggie O’Farrell s’inspire des spéculations qui établissent un lien entre la célèbre pièce de théâtre, et l’enfant mort à onze ans de ce qui aurait pu être la peste. Elle a imaginé son roman dans l’ombre du grand dramaturge, perçu ici sous l’angle du fils, du mari et du père, rôles qui occultent même jusqu’à la seule mention de son prénom. Ce sont donc les proches, ceux dont l’Histoire n’a rien retenu, qui occupent ici le premier plan, au travers de personnages fouillés et crédibles, en tête desquels Agnes.
Cette paysanne illettrée, que son caractère entier et instinctif, associé à ses talents de guérisseuse, marginalise aux yeux de sa belle-famille confortablement établie parmi les notables de sa ville, sentira peu à peu son époux lui échapper, happé par les mystérieuses activités londoniennes qui le tiennent éloigné de son foyer. La mort de son fils, vers laquelle convergent les trois premiers quarts du roman, au rythme d’allers et retours entre passé et présent qui renforcent la perception de la cruelle inéluctabilité du destin, ouvre une dernière partie entièrement consacrée au déchirement de la perte et à l’impossibilité du deuil, thèmes récurrents chez Maggie O’Farrell.
C’est avec intérêt et plaisir que l’on se laisse séduire par cette immersion historique, globalement crédible malgré l’impression donnée d’un cas de peste bizarrement isolé, dans une petite ville par ailleurs curieusement indifférente. Mais, au travers de cette histoire, librement imaginée à partir de quelques faits et personnages réels du XVIe siècle, ce sont finalement des thématiques très universelles et parfaitement contemporaines que Maggie O’Farrell explore avec émotion et poésie : l’amour, la séparation, et surtout, le deuil impossible d’un enfant. (4/5)
Citations :
Le nuage au-dessus de sa tête s’assombrit, empeste de plus en plus. Agnes aimerait poser la main sur son bras, aimerait lui dire, Je suis là. Mais si ses mots ne suffisent pas ? Si le baume qu’elle voudrait être ne fonctionne pas sur ce mal sans nom ? Pour la première fois de sa vie, elle ne peut aider quelqu’un. Ne sait pas quoi faire. (…)
Tandis qu’elle ramasse les assiettes, Agnes s’étonne, qu’il est facile de passer à côté de la douleur, de la colère qui peuvent habiter quelqu’un, surtout si cette personne ne dit rien, les garde pour elle comme une bouteille trop bien fermée où la pression s’accumule, s’accumule jusqu’à ce que… quoi ?
Agnes ne le sait pas.
Agnes serre les doigts inertes de l’enfant comme dans l’espoir de lui insuffler de la vie. Si elle le pouvait, Agnes la tirerait de ce mauvais pas, la ramènerait par la seule force de sa volonté. Mary connaît ce fantasme – elle le sent, l’a vécu, l’incarne et l’incarnera jusqu’à la fin de sa vie. Mary a été cette mère au chevet de la paillasse trop de fois, cette femme qui s’accroche, tente de retenir sa fille. En vain. Ce qui est donné peut être repris, à n’importe quel moment. La cruauté et la dévastation vous guettent, tapies dans les coffres, derrière les portes, elles peuvent vous sauter dessus à tout moment, comme une bande de brigands. La seule parade est de ne jamais baisser la garde. Ne jamais se croire à l’abri. Ne jamais tenir pour acquis que le cœur de vos enfants bat, qu’ils boivent leur lait, respirent, marchent, parlent, sourient, se chamaillent, jouent. Ne jamais, pas même un instant, oublier qu’ils peuvent partir, vous être enlevés, comme ça, être emportés par le vent tel le duvet des chardons.
Ceux qui disent d’un mort qu’il est parti « paisiblement », « en glissant », n’ont jamais été témoins de ce qui se passe vraiment, pense Eliza. La mort est une chose violente, une lutte. Le corps s’accroche à la vie comme du lierre sur un mur, refuse de lâcher, de se rendre sans combattre.)
Tandis qu’elle ramasse les assiettes, Agnes s’étonne, qu’il est facile de passer à côté de la douleur, de la colère qui peuvent habiter quelqu’un, surtout si cette personne ne dit rien, les garde pour elle comme une bouteille trop bien fermée où la pression s’accumule, s’accumule jusqu’à ce que… quoi ?
Agnes ne le sait pas.
Agnes serre les doigts inertes de l’enfant comme dans l’espoir de lui insuffler de la vie. Si elle le pouvait, Agnes la tirerait de ce mauvais pas, la ramènerait par la seule force de sa volonté. Mary connaît ce fantasme – elle le sent, l’a vécu, l’incarne et l’incarnera jusqu’à la fin de sa vie. Mary a été cette mère au chevet de la paillasse trop de fois, cette femme qui s’accroche, tente de retenir sa fille. En vain. Ce qui est donné peut être repris, à n’importe quel moment. La cruauté et la dévastation vous guettent, tapies dans les coffres, derrière les portes, elles peuvent vous sauter dessus à tout moment, comme une bande de brigands. La seule parade est de ne jamais baisser la garde. Ne jamais se croire à l’abri. Ne jamais tenir pour acquis que le cœur de vos enfants bat, qu’ils boivent leur lait, respirent, marchent, parlent, sourient, se chamaillent, jouent. Ne jamais, pas même un instant, oublier qu’ils peuvent partir, vous être enlevés, comme ça, être emportés par le vent tel le duvet des chardons.
Ceux qui disent d’un mort qu’il est parti « paisiblement », « en glissant », n’ont jamais été témoins de ce qui se passe vraiment, pense Eliza. La mort est une chose violente, une lutte. Le corps s’accroche à la vie comme du lierre sur un mur, refuse de lâcher, de se rendre sans combattre.)
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