dimanche 25 février 2024

[O'Farrell, Maggie] Le portrait de mariage

 




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Titre : Le portrait de mariage
            (The Marriage Portrait)

Auteur : Maggie O'FARRELL

Traduction : Sarah TARDY

Parution :  2022 en anglais
                   2023 en français (Belfond)

Pages : 416

 

 

 

 

 

Présentation de l'éditeur :

C’est un grand jour à Ferrare. On y célèbre les noces du duc Alfonso et de Lucrèce de Médicis. La fête est extravagante et la foule n’a d’yeux que pour le couple. La mariée a quinze ans. Rien ne l’avait préparée à ce rôle. Elle n’était que la troisième fille du grand duc de Toscane, la discrète, la sensible, celle dont ses parents ne savaient que faire. Mais le décès soudain de sœur aînée a changé son histoire. 
La fête est finie, Lucrèce est seule dans un palais immense et froid. Seule face aux intrigues de la cour. Seule face à cet homme aussi charismatique que terrifiant qu’est son mari. Et tandis que Lucrèce pose pour le portrait de mariage qui figera son image pour l’éternité, elle voit se dessiner ce que l’on attend d’elle : donner vie à un héritier. Son propre destin en dépend…

 

 

Le mot de l'éditeur sur l'auteur : 

Née en 1972 en Irlande du Nord, Maggie O’Farrell a grandi au pays de Galles et en Écosse. À la suite du succès de son premier roman, Quand tu es parti (2000, rééd. 2017), elle a abandonné sa carrière de journaliste littéraire pour se consacrer à l’écriture. Après La Maîtresse de mon amant (2003), La Distance entre nous (2005), L’Étrange Disparition d’Esme Lennox (2008), Cette main qui a pris la mienne, lauréat du prestigieux Costa Book Award (2011), En cas de forte chaleur (2014), Assez de bleu dans le ciel (2017), I am, I am, I am (2019) et Hamnet, lauréat du Women’s Prize for Fiction (2020), Le Portrait de mariage est son dixième livre à paraître chez Belfond. Tous sont repris chez 10/18.

 

 

Avis :

Décidément, le mariage ne porta pas bonheur aux filles de Cosme 1er de Médicis, maître de Florence pendant la Renaissance. Isabelle fut assassinée par son mari, et si Marie et Lucrèce semblent avoir succombé, l’une à la malaria, l’autre à la tuberculose, la légende colporta une version bien moins naturelle de leur mort, survenue lorsqu’elles n’avaient respectivement que dix-sept et seize ans. L’aînée s’apprêtait alors à épouser Alphonse II, le puissant duc de Ferrare. La plus jeune venait de le faire à sa place. Les rumeurs de leur assassinat ont inspiré deux romans parus presque concomitamment : Marie est au centre de l’intrigue du passionnant Perpective(s) de Laurent Binet, Lucrèce est la tragique héroïne du nouveau livre de Maggie O’Farrell, impatiemment attendu après le succès de Hamnet.
 
De fait, en dehors des festivités qui soulignèrent de leur exceptionnelle somptuosité le mariage de Lucrèce et d’Alfonso, et aussi du portrait de la jeune épousée par le Bronzino, l’on ne sait pas grand-chose de cette éphémère duchesse de Ferrare. Mariée à treize ans à un homme du double de son âge pour servir d’amples enjeux politiques, elle connaît le sort habituel des filles de familles illustres, élevées dans le seul but d’au plus vite rendre fertile le jeu des alliances de pouvoir. Alors, fallait-il lui consacrer tout un roman ? 
 
Reprenant à son compte la rumeur d’empoisonnement dont Richard Browning s’est fait l’écho en 1842 dans son poème My Last Duchess, Maggie O’Farrell l’imagine en épouse innocente et naïve à peine sortie de l’enfance, sa spontanéité juvénile et ses élans affectifs bientôt douchés par la peur croissante que lui inspire un époux autoritaire et cruel sous le vernis des bonnes manières. Semant le doute dans l’esprit du lecteur quant aux réelles intentions d’Alfonso, l’intrigue se resserre en un huis clos inquiétant, partagé entre l’imposant château d’Este, retranché entre ses douves et ses tours défensives en plein centre de Ferrare, et une austère forteresse isolée en bordure de forêt, à des jours d’inconfortable et malaisé voyage du riant palais florentin qui abrita l’enfance insouciante de Lucrèce.

Hélas, la belle écriture fluide et l’imagination de l’écrivain ont beau fouiller personnages et décors pour parer la narration des reflets chamarrés de la Renaissance italienne, le roman peine à trouver la consistance suffisante pour épargner l’ennui à son lecteur. Non seulement le scénario d'un romanesque presque mièvre accumule les invraisemblances, mais l’ensemble trahit un regard beaucoup trop moderne pour ne pas engendrer une vague mais persistante sensation d’anachronisme. Reste une jolie fantaisie historique, réussie dans la reconstitution de ses décors et de son contexte, mais trop superficielle sur le fond pour convaincre aussi bien que le précédent succès de Maggie O’Farrell. (3/5)

 

 

Citation :

— Il s’agit, je vous l’assure, d’un état assez commun chez la gent féminine. Votre épouse, je me permets de le dire, porte en elle trop de chaleur. Son sang est trop chaud, ce qui excite l’esprit femelle. Il s’agit, bien entendu, d’un problème qu’il m’est possible de traiter. Je préconiserais une série de saignées avec ventouses, et des décoctions à base de plantes et de minéraux. Je veillerai moi-même à les préparer. Elle ne devra plus manger que des aliments froids, un peu de volaille, des légumes verts, de la viande rouge, fromage et lait chaque jour. Plus d’épices, de bouillon, de poivre ou de tomates. Elle devra par ailleurs être entourée d’images douces et fruitées. Ces bêtes sauvages sur ces murs devront être retirées. Ces ossements, ces plumes et ces curieux artefacts également. Des activités précises devront lui être proposées, chaque jour, suivies d’une période de repos après chaque repas, au lit, et après le réveil. Pas d’excitation, de danse, de musique, de loisirs créatifs, de lecture, en dehors des textes religieux.  
— Fort bien.  
— J’ai la certitude que l’événement que vous attendez arrivera prochainement. »

 

 

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