samedi 10 juillet 2021

[Gallois, Anne] Mes Trente Glorieuses

 


 

 

J'ai aimé

Titre : Mes Trente Glorieuses

Auteur : Anne GALLOIS

Parution : 2019 (Carnets Nord)
                   2021 (De Borée Editions)

Pages : 280

 

  

 

 

 

 

 

Présentation de l'éditeur :  

A partir de couvertures de Paris Match, Anne Gallois raconte la vie d'une famille traditionnelle de province à l'époque des Trente Glorieuses, mêlant l'intime et le public, le feuilleton familial avec l'histoire politique et sociale de la France.
Six soeurs, enfants, adolescentes puis jeunes adultes, plongées dans le bain bouillonnant de ces années mythiques où l'on vit apparaître la télévision, la pilule, les Beatles, les yé-yés... où la guerre d'Algérie faisait rage, où mai 68, les hippies, les premiers mouvements féministes révolutionnaient les têtes et les sens...
 
Prix de l'académie française Anna de Noailles 2020.

   

Le mot de l'éditeur sur l'auteur :

Journaliste indépendante pour la presse écrite (Le Monde, Libération...), puis réalisatrice de documentaires pour la télévision (52 sur la Une - TF1, Strip-tease - France 3), Anne Gallois a également écrit quatre livres, récits et romans (éd. du Seuilet Fayard).

 

 

Avis :

Née en 1942, Margot est la deuxième des six filles d’une famille bourgeoise, catholique et conservatrice, d’une ville moyenne de province. Son enfance, son adolescence, puis son entrée dans le monde adulte sont l’occasion de retracer l’évolution de la société française au cours des Trente Glorieuses, dans un récit ponctué par les couvertures des Paris Match de l’époque.

De l’appel de l’Abbé Pierre en 1954 à l’élection de Valéry Giscard d’Estaing en 1974, ce sont ainsi vingt ans d’actualité française et de ce qui semble une autobiographie de l’auteur, qui s’entremêlent. Cette superposition des aspirations et des apprentissages d’une jeune femme rebelle et passionnée, et d’une rétrospective illustrée des grands événements politiques et sociaux de la période, permet de ressentir au plus près les profondes mutations qui ont transformé une France caractérisée par ses profonds clivages sociaux et sa rigidité morale et religieuse, en une société de consommation aux mœurs libérées, aux femmes émancipées, et bientôt aussi à la recherche de ses repères.

Bourré de réminiscences et de détails authentiques, ce témoignage vivant qui se lit comme un agréable feuilleton, suscitera sans doute autant de nostalgie chez les Boomers que d’incrédulité curieuse chez les moins de vingt ans. (Re)découvrir les unes et photographies des magazines de l’époque est amusant et décuple la puissance des évocations. Une interrogation me vient après cette lecture où le documentaire s’appuie sur l’expérience personnelle : que deviendraient ce regard et ce ressenti, s’ils nous étaient rapportés cette fois par Danièle, cette « amie illégitime », dont le père travaillait à l‘usine, et que la narratrice n’avait pas le droit de fréquenter… (3,5/5)

 

Citations :

Je me tais, excédée. Puis je jette, crache :             
– Je suis révoltée.             
– Contre quoi es-tu révoltée, ma chérie ?
– Contre la mort. Tout ça, ce bonheur, le travail de papa, vos efforts, vos enfants… tout ça pour rien.             
– Toutes les choses ont une fin, ma chérie, et c’est heureux. C’est parce que la vie est mortelle qu’elle a du prix. Imagine qu’il n’y ait pas de fin et que vous soyez obligées de vous occuper de moi pour l’éternité.             
– C’est vrai, la mort a du bon.             
Nous rions. Ma mère reprend son sérieux :             
– La mort n’est pas une fin. C’est une espérance.

 Je déteste le quotidien.             
– Mais le quotidien, ma chérie, c’est la vie. Il ne faut pas toujours rechercher l’extraordinaire. Savoir se contenter de ce que l’on a, c’est le secret du bonheur.             
– Ce bonheur-là ne me dit rien.             
– Les petites choses, il faut savoir les apprécier, en connaître le prix avant de les perdre. Les petits plaisirs, les petits riens...
– Petits… petits… je déteste ce mot.

Actuellement, elle se passionne pour les Mémoires du duc de Saint-Simon et le roman de Soljenitsyne. Elle extrait, à mon intention, une phrase tirée du Pavillon des cancéreux : « Si tu ne sais pas user de la minute, tu perdras l’heure, le jour et toute ta vie. » « Toi qui dis détester le quotidien et sa routine, ma chérie, médite cette pensée. »

 

 

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