samedi 15 mai 2021

[McCann, Colum] Apeirogon

 


 

J'ai beaucoup aimé

 

Titre : Apeirogon

Auteur : Colum McCANN

Traducteur : Clément BAUDE

Parution : en anglais (Irlande) et
                   en français (Belfond) en 2020

Pages : 512

 

 
 

 

 

 

 

Présentation de l'éditeur :  

Apeirogon, n.m. : figure géométrique au nombre infini de côtés. 
Rami Elhanan est israélien, fils d’un rescapé de la Shoah, ancien soldat de la guerre du Kippour ; Bassam Aramin est palestinien, et n’a connu que la dépossession, la prison et les humiliations.
Tous deux ont perdu une fille. Abir avait dix ans, Smadar, treize ans.
Passés le choc, la douleur, les souvenirs, le deuil, il y a l’envie de sauver des vies.
Eux qui étaient nés pour se haïr décident de raconter leur histoire et de se battre pour la paix.

Afin de restituer cette tragédie immense, de rendre hommage à l’histoire vraie de cette amitié, Colum McCann nous offre une œuvre totale à la forme inédite ; une exploration tout à la fois historique, politique, philosophique, religieuse, musicale, cinématographique et géographique d’un conflit infini. Porté par la grâce d’une écriture, flirtant avec la poésie et la non-fiction, un roman protéiforme qui nous engage à comprendre, à échanger et, peut-être, à entrevoir un nouvel avenir.
 

 

Un mot sur l'auteur :

Né en 1965 à Dublin, Colum McCann vit aujourd'hui à New York avec sa femme et leurs trois enfants..
Lauréat des prestigieux prix de littérature irlandaise Hennessy (1992) et Rooney (1994) pour ses nouvelles, il est l’auteur de trois recueils, La Rivière de l’exil, Ailleurs, en ce pays et Treize façons de voir, et de six romans, Le Chant du coyote, Les Saisons de la nuit, Danseur, Zoli, Et que le vaste monde poursuive sa course folle – prix littéraire du Festival de cinéma américain de Deauville, élu Meilleur Livre de l’année par le magazine Lire et lauréat du prestigieux National Book Award – et Transatlantic. Il est aussi le maître d’œuvre d’Être un homme, qui rassemble soixante-quinze textes d’auteurs majeurs de la scène internationale pour son association, Narrative4, et d’un texte à dimension autobiographique, Lettres à un jeune auteur. Tous ses ouvrages ont paru chez Belfond et sont repris chez 10/18.
 

 

Avis :

Rami Elhanan est juif israélien, Bassam Aramin palestinien. Tous deux ont perdu leur fille : alors âgée de quatorze ans, Smadar a été tuée en 1997 dans un attentat-suicide perpétré par des Palestiniens. Abir, dix ans, est morte en 2007, abattue par un garde-frontière israélien alors qu’elle était sortie acheter des bonbons. Ils sont aujourd’hui membres de l’organisation Parents Circle-Families Forum, qui réunit des familles palestiniennes et israéliennes endeuillées à cause du conflit israélo-arabe, et qui milite pour la réconciliation et la paix.

Les personnages et les faits sont réels. Le récit nous les fait découvrir en même temps qu’un raisonnement qui, peu à peu, s’impose comme un leitmotiv : pour sortir de l’engrenage sans issue de la violence, Israël n’aurait d’autre choix que de reconsidérer sa politique d’occupation et de tenter de mettre en place une cohabitation égalitaire dans des territoires reconnus communs. L’auteur se fait le relais de ces voix israéliennes, vilipendées comme traîtres par leur opinion publique nationale, qui s’élèvent çà et là, accusant leur gouvernement d’induire la violence au travers d’actions et de comportements profondément injustes pour les Palestiniens. Courageusement, elles se regroupent dans des associations où Israéliens et Palestiniens prônent ensemble le dialogue, pour une meilleure compréhension mutuelle, préalable à toute possibilité de réconciliation.

D’une manière originale, le texte tisse autour de la trame du récit un tissu d’anecdotes et de considérations variées qui, souvent étonnantes mais toujours édifiantes, viennent renforcer le propos. La succession de chapitres, parfois très brefs et d‘apparence hétéroclite, dessine ainsi peu à peu le motif général d’une mosaïque, où se détachent notamment l’effarante ingéniosité humaine dans l’art de la guerre, mais aussi la miraculeuse et fragile variété de la vie qui devrait nous inciter à la protéger. Tout en se montrant parfaitement réaliste et lucide, l’ensemble laisse fleurir l’espoir que l’humanité puisse finir par prévaloir sur les instincts belliqueux. Même si, comme Freud l’écrivait à Einstein dans les années trente, ces derniers ne sont pas prêts de s’éteindre, il existe une chance de les combattre en cultivant les liens émotionnels et en favorisant le sentiment de communauté. Regardez l’Afrique du Sud, l’Irlande du Nord, l’Allemagne, la France, le Japon, et même l’Égypte. Qui aurait cru que ce serait possible ?

Un apeirogon est un polygone au nombre infini de côtés, comme le si complexe conflit israélo-palestinien, mais aussi comme cet ouvrage aux mille facettes, aussi étonnant que bouleversant, qui ouvre avec brio une réflexion pacifiste dont on espère qu’elle essaimera le plus largement possible. (4/5)

 

Citations :

Rami avait un jour entendu dire que, pendant la Seconde Guerre mondiale, des bombes remplies de chauves-souris vivantes furent conçues en vue de mettre le feu au Japon. Chacune des bombes, développées d’abord par l’armée américaine, comportait des milliers de compartiments, immense rayon de miel en métal.           
Un molosse du Brésil était placé dans chaque compartiment avec une minuscule bombe incendiaire attachée à son corps. Les détonations maîtrisées eurent lieu, d’abord, dans des laboratoires et de grands hangars à avions.
Ces bombes devaient être larguées aux aurores par une série de bombardiers à haute altitude : elles seraient lâchées à cinq mille pieds. Il était prévu que les enveloppes s’ouvriraient quelque part au-dessus d’Osaka et que les chauves-souris s’égailleraient dans les airs, une flottille de malheur. Les chauves-souris se réveilleraient de leur hibernation et dériveraient jusqu’à une grande aire urbaine où, au lever du jour, elles se cacheraient dans les avant-toits sombres des maisons, se faufileraient sous les chevrons en bois ou se fraieraient un chemin à l’intérieur des lanternes en papier suspendues, voire passeraient par les fenêtres ouvertes pour se nicher dans les rideaux, jusqu’à ce que leurs retardateurs s’arrêtent.           
À ce moment-là, les bombes – et les chauves-souris elles-mêmes – exploseraient.           
Les maisons japonaises étant principalement construites en bois, en papier et en bambou, on pensait que les chauves-souris enflammées déclencheraient un spectaculaire incendie. (…)
Ce que personne n’admit lors des essais de bombes à chauves-souris était que, quand les molosses du Brésil étaient relâchés dans l’air, ils étaient la plupart du temps encore en état d’hibernation. Ils tombaient des enveloppes des bombes sans se réveiller. Au terme de l’expérience, les savants comprirent qu’ils auraient tout aussi bien pu larguer une cascade de pierres.
 

Le 9 août, trois jours après que la bombe atomique eut été larguée sur Hiroshima, une deuxième bombe devait frapper la ville de Kokura, sur l’île de Kyushu. La cible principale était l’usine Nippon Steel, au cœur de l’effort de guerre japonais. (…)
Les appareils décollèrent par beau temps mais, au moment où ils atteignirent l’île de Kyushu, le ciel était devenu nuageux. Au sol, de fins rideaux de fumée grise s’élevaient de l’usine. (…)
Sweeney reçut l’information selon laquelle il n’y avait pas de nuages au-dessus de Nagasaki. (...)
Souvent, Rami pense à cela : à cause d’un incident de nuage – un petit défaut dans le tissu du temps atmosphérique –, soixante-quinze mille vies furent perdues à un endroit et, par conséquent, épargnées ailleurs.
 
 
C’est une ville qui ne laisse pas de l’étonner : aux devantures des restaurants, il a souvent vu des sacs en plastique roses remplis de pain, laissés là en vertu d’une coutume locale selon laquelle aucune nourriture ne doit être gâchée ou jetée.           
Le pain devant aller d’abord aux nécessiteux, ou aux pauvres, les sacs en plastique sont noués et disposés soigneusement sur le premier mur disponible.
Le plus souvent, les sacs ne sont pas récupérés. La nourriture doit donc être ensuite proposée aux animaux, et il revient traditionnellement aux vieillards de Beit Jala – chrétiens comme musulmans – de s’en aller tôt le matin, par les collines escarpées, pour dénouer délicatement les sacs, l’un après l’autre après l’autre, comme de petits sacs à main roses.
Il n’est pas inhabituel de voir un oiseau fondre pour attraper le pain et, de temps à autre, un sac en plastique rose s’élever dans les airs au-dessus de Beit Jala.


Les nombres amicaux sont deux nombres différents reliés en ce sens que, quand on additionne tous leurs diviseurs stricts – à l’exception du nombre originel lui-même –, les sommes de leurs diviseurs sont égales.           
Les nombres – tels qu’estimés par les mathématiciens – sont considérés comme amicaux parce que les diviseurs stricts de 220 sont 1, 2, 4, 5, 10, 11, 20, 22, 44, 55 et 110, lesquels, additionnés, font 284. Et les diviseurs stricts de 284 sont 1, 2, 4, 71 et 142, dont la somme égale 220.
Il n’y a de nombres amicaux qu’en deçà de 1 000.


A l’été 1932, dans le cadre d’un échange de lettres entre plusieurs intellectuels célèbres, Albert Einstein écrivit à Sigmund Freud. (…)
La question essentielle qu’il souhaitait poser à Freud était celle-ci : estimait-il possible de guider le développement psychologique de l’humanité de façon à la rendre résistante aux psychoses de la haine et de la destruction, libérant ainsi la civilisation de la menace persistante de la guerre ? (…)
Dans sa réponse finale – qui arriva plusieurs semaines après la demande initiale –, Freud se disait flatté qu’on lui pose la question, mais expliquait qu’à son avis il y avait peu de chances que quiconque soit capable de réprimer les tendances les plus agressives de l’humanité. Rares sont les êtres humains, dit-il, dont l’existence s’écoule paisiblement. Il est facile d’infecter l’humanité de la fièvre guerrière, et l’homme a un instinct actif pour la haine et la destruction. Malgré tout, dit Freud, l’espoir de voir la guerre cesser n’était pas une chimère. Il fallait pour cela l’établissement, par consentement collectif, d’un organe de contrôle central qui aurait le dernier mot dans chaque conflit d’intérêts.
En outre, tout ce qui crée des liens émotionnels entre les êtres humains combat inévitablement la guerre. Ce qu’il fallait viser était un sentiment de communauté, et une mythologie des instincts.
 
 
Pour lui, tout tournait encore autour de l’Occupation. Elle était un ennemi commun. Elle était en train de détruire les deux camps. Il ne haïssait pas les juifs, disait-il, il ne haïssait pas Israël. Ce qu’il haïssait, c’était le fait d’être occupé, l’humiliation que cela représentait, l’étouffement, la dégradation quotidienne, l’avilissement. Il n’y aurait aucune sécurité tant que l’Occupation ne cesserait pas. Essayez un checkpoint ne serait-ce qu’une journée. Essayez un mur en plein milieu de votre cour d’école. Essayez vos oliviers défoncés par un bulldozer. Essayez votre nourriture en train de moisir dans un camion, à un checkpoint. Essayez l’occupation de votre imaginaire. Allez-y. Essayez.


Au-dessus de son bureau, il punaisa une phrase de Rumi, le poète persan, dont il se souvenait : Hier j’étais intelligent, et je voulais changer le monde. Aujourd’hui je suis sage, et j’ai commencé à me changer moi-même.


Dans les années 1980, l’endroit où il se vendait le plus de drapeaux israéliens – en dehors d’Israël – était l’Irlande du Nord, où les loyalistes les brandissaient pour défier les républicains irlandais qui avaient adopté le drapeau palestinien : des quartiers résidentiels entiers aux couleurs soit bleu et blanc, soit noir, rouge, blanc et vert.


Aux deuxième et troisième étages des immeubles blancs et carrés, le vent fouette le linge et lui fait faire de la gymnastique, obligeant une chemise blanche à lever les mains en l’air en signe de reddition.
 

La vérité, c’est qu’il ne peut y avoir d’occupation humaine. Ça n’existe tout simplement pas. Ce n’est pas possible. Tout est une question de contrôle. Peut-être faudra-t-il attendre que le prix de la paix devienne exorbitant pour que les gens commencent à comprendre. Peut-être que cela s’arrêtera seulement le jour où le coût sera plus élevé que le profit. Coût économique. Manque de travail. Pas de sommeil la nuit. Honte. Voire peut-être mort. Le prix que j’ai moi-même payé. Ceci n’est pas un appel à la violence. La violence est faible. La haine est faible. Mais aujourd’hui un camp est complètement rejeté sur le bord de la route. Les Palestiniens n’ont aucun pouvoir. Ce qu’ils font est né d’une colère, d’une frustration et d’une humiliation incroyables. On leur prend leur terre. Ils veulent la récupérer. Et cela débouche sur toutes sortes de questions, dont la moindre n’est pas : Que faire, alors, des colons ? Rapatriement ? Échanges de terres ? Compensation généreuse pour les Palestiniens s’étant fait voler leur terre ? Peut-être un mélange de tout ça. Et ensuite, ces colons qui veulent rester là pourraient rester là et devenir des citoyens de Palestine sous le régime de la souveraineté palestinienne, comme les Arabes en Israël. Droits égaux. Droits scrupuleusement égaux. Puis, après une période d’essai, on crée une Europe du Proche-Orient, des États-Unis du Proche-Orient. Les deux camps font des sacrifices. Redéfinissent les raisons pour lesquelles nous tuons et nous mourons. Aujourd’hui, on tue et on meurt pour des choses simples. Pourquoi ne pas mourir pour quelque chose de plus complexe ? Il n’est pas envisageable qu’un camp ait plus de droits que l’autre – plus de pouvoir politique, plus de terres, plus d’eau, plus de tout. Égalité. Pourquoi pas ? Est-ce aussi dément que le vol ? Que le meurtre ?


On doit mettre fin à l’Occupation avant de nous asseoir tous ensemble pour régler le problème. Un État, deux États, pour le moment peu importe – on met fin à l’Occupation et on commence à redonner une possibilité de dignité pour chacun d’entre nous. Dans mon esprit, c’est clair comme de l’eau de roche. Quelquefois, bien sûr, j’aimerais me tromper. Ce serait tellement plus facile. Si j’avais trouvé une autre voie, je l’aurais suivie – je ne sais pas, moi, la vengeance, le cynisme, la haine, le meurtre. Mais je suis juif. J’ai un grand amour pour ma culture et mon peuple, et je sais que dominer, opprimer et occuper, ce n’est pas juif. Être juif, ça veut dire respecter la justice et l’équité. Aucun peuple ne peut dominer un autre peuple et obtenir la paix et la sécurité. L’Occupation n’est ni juste ni soutenable. Et être contre l’Occupation n’est en aucun cas une forme d’antisémitisme.


Je lisais toujours plus de textes sur la non-violence et l’engagement politique. J’ai commencé à me rendre compte que la violence était exactement ce que nos adversaires voulaient nous voir employer. Ils préfèrent la violence parce qu’ils peuvent l’affronter. Ils sont beaucoup plus rodés à la violence. C’est la non-violence qu’il est difficile d’affronter, et ce, qu’elle provienne des Israéliens ou des Palestiniens, ou des deux. Elle les désarçonne.
 

Parfois j’ai l’impression qu’on essaie de prendre l’eau de l’océan avec une petite cuiller. Mais la paix est une réalité. Question de temps. Regardez l’Afrique du Sud, l’Irlande du Nord, l’Allemagne, la France, le Japon, et même l’Égypte. Qui aurait cru que ce serait possible ? Est-ce que les Palestiniens ont tué six millions d’Israéliens ? Est-ce que les Israéliens ont tué six millions de Palestiniens ? Les Allemands, eux, ont tué six millions de juifs, et regardez, aujourd’hui il y a un diplomate israélien à Berlin et un ambassadeur d’Allemagne à Tel-Aviv. Vous voyez, rien n’est impossible.


Il nous faut apprendre à partager cette terre, sans quoi nous la partagerons dans nos tombes.


Dans certaines parties du désert d’Atacama, au Chili, aucune pluie n’a jamais été enregistrée. C’est un des endroits les plus secs de la planète, néanmoins les paysans locaux ont appris à recueillir l’eau qui est dans l’air en suspendant de grands filets afin d’attraper les bancs de nuages en provenance de la côte du Pacifique.            
Quand le brouillard atteint les hauts filets, il forme des gouttes d’humidité. L’eau ruisselle le long des mailles en plastique, passe par de petites gouttières et s’accumule en bas du filet, où le liquide est canalisé dans un tuyau relié à une citerne.            
Partout dans le paysage, de grands poteaux métalliques retiennent les filets sombres face au ciel pâle. Le brouillard est capturé tôt le matin, avant que le soleil brûle les nuages.            
À partir de rien, quelque chose.
Les paysans appellent ces filets des attrape-brouillard.


L’eau dissout davantage de substances que tout autre liquide, même l’acide.


Grâce à des microphones laser, des scientifiques, en Allemagne, ont établi que les plantes et les arbres rejettent des gaz quand ils se sentent attaqués. Ces gaz produisent à leur tour des ondes sonores qui se diffusent à un niveau inaudible, sauf aux appareils les plus sensibles.           
D’après ces scientifiques de l’Institut de physique appliquée de l’université de Bonn, les fleurs émettent un gémissement quand on coupe leurs feuilles, les arbres peuvent se prévenir les uns les autres quand approchent des essaims d’insectes, et l’odeur d’herbe coupée provient d’un système de sécrétion à l’intérieur des brins d’herbe.           
Cette équipe a établi, sur la foi de découvertes antérieures, que les neurotransmetteurs tels que la dopamine et la sérotonine peuvent exister dans les plantes, bien qu’il n’y ait pas trace de neurones ou de synapses dans leurs systèmes sensoriels.
 

Le meurtre n’était pas la faute des kamikazes, dit-elle. Eux aussi étaient des victimes. Israël était coupable. Il avait du sang sur les mains. Netanyahou avait du sang sur les mains. Elle aussi, dit-elle. Elle n’était pas exempte, tout le monde était complice. Oppression. Tyrannie. Mégalomanie. On la vit à la télévision nationale. Des spécialistes affirmèrent qu’elle était encore sous le choc. Rien à voir avec le choc, répondit-elle. Le seul choc était qu’il n’y ait pas plus souvent d’attentats palestiniens. Israël invitait ses propres enfants à se faire massacrer, dit-elle. Autant placer du Semtex dans leurs cartables. Le pays ne serait jamais en paix tant qu’il n’admettrait pas cela. Les journaux conservateurs publièrent des dessins : Nurit dans une salle de classe à l’université, en uniforme de général, et un keffieh autour de la tête. D’après les radios de droite, elle n’était pas une bonne juive, elle s’était fait laver le cerveau, et puis son père était devenu un peacenik, il avait trahi Israël, il avait été l’ami d’Arafat. 


LE GOUVERNEMENT ISRAÉLIEN A TUÉ MA FILLE, Haaretz, 8 septembre 1997. La fille d’un général accuse Israël de meurtre, Yedioth Aharonoth, 9 septembre 1997. La famille d’une victime d’attentat affirme qu’Israël produit les terroristes, Fil info Associated Press, 9 septembre 1997. La mère d’une victime israélienne d’un attentat accuse les dirigeants, Chicago Tribune, 10 septembre 1997. Une mère endeuillée attaque le gouvernement, Jerusalem Post, 11 septembre 1997. UNE MÈRE ACCUSE LA POLITIQUE ISRAÉLIENNE DANS LA MORT DE SON ENFANT, L. A. Times, 11 septembre 1997. Une mère endeuillée accuse Israël, Courier Mail, Queensland, 11 septembre 1997. BIBI A TUÉ MA FILLE, The Sun, 11 septembre 1997. Selon une mère endeuillée, c’est l’oppression qui pousse les extrémistes arabes à la violence, Moscow News, 12 septembre 1997. Une mère accuse Israël de la mort atroce de sa fille, People’s Daily, Chine, 13 septembre 1997. Le malaise national israélien, The New York Times, 14 septembre 1997. L’OCCUPATION EST RESPONSABLE DE LA MORT DE MON ENFANT, Paris Match, 14-21 septembre 1997. « Partez du Liban ! » : le cri d’une mère réveille les Israéliens, Tel Aviv Journal, 19 septembre 1997. « BIBI, QU’AS-TU FAIT ? », Le Monde diplomatique, 1er octobre 1997.


L’architecture des maisons bien équipées de Jéricho est telle qu’elles sont considérées comme introverties – beaucoup de leurs pièces regardent la cour intérieure plutôt que la rue : elles sont tournées vers elles-mêmes.           
Certaines demeures sont surmontées d’un malqaf, ou attrape-vent : une grande tour qui fait face, sur un ou plusieurs côtés, au vent dominant. L’attrape-vent récupère l’air frais, plus dense, et le fait descendre dans le cœur de la maison, où il agit comme un climatiseur. Des récipients d’eau sont parfois placés à l’intérieur du conduit, ou des serviettes mouillées suspendues aux ouvertures du bas, afin d’augmenter l’effet rafraîchissant.           
Dans certains foyers, on peut sentir la fraîcheur immédiate repousser le rideau de chaleur.
 

L’écrivain allemand Goethe disait que l’état d’esprit qu’inspire l’architecture se rapproche de l’effet produit par la musique – que regarder une chose revient à l’entendre. La musique est une architecture liquide, écrivit-il, et l’architecture est une musique fixée.
 

 

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