J'ai beaucoup aimé
Titre : La Sirène, le Marchand et la Courtisane
(The Mermaid and Mrs Hancock)
Auteur : Imogen HERMES GOWAR
Traducteur : Maxime BERREE
Edition : 2018 (en anglais), 2021 (Belfond)
Pages : 528
Présentation de l'éditeur :
Dans la lignée de Miniaturiste de Jessie Burton ou du Serpent de l’Essex de
Sarah Perry, un premier roman éclatant de style et d’imagination ; un
véritable cabinet de curiosités dans la bonne société londonienne du
XVIIIe siècle, où le merveilleux côtoie l’ivresse et l’extravagance.
Lors d’une de
ces fêtes somptueuses, il fait la connaissance d’Angelica Neal, la femme
la plus désirable qu’il ait jamais vue… et courtisane de grand talent.
Entre le timide marchand et la belle scandaleuse se noue une relation
complexe, qui va les précipiter l’un et l’autre dans une spirale
dangereuse.Car les pouvoirs de la sirène ne sont pas que
légende. Aveuglés par l’orgueil et la convoitise, tous ceux qui s’en
approchent pourraient bien basculer dans la folie…
Le mot de l'éditeur sur l'auteur :
Imogen Hermes Gowar a étudié l’archéologie, l’anthropologie et l’histoire de l’art à l’université East Anglia avant de travailler dans des musées. Les objets qu’elle y a côtoyés lui ont inspiré ses premiers textes de fiction et, en 2013, elle remporte le Malcolm Bradbury Memorial Scholarship et a l’opportunité d’intégrer un master de Creative Writing à East Anglia, toujours. De son mémoire de fin d’année – lauréat du Curtis Brown Prize –, naîtra La sirène, le marchand et la courtisane. Ce premier roman, qui a fait grand bruit en Angleterre lors de sa sortie, est finaliste de la Mslexia First Novel Competition et shortlisté notamment pour le Deborah Rogers Foundation Writers’ Award et le Women’s Prize for Fiction.Avis :
En 1785 à Londres, le capitaine de l'un des navires du marchand Hancock rentre avec une sirène pêchée en mer de Chine. La créature fait sensation et, du même coup la fortune du négociant. Pris dans un tourbillon mondain, Hancock fait la connaissance d’Angelica Neal, belle et riche courtisane néanmoins sur la brèche depuis la mort de son protecteur. Leurs deux situations pourraient bien trouver avantage à se rapprocher, si l’influence de la sirène ne menaçait de folie un entourage dévoré par l’ambition et la convoitise.
Si ce n’est pour sa créature chimérique, cet ouvrage pourrait aisément passer pour un roman historique, tant son évocation du Londres du 18e siècle prend corps pour nous transplanter dans une sorte d’entre-deux de la société georgienne. On y côtoie marchands enrichis et demi-mondaines ambitieuses, occupés à se hisser sur l’étroite arrête glissante qui sépare les deux versants d’une société clivée entre fange populaire et luxe aristocratique. Leur aspiration à s’élever les entraîne dans une vertigineuse course au paraître, où les chutes sont fatales et retentissantes. Quand l’ostentation et le faste font tourner les têtes dans un tel vent de folie, quoi de plus merveilleux que de s’afficher l’exclusif propriétaire d’une curiosité légendaire ? Cette mystérieuse sirène, que l’on comprend vite le symbole de la prétention et de l’avidité humaines, risquera pourtant de perdre ceux qui l’approchent. En attendant, comme l’illustre parfaitement son titre français un rien « lafontainien », le récit se transforme grâce à elle en une jolie fable symbolique, légèrement teintée de fantastique.
Les jolies écritures de l’auteur et de son traducteur contribuent largement au charme de ce texte. Peu importe si chaque rebondissement se laisse assez aisément pressentir et si certains protagonistes semblent peut-être parfois manquer un peu trop de clairvoyance. Ce roman original, qui prend le temps de camper ses personnages dans une ambiance soigneusement étudiée et indéniablement réussie, laisse sur son lecteur une impression durable d’enchantement et de poésie.
Si ce n’est pour sa créature chimérique, cet ouvrage pourrait aisément passer pour un roman historique, tant son évocation du Londres du 18e siècle prend corps pour nous transplanter dans une sorte d’entre-deux de la société georgienne. On y côtoie marchands enrichis et demi-mondaines ambitieuses, occupés à se hisser sur l’étroite arrête glissante qui sépare les deux versants d’une société clivée entre fange populaire et luxe aristocratique. Leur aspiration à s’élever les entraîne dans une vertigineuse course au paraître, où les chutes sont fatales et retentissantes. Quand l’ostentation et le faste font tourner les têtes dans un tel vent de folie, quoi de plus merveilleux que de s’afficher l’exclusif propriétaire d’une curiosité légendaire ? Cette mystérieuse sirène, que l’on comprend vite le symbole de la prétention et de l’avidité humaines, risquera pourtant de perdre ceux qui l’approchent. En attendant, comme l’illustre parfaitement son titre français un rien « lafontainien », le récit se transforme grâce à elle en une jolie fable symbolique, légèrement teintée de fantastique.
Les jolies écritures de l’auteur et de son traducteur contribuent largement au charme de ce texte. Peu importe si chaque rebondissement se laisse assez aisément pressentir et si certains protagonistes semblent peut-être parfois manquer un peu trop de clairvoyance. Ce roman original, qui prend le temps de camper ses personnages dans une ambiance soigneusement étudiée et indéniablement réussie, laisse sur son lecteur une impression durable d’enchantement et de poésie.
Pour finir, mention spéciale à l’étonnant et agréable toucher velouté de la luxueuse couverture, reproduction d’un des superbes textiles conservés au Victoria and Albert Museum de Londres. (4/5)
Citations :
Car la classe sociale est une sorte de bulle, une membrane qui nous entoure, et bien qu’on puisse grandir à l’intérieur de cette membrane, et même la faire grandir à notre dimension, il est impossible de s’en libérer. Un homme né noble le reste toujours au fond de l’âme, même quand il chute ; et un homme né modeste le reste toujours au fond de son âme, même s’il s’élève.
Une perte, si tragique qu’elle soit, n’est pas le néant. Une perte est une présence en soi : une perte occupe l’espace ; une perte naît comme toute autre chose vivante.
Une perte, si tragique qu’elle soit, n’est pas le néant. Une perte est une présence en soi : une perte occupe l’espace ; une perte naît comme toute autre chose vivante.
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