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Titre : Le parlement des instincts
Auteur : Philippe CAVALIER
Parution : 2023 (Anne Carrière)
Pages : 752
Présentation de l'éditeur :
Moinillon, peintre, ermite, médecin ou prophète, Ilario parcourt une Europe où se flétrissent les espérances d’une Renaissance désormais moribonde. De Venise à Rome et de Malte à Prague, c’est l’avènement du Baroque, un âge d’ambitions, de découvertes et d’excès. C’est le temps de Kepler, Faust et Caravage, une parenthèse sensuelle et dangereuse où tous les futurs sont possibles au point qu’un homme contrefait peut se rêver doge de la plus belle cité qui fût jamais.
Voyage gigantesque et frénétique accompli par un tout petit homme, Le Parlement des instincts est une épopée fabuleusement généreuse et inventive, une expérience de lecture colossalement immorale, dont les férocités joyeuses exaltent le souffle du langage, la force du rire et la souveraine puissance des Arts.
Le mot de l'éditeur sur l'auteur :
Avis :
Des espions et des maîtres verriers de la Sérénissime République de Venise aux mœurs agitées du Caravage à Rome, Naples, puis Malte, du fond des mines de cobalt en Europe centrale à la Cour de l’Empereur Rodolphe II de Habsbourg à Prague, enfin d’un ermitage en compagnie d’un lion à la croisade d’une magnétique prédicatrice, tel est le passionnant voyage, aux aventures toutes plus rocambolesques les unes que les autres, auquel nous convie ce roman-fleuve découpé en cinq parties symbolisant les étapes de la vie. Entre les germes de l’enfance et la résignation de la vieillesse, s’écoulera un destin en forme de montagnes russes dont un tirage de tarot avait dès le début prédit les grandes lignes, mais qui devra beaucoup à l’extraordinaire instinct de survie d’Ilario, lui que Dame Nature avait pourtant bien mal loti au départ.
D’une manière qui fait penser à la Traversée des Temps d’Eric-Emmanuel Schmitt, le récit commenté avec humour au long d’intéressantes et didactiques notes de bas de page est l’occasion d’une immersion historique riche et vivante qui, adoptant délicieusement et fort naturellement les tournures de langage d’alors, se nourrit avec aisance d’une documentation colossale et d’une érudition teintée de dérision. Au prétexte de péripéties agréablement fantaisistes, l’on se délecte ainsi de la finesse d’évocation de l’époque, au travers notamment de quelques unes de ses grandes figures, mais surtout de ses débats artistiques, religieux et philosophiques, alors qu’après la Renaissance et sa profonde transformation de la représentation du monde, d’autres bouleversements annoncent déjà l’âge baroque.
Citations :
Le rire, Ilario ! Laisse-moi te dire en vérité ce qu’il en est : c’est une arme ! Une arme bien plus acérée que ne le sera jamais n’importe quelle épée, et de portée plus longue que n’importe quelle bombarde, si gros qu’en soit son canon. C’est une arme qui traverse temps, matière et espace pour foudroyer sa victime en autant de coups qu’il se trouve de rieurs ! Une arme qui, en trois mots finement agencés, souille à jamais n’importe quelle réputation ; rabaisse n’importe quel rang ; ridiculise n’importe quel prétentieux. Personne n’est à l’abri du rire ! Pas un benêt, pas un savant, pas une femme ni un homme, aussi couronné soit-il ! (…)
Ce n’est pas tout. Le rire, étant donc une arme, est également signe de reconnaissance entre beaux esprits. On peut dire une chose en riant et en faire comprendre une autre à qui est familier du double sens. Les sots ne font que s’esclaffer de la grossièreté, alors que les sages saisissent la pensée interdite voilée sous la vulgarité de la forme. Le rire, Ilario, a cette puissance rare – une puissance triple – de leurrer les ignares, de scandaliser les tièdes mais d’édifier les êtres de raison percevant au-delà des apparences. Je te le redis : le rire est une arme parce que le rire est un code !
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