jeudi 28 février 2019

[Slimani, Leïla] Dans le jardin de l'ogre





 

Coup de coeur 💓

 

Titre : Dans le jardin de l'ogre

Auteur : Leïla SLIMANI

Editeur : Gallimard

Parution : 2014

Pages : 224








Présentation de l'éditeur :

"Une semaine qu'elle tient. Une semaine qu'elle n'a pas cédé. Adèle a été sage. En quatre jours, elle a couru trente-deux kilomètres. Elle est allée de Pigalle aux Champs-Elysées, du musée d'Orsay à Bercy. Elle a couru le matin sur les quais déserts. La nuit, sur le boulevard Rochechouart et la place de Clichy. Elle n'a pas bu d'alcool et elle s'est couchée tôt. Mais cette nuit, elle en a rêvé et n'a pas pu se rendormir. Un rêve moite, interminable, qui s'est introduit en elle comme un souffle d'air chaud. Adèle ne peut plus penser qu'à ça. Elle se lève, boit un café très fort dans la maison endormie. Debout dans la cuisine, elle se balance d'un pied sur l'autre. Elle fume une cigarette. Sous la douche, elle a envie de se griffer, de se déchirer le corps en deux. Elle cogne son front contre le mur. Elle veut qu'on la saisisse, qu'on lui brise le crâne contre la vitre. Dès qu'elle ferme les yeux, elle entend les bruits, les soupirs, les hurlements, les coups. Un homme nu qui halète, une femme qui jouit. Elle voudrait n'être qu'un objet au milieu d'une horde, être dévorée, sucée, avalée tout entière. Qu'on lui pince les seins, qu'on lui morde le ventre. Elle veut être une poupée dans le jardin de l'ogre".
 

 

Avis :

La présentation par l'éditeur m'avait fait fuir. Mon immense coup de cœur pour Chanson douce m'a fait revenir vers ce roman dérangeant sur la nymphomanie. Que de souffrances et de détresse chez Adèle, incapable de mettre fin à sa fuite en avant destructrice, ne récoltant que honte et solitude de son effroyable addiction. Et quelle consternation lorsqu'on comprend la cause profonde de son comportement, tellement indicible qu'elle n'est que suggérée par l'auteur. Car l'ogre a un visage, le plus impensable de tous, même si personne autour d'Adèle ne s'en doute le moins du monde. Cet ogre a dévasté Adèle dès l'enfance, la rendant incapable d'aimer, de s'aimer et de se sentir aimée : Adèle n'a plus d'existence qu'au travers du désir d'autrui. 

En ne faisant que suggérer l'indicible d'Adèle, Leïla Slimani parvient à faire ressentir au lecteur le poids du tabou et de la chape de silence qui enferment la jeune femme dans sa névrose. 

J'ai terminé ce livre avec un grand sentiment de tristesse, pour la descente aux enfers d'Adèle, mais aussi pour le désarroi de son mari et leur isolement à tous les deux. Tout comme Chanson douce, Le jardin de l'ogre est un électrochoc, qui vous saisit dès la première ligne et vous poursuit bien au-delà du point final. Les deux romans ont en commun des enfances fracassées, des enfants "dévorés", par les adultes les plus proches. (5/5)

 

 

Citation :

Les gens insatisfaits détruisent tout autour d’eux.
 

 

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