J'ai beaucoup aimé
Titre : Où s'adosse le ciel
Auteur : David DIOP
Parution : 2025 (Julliard)
Pages : 368
Présentation de l'éditeur :
À la fin du XIXe siècle, Bilal Seck achève un pèlerinage à La Mecque et
s'apprête à rentrer à Saint-Louis du Sénégal. Une épidémie de choléra
décime alors la région, mais Bilal en réchappe, sous le regard incrédule
d'un médecin français qui cherche à percer les secrets de son immunité.
En pure perte. Déjà, Bilal est ailleurs, porté par une autre histoire,
celle qu'il ne cesse de psalmodier, un mythe immense, demeuré intact en
lui, transmis par la grande chaîne de la parole qui le relie à ses
ancêtres. Une odyssée qui fut celle du peuple égyptien, alors sous le
joug des Ptolémées, conduite par Ounifer, grand prêtre d'Osiris qui
caressait le rêve de rendre leur liberté aux siens, les menant vers
l'ouest à travers les déserts, jusqu'à une terre promise, un bel
horizon, là où s'adosse le ciel...
Ce chemin, Bilal l'emprunte à son tour, vers son pays natal, en passant par Djenné, la cité rouge, où vint buter un temps le voyage d'Ounifer et de son peuple.
De l'Égypte ancienne au Sénégal, David Diop signe un roman magistral sur un homme parti à la reconquête de ses origines et des sources immémoriales de sa parole.
Ce chemin, Bilal l'emprunte à son tour, vers son pays natal, en passant par Djenné, la cité rouge, où vint buter un temps le voyage d'Ounifer et de son peuple.
De l'Égypte ancienne au Sénégal, David Diop signe un roman magistral sur un homme parti à la reconquête de ses origines et des sources immémoriales de sa parole.
Le mot de l'éditeur sur l'auteur :
Né en 1966, David Diop est l'auteur de trois romans, dont deux publiés aux éditions du Seuil :
Frère d'âme (prix Goncourt des lycéens 2018, International Booker Prize 2021) et
La Porte du voyage sans retour (finaliste du National Book Award 2023).
Avis :
David Diop fait résonner à travers les âges les voix entremêlées de Bilal Seck, griot sénégalais du XIXᵉ siècle, et de Sekhsekh, scribe déchu de l’Égypte ptolémaïque, deux âmes en quête de sens dont les mémoires portées par le vent des siècles et le murmure des silences oubliés s’unissent dans une traversée poétique du temps.
Bilal marche dans un pays ravagé par le choléra, mais ce qu’il porte en lui dépasse la douleur du présent, car il avance avec le poids d’une parole ancienne, une mémoire noire transmise de bouche en bouche, de cœur en cœur, jusqu’à lui, soixante-douzième passeur. Sekhsekh, lui, s’efface dans les intrigues du palais, les amours contrariées et les jeux de pouvoir. A mesure que leurs récits se croisent et se répondent, leurs visages se confondent et la parole, cousant ensemble les paysages, se fait fil d'or reliant les mondes.
Traversée géographique et spirituelle, ce roman remonte vers les sources d’une grandeur enfouie, vers une civilisation noire effacée des livres mais vivante dans les chants et les gestes. Porté dans la recherche de ses origines par le désir de réhabiliter une parole jugée impure et de redonner souffle à une dignité bafouée, Bilal se fait scribe de lui-même, témoin d’un héritage que l’Histoire a voulu taire.
Matrice blessée et mémoire vive traversant l’œuvre de David Diop comme une terre de fracture, l'Afrique est ici le socle d’un savoir à reconquérir, d’une spiritualité à réinventer. Le roman fait vibrer ses personnages, corps et âme, dans une tension féconde entre héritage et invention, où chaque mot relie ce qui fut tu à ce qui peut encore être transmis.
Dense et incantatoire, l’écriture bat au rythme du conte, mêlant souffle romanesque et tradition orale pour interroger la puissance des mots à traverser les siècles. Ce récit du passage invite à tendre l’oreille vers ce qui, nulle part consigné, n’en palpite pas moins dans les silences de la mémoire. Dans cette écoute, quelque chose s’adosse, non pas au ciel, mais à la parole qui le cherche. (4/5)
Si les gens ordinaires en venaient à connaître les arcanes du pouvoir, ils perdraient bientôt leurs illusions de justice. Ils découvriraient leur véritable état de bêtes de somme manipulées par les puissants. Ils cesseraient d’obéir, et sans obéissance machinale, il n’y a pas de société qui tienne.
Où que l’on se trouve dans le monde, l’or fait des miracles, arase les montagnes, érige des palais et lève des armées.
La peur de se faire voler un trésor n’est jamais aussi grande que lorsque la certitude d’en posséder un se double de la crainte de ne pas le mériter.
Ce fut pour lui l’occasion de découvrir la grande capacité des pauvres à devenir invisibles. Présents, on les ignore, absents, on pense qu’ils sont toujours là.
L’essentiel était que les subalternes acceptent l’inégalité sans réfléchir et la trouvent si naturelle qu’ils rêvent d’en bénéficier eux-mêmes plutôt que de l’abolir.
Les prières ne font pas de miracles quand ceux qui les adressent aux dieux ne croient pas qu’elles puissent être exaucées.
Les trésors des dieux sont les hommes.
Il fallait continuer d’espérer, car exister c’est insister.
Bilal marche dans un pays ravagé par le choléra, mais ce qu’il porte en lui dépasse la douleur du présent, car il avance avec le poids d’une parole ancienne, une mémoire noire transmise de bouche en bouche, de cœur en cœur, jusqu’à lui, soixante-douzième passeur. Sekhsekh, lui, s’efface dans les intrigues du palais, les amours contrariées et les jeux de pouvoir. A mesure que leurs récits se croisent et se répondent, leurs visages se confondent et la parole, cousant ensemble les paysages, se fait fil d'or reliant les mondes.
Traversée géographique et spirituelle, ce roman remonte vers les sources d’une grandeur enfouie, vers une civilisation noire effacée des livres mais vivante dans les chants et les gestes. Porté dans la recherche de ses origines par le désir de réhabiliter une parole jugée impure et de redonner souffle à une dignité bafouée, Bilal se fait scribe de lui-même, témoin d’un héritage que l’Histoire a voulu taire.
Matrice blessée et mémoire vive traversant l’œuvre de David Diop comme une terre de fracture, l'Afrique est ici le socle d’un savoir à reconquérir, d’une spiritualité à réinventer. Le roman fait vibrer ses personnages, corps et âme, dans une tension féconde entre héritage et invention, où chaque mot relie ce qui fut tu à ce qui peut encore être transmis.
Dense et incantatoire, l’écriture bat au rythme du conte, mêlant souffle romanesque et tradition orale pour interroger la puissance des mots à traverser les siècles. Ce récit du passage invite à tendre l’oreille vers ce qui, nulle part consigné, n’en palpite pas moins dans les silences de la mémoire. Dans cette écoute, quelque chose s’adosse, non pas au ciel, mais à la parole qui le cherche. (4/5)
Citations :
Où que l’on se trouve dans le monde, l’or fait des miracles, arase les montagnes, érige des palais et lève des armées.
La peur de se faire voler un trésor n’est jamais aussi grande que lorsque la certitude d’en posséder un se double de la crainte de ne pas le mériter.
Ce fut pour lui l’occasion de découvrir la grande capacité des pauvres à devenir invisibles. Présents, on les ignore, absents, on pense qu’ils sont toujours là.
L’essentiel était que les subalternes acceptent l’inégalité sans réfléchir et la trouvent si naturelle qu’ils rêvent d’en bénéficier eux-mêmes plutôt que de l’abolir.
Les prières ne font pas de miracles quand ceux qui les adressent aux dieux ne croient pas qu’elles puissent être exaucées.
Les trésors des dieux sont les hommes.
Il fallait continuer d’espérer, car exister c’est insister.
Du même auteur sur ce blog :
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire