mardi 10 octobre 2023

[Récondo, Léonor (de)] Le grand feu

 



 

J'ai beaucoup aimé

 

Titre : Le grand feu

Auteur : Léonor de RECONDO

Parution : 2023 (Grasset)

Pages : 224

 

 

 

 

 

 

 

Présentation de l'éditeur :  

Le grand feu, c’est celui qui m’anime, et me consume, lorsque je joue du violon et lorsque j’écris. Léonor de Récondo
 
En 1699, Ilaria Tagianotte naît dans une famille de marchands d’étoffes, à Venise. La ville a perdu de sa puissance, mais lui reste ses palais, ses nombreux théâtres, son carnaval qui dure six mois. C’est une période faste pour l’art et la musique, le violon en particulier.
À peine âgée de quelques semaines, sa mère place la petite Ilaria à la Pietà. Cette institution publique a ouvert ses portes en 1345 pour offrir une chance de survie aux enfants abandonnées en leur épargnant infanticides ou prostitution. On y enseigne la musique au plus haut niveau et les Vénitiens se pressent aux concerts organisés dans l’église attenante. Cachées derrière des grilles ouvragées, les jeunes interprètes jouent et chantent des pièces composées exclusivement pour elles.
Ilaria apprend le violon et devient la copiste du maestro Antonio Vivaldi. Elle se lie avec Prudenza, une fillette de son âge. Leur amitié indéfectible la renforce et lui donne une ouverture vers le monde extérieur.
Le grand feu, c’est celui de l’amour qui foudroie Ilaria à l’aube de ses quinze ans, abattant les murs qui l’ont à la fois protégée et enfermée, l’éloignant des tendresses connues jusqu’alors. C’est surtout celui qui mêle le désir charnel à la musique si étroitement dans son cœur qu’elle les confond et s’y perd.  
Le murmure de Venise et sa beauté sont un écrin à la quête de la jeune fille : éprouver l’amour et s’élever par la musique, comme un grand feu.

 

Le mot de l'éditeur sur l'auteur :

Léonor de Récondo est née en 1976 dans une famille d’artistes, mère peintre et père sculpteur. Violoniste, elle a enregistré de nombreux disques et s’est produite en France et à l’étranger, en particulier dans des ensembles dédiés à la musique baroque. Elle a fondé l’ensemble L’Yriade, spécialisé dans le répertoire des cantates des XVIIe et XVIIIe siècles. Écrivaine, elle est l’autrice de huit romans dont Amours (2015, Grand Prix RTL-Lire et Prix des Libraires), Point cardinal (2017, Prix du roman des étudiants France Culture-Télérama), La Leçon de ténèbres (2020, prix Ève Delacroix de l’Académie française), et Revenir à toi (Grasset, 2021, LGF, 2022).

 

Avis :  

Ilaria naît en 1699, dans une Venise à peine remise de la peste où « l’on s’aimait avant de mourir ». Ses parents Francesca et Giacomo Tagianotte, marchands d’étoffes, ont perdu trois de leurs enfants à la naissance. Alors, cette sixième fille qui leur arrive, Francesca l’a tout de suite su, elle la destine à chanter parmi les anges de la Pietà, pour que sa voix s’élève jusqu’au paradis. Ainsi commence le roman d’apprentissage musical et sentimental né de la double passion – le grand feu – de Léonor de Récondo pour le violon et l’écriture.

Financée par la République de Venise, la Pietà accueille des filles abandonnées à la naissance, parmi lesquelles se glissent quelques jeunes filles dont la riche famille peut financer la formation, pour en faire, sous l’égide des plus grands maîtres, des chanteuses et des musiciennes accomplies que l’on accourt écouter lors des concerts qu’elles donnent, cachées et tout de blanc vêtues, derrière les grilles de leur hospice. Lorsque Ilaria y grandit, le maître de violon et le compositeur principal de la Pietà est Vivaldi. C’est à son école qu’elle découvre, toute jeune, le grand feu qui ne cessera plus de l’habiter, cet « art qui se façonne dans une addition d’âmes » : la musique. Sa voix d’or à elle, ce sera celle de son violon.

Mais, alors qu’à ses rêves d’évasion, jusqu’ici circonscrits par sa réclusion à leur seule expression musicale, quelques sorties chaperonnées par la riche famille de son amie Prudenzia viennent donner une nouvelle forme, amoureuse cette fois, un autre feu s’allume, qui pourrait aussi bien nourrir le premier que la consumer tout entière. Ilaria a désormais quinze ans. Pour ses semblables sans appui familial, l’avenir est au couvent, sauf pour celles, assez rares, que l’exception de leurs talents permet de se produire à l’extérieur, et parfois, d’être demandées en mariage...

Dans cette Venise d’eau, elle-même enfiévrée six mois par an par la frénésie du carnaval, le roman d’apprentissage se fait incandescent. Du feu de la musique à la passion amoureuse, d’une plume qui palpite et cascade en vagues musicales, Léonor de Recondo investit sa propre expérience, émotionnelle et sensorielle, et, jusqu’à son impressionnant bouquet final, nous enchante d’un récit habité, ardemment romanesque, féministe aussi. Quand la musique et l’écriture s’épousent si joliment, l’on ne résiste pas au feu de la lecture. (4/5)

 

Citations : 

La musique est un art qui se façonne dans une addition d’âmes.

Elle le déteste. Dans quelques mois, elle va se marier, quelle autre échappée aurait-elle ? Pourquoi ne pourrait-elle pas, elle aussi, un petit matin, monter sur un navire et voir l’horizon de ses rêves ? Pourquoi ? Parce qu’elle est une femme ? Qui reste dans ce grand palais vide ? Une mère et sa fille. L’une qui se définit par ce qu’elle a été, épouse de, et l’autre par ce qu’elle va devenir, épouse de. Cette réalité, si criante à cet instant, la révolte.

La tragédie n’est pas la mort, mais ce que l’on fait du souvenir.

 

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