dimanche 30 août 2020

[Butler, Nickolas] Le petit-fils





J'ai beaucoup aimé

 

Titre : Le petit-fils (Little Faith)

Auteur : Nickolas BUTLER

Traductrice : Mireille VIGNOL

Parution : en anglais (Etats-Unis) en 2019,
                  en français en 2020 (Stock)

Pages : 350

 

 

 

 

 

 

Présentation de l'éditeur :   

Après trente ans à travailler dans un petit commerce, Lyle vit désormais au rythme des saisons avec sa femme Peg, dans leur ferme du Wisconsin. Il passe ses journées au verger où il savoure la beauté de la nature environnante. Leur fille adoptive, Shiloh, et leur petit-fils bien aimé, Isaac, se sont récemment installés chez eux, pour leur plus grande joie.

Une seule ombre au tableau : depuis qu’elle a rejoint les rangs des fidèles de Coulee Lands, Shiloh fait preuve d’une ferveur religieuse inquiétante. Cette église, qui s’apparente à une secte, exige la foi de la maison entière et Lyle, en proie au scepticisme, se refuse à embrasser cette religion. Lorsque le prédicateur de Coulee Lands déclare qu’Isaac a le pouvoir de guérison, menaçant par là-même la vie de l’enfant, Lyle se trouve confronté à un choix qui risque de déchirer sa famille.

Interrogeant les liens filiaux, la foi et la responsabilité, Le Petit-fils dépeint avec justesse, tendresse et amour le combat d’un couple de grands-parents prêts à tout pour leur petit-fils.

 

 

Un mot sur l'auteur :

Nickolas Butler est un écrivain américain né en 1979. Il est l'auteur de recueils de nouvelles et de romans qui lui ont valu de nombreux prix et récompenses littéraires.

 

 

Avis :

Lyle et Peg sont ravis lorsque leur fille adoptive Shiloh et leur petit-fils Isaac viennent s’installer chez eux, dans le Wisconsin. Ils ne tardent pas à découvrir que la jeune femme est sous l’emprise d’une secte religieuse, qui croit notamment au pouvoir de guérison par la prière. Ils vont vite se sentir impuissants à protéger leur petit-fils, même lorsque celui-ci se retrouvera en grand danger.

Inspiré d’une histoire vraie survenue dans le Wisconsin en 2008, le récit expose avec justesse le drame vécu par les proches des victimes de sectes, tant il est difficile d’aider qui que ce soit contre son gré. Amenés par amour à d’impossibles compromis par peur de voir se rompre le lien avec Shiloh et Isaac, Lyle et Peg vont malgré tout se heurter avec désespoir à un mur insupportablement infranchissable.

Au-delà du drame qui en constitue le thème central, ce roman explore aussi avec sensibilité le quotidien d’un couple vieillissant, ses tentatives pour éviter la confrontation familiale, ses efforts pour repousser l’inéluctable : la rupture avec leur fille, mais aussi la maladie du meilleur ami de Lyle, le gel des arbres fruitiers en fleurs dans le verger qui tient tant au coeur du vieil homme. Autant de combats, de doutes et de deuils qui font peu à peu s’effriter le monde autour de Lyle et Peg, dans une progressive perte de contrôle qui préfigure l’ombre de leur propre fin.

Malgré la gravité des sujets évoqués, l’auteur a su préserver la légèreté de la lecture et éviter le piège du mélodrame, nous offrant avec justesse et sans parti-pris un extrait de vie d’une grande crédibilité. (4/5)

 

 

Citations :

Le monde, il le savait, était divisé en deux camps, comme c’est si souvent le cas à moins qu’on ne le réduise tout aussi souvent à cela pour simplifier : les gens pour qui les cimetières étaient des endroits tristes et inquiétants ; et ceux, à son instar, qui y puisaient un sens d’unité, de stabilité et de continuité profondes. C’était comme si, au cimetière, la vie de Lyle se mettait soudain en sourdine et il se sentait flotter dans le cosmos, tel qu’il l’imaginait, avec un regard englobant tout – l’immensité de ce tout. Pour lui, c’était un lieu où l’on pouvait se rapprocher de personnes depuis longtemps disparues. Un lieu de calme et de liberté en marge du monde. Un lieu qui ne touchait pas seulement ses souvenirs, mais aussi son avenir.

Existe-t-il plus grand bonheur que d’être un enfant livré à lui-même pour explorer le vaste univers, sans un soupçon de danger ? Car ce sont les adultes qui introduisent la notion de danger dans le monde, toujours eux.

– Je ne comprends pas la religion en tant qu’institution, expliqua enfin Lyle. Sois une bonne personne. Ne fais pas de mal à tes semblables. Ne triche pas. Ne sois pas cupide. Tout ça ne semble pas bien sorcier. J’ai pas besoin d’un manuel pour rester dans le droit chemin, nom de Dieu. Ni de tablettes de pierre gravées par la foudre. Ni de récompense au paradis. J’ai pas besoin d’un jour de la semaine consacré à tout ça. Tous les jours sont importants, tous, jusqu’au dernier. Plus on vieillit, plus c’est évident.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire