Coup de coeur 💓
Titre : Comment j'ai retrouvé
Xavier Dupont de Ligonnès
Auteur : Romain PUERTOLAS
Parution : 2024 (Albin Michel)
Pages : 288
Présentation de l'éditeur :
« La photo a fait le tour du monde. Xavier Dupont de Ligonnès retirant trente euros à un distributeur automatique
du sud de la France quelques jours après avoir "supposément" assassiné
de sang-froid sa femme, leurs quatre enfants et leurs deux chiens. Pour
moi, ce fut un choc, une espèce de mission dont je me suis senti
aussitôt investi. Cette histoire m’obsède depuis 2011.
Treize ans ont passé sans que je cesse une seule seconde de penser à
lui. Je suis capitaine de police et écrivain, la combinaison parfaite
pour me lancer dans l’enquête de ma vie. Ligonnès hante mes jours et
surtout mes nuits. Il n’y a qu’une seule manière pour que je mette fin à cette torture, retrouver Xavier Dupont de Ligonnès… »
Dans ce « roman-quête », Romain Puértolas, ancien capitaine de police et auteur à succès de L’extraordinaire voyage du fakir qui était resté coincé dans une armoire Ikea, lie avec brio une rigoureuse investigation policière à une fiction aussi étonnante que jubilatoire, révélant, peut-être, le fin mot d’une déroutante affaire judiciaire.
Le mot de l'éditeur sur l'auteur :
Né en 1975, Romain Puertolas grandit dans le Sud de la France. À
25 ans, il part s’installer à Barcelone puis Brighton (Angleterre) avant
de retourner en Espagne à Madrid où il travaille dans l’aviation et
plus tard comme professeur. À 35 ans, il obtient le concours de
lieutenant de police et s’installe alors à Paris. À la sortie du Fakir,
et grâce à son succès, il se met en disponibilité de la police (il est
désormais capitaine) et se consacre depuis 2014 à ses romans et à leur
adaptation au cinéma. Il a publié chez Albin Michel La Police des fleurs, des arbres et des forêts et Sous le parapluie d’Adélaïde en 2019 et 2020.
Avis :
Mêlant la loufoquerie facétieuse de ses précédents ouvrages à la minutieuse enquête de terrain que cet ancien flic a menée jusqu’à l’obsession, Romain Puértolas se met en scène dans un surprenant et réjouissant vrai-faux roman qui, plus sérieux qu’il n’y paraît, remet en perspective l’affaire Dupont de Ligonnès.Alors jeune lieutenant de police spécialiste de la fraude documentaire et donc des faux papiers d’identité et du passage de frontière illégal, l’écrivain déclare avoir été immédiatement fasciné, au point, pendant des années, de passer jours et nuits à envisager toutes les pistes, par la disparition en 2011 de l’auteur du quintuple meurtre familial. Passé depuis à autre chose, le voilà récemment frappé par une ressemblance troublante entre son nouveau voisin et Ligonnès. Emerge aussitôt l’idée d’une fiction entre faits authentiques et invention rocambolesque : et si son voisin s’était vraiment avéré l’homme recherché par toutes les polices ?
Convaincu de l’absurdité de la thèse du suicide chez un individu qui a déployé tant d’efforts pour brouiller les pistes, lui-même assez capable d’imaginer une cavale après avoir changé 39 fois de lieux de vie en trente ans, l’ancien flic revient sur ses hypothèses personnelles, chacune minutieusement développée, avec réalisme et bon sens, à partir des faits avérés et des différents témoignages, signalant en l’occurrence bien des failles dans l’instruction de l’affaire. Et puis, comme au final le mystère reste entier, l’inventeur d’histoires doublé d’un humoriste impénitent s’en donne à coeur joie. Brodant pour la première fois sur le canevas d’une histoire vraie, se contrefaisant lui-même en un double fictif, il tisse ses très sérieuses réflexions dans l’un de ces imbroglios facétieux dont il a le secret et qui vous roulent à coup sûr, amusé et surpris, dans la farine de leurs trompeuses péripéties.
Quel plaisir que ce nouveau roman en trompe-l’oeil, entre fantaisie et vraie enquête, d’un auteur décidément plein de surprises et d’auto-dérision. Coup de coeur. (5/5)
Citations :
Tu sais, à force d’imaginer, tu vas peut-être tomber sur la vérité.
Mille.
C’était le nombre de fois où Xavier Dupont de Ligonnès avait été aperçu après le 15 avril 2011. Plus de mille témoignages avaient été recensés en onze ans. Au monastère Saint-Désert dans le Var, dans une abbaye de l’Indre, dans un bus à Versailles, à Bastia, dans un train à Soulac-sur-Mer, dans un restaurant de Mondovi, en Italie, à l’aéroport de Glasgow, sur le bord d’un lac à Chicago, à Sospel.
Tel Jean Valjean, et « comme tous ces tristes fugitifs qui tâchent de dépister le guet de la loi et la fatalité sociale », le fantôme de Ligonnès apparaissait de temps en temps dans l’actualité pour qu’on ne l’oublie pas. Hugo l’écrivait déjà en 1862 : « On a pu, plus tard, retrouver quelque trace de son passage dans l’Ain […] On vient de le voir à Montfermeil. […] Du reste on le croyait mort, et cela épaississait l’obscurité qui s’était faite sur lui. » On n’aurait pu mieux écrire concernant Ligonnès.
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